pasteur de l’Église Unie du Christ des États-Unis
professeur émérite de théologie à l’Université d’Oklahoma
traduction Gilles Castelnau
Question
Qu’est-ce, au juste, que la « spiritualité » ? Existe-t-il un autre monde, distinct, parallèle à notre monde terrestre ? Existe-t-il des esprits ? En quoi l’esprit diffère-t-il des émotions ou de l’imagination ?
Réponse du pasteur Robin Meyers
C’est la grande question. Existe-t-il un monde spirituel immatériel, distinct du monde terrestre matériel ? Platon disait que oui et considérait le monde matériel comme une simple ombre d’un royaume céleste parfait. Cette vision domine la conception orthodoxe du christianisme et a conduit d’innombrables théologiens à développer une pensée « dualistes » séparant l’âme du corps. Malheureusement, le corps est alors devenu une ombre inférieure et fallacieuse, un agglomérat d’atomes matériels destiné à disparaître. Alors que l’esprit est lumière, arien et divin. Nous vivons depuis dans le dualisme, l’indignité qu’il entraîne ainsi que et une sexualité toujours répréhensible.
Mais il n’en a pas toujours été ainsi. Dans les formes de spiritualité les plus anciennes que l’on connaisse, on croyait que tous les êtres, y compris les objets inanimés, possédaient une essence spirituelle. On nomme cette spiritualité « l’animisme » (du latin anima, souffle, esprit, vie). La matière et l’esprit n’étaient pas séparés, mais unis. Le monde entier vibrait d’une énergie spirituelle. Il n’y avait pas un bon esprit emprisonné dans un corps mauvais, mais une création bonne, celle conjointement du corps et de l’âme. Cette conception était proche de celle d’Aristote et, si nous l’avions fait prévaloir sur celle de Platon, notre conception de Dieu serait sans doute totalement différente : nous dirions que Dieu est l’Esprit de la création et non son créateur, son souverain et son juge.
Oui, il y a des esprits ; nous sommes esprit ; et les émotions et l’imagination sont des manifestations de cet esprit. beaucoup d’entre nous, dans le christianisme progressiste, considèrent la spiritualité comme plus importante que la religion, et le mouvement de l’esprit dans l’univers comme plus important que les doctrines. Nous nommons cet Élan « Dieu », tandis que d’autres lui donnent d’autres noms. Se dire spirituel et non religieux, est tenir compte de l’insuffisance de la conception dualiste et du dogmatisme qu’elle entraîne. Il nous faut maintenant retrouver l’unité du corps et de l’âme qui ne peuvent être envisagés l’un sans l’autre.
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