Les jeunes récusent l’athéisme de leurs parents

Par

prêtre dans l’Église anglicane

rédactrice du Church Times

éditorial paru dans le Church Times du 22 août 2025

traduction Gilles Castelnau

De nombreux débats ont été provoqués par le récent rapport de la Société biblique qui fait état d’un « léger renouveau » de la pratique religieuse, notamment chez les jeunes. Ainsi, parmi les nombreux commentateurs, James Marriott suggère dans le Times qu’il s’agit d’un élément du détachement général de la population de toute sécularisation. Les jeunes, en tous cas, contrairement à leurs aînés, ne se déclarent plus athées.

La sécularisation a, sans doute, marginalisé le christianisme. Mais son statut actuel de minorité semble susciter l’intérêt. L’athéisme tout naturel qui prévalait au début de notre siècle était lié à l’idée généralement admise de l’amélioration régulière du monde qui faisait que chaque génération était naturellement plus prospère et plus heureuse que la précédente. Mais cette conception optimiste ne semble pas fonctionner chez les jeunes qui considèrent désormais le monde comme inquiétant, incompréhensible et menaçant.

Ce sont les Églises pentecôtiste et catholique qui séduisent le plus les chercheurs de spiritualité. Dans l’Église d’Angleterre, ce sont les paroisses charismatiques et « haute-Église ». La raison en est, sans doute qu’elles sont très tournées vers le surnaturel. Celui-ci est sensible dans le pentecôtisme par des signes et des prodiges, des prophéties et le parler en langues. Il l’est aussi dans le catholicisme par les rituels évoquant la présence paradoxale d’un Dieu absolument « autre » et pourtant totalement présent. Ces deux spiritualités enseignent qu’il y a plus dans la vie que la réussite matérielle et que la foi, loin de nous détourner de la réalité, nous apporte la résilience nécessaire dans la vallée de larmes qu’est notre monde actuel.

Ceci est le christianisme pur et dur et ceux d’entre nous qui promouvons un enseignement plus libéral devraient y prêter davantage attention : le libéralisme bien intentionné qui imprègne encore une grande partie de l’Église d’Angleterre, ne semble plus faire l’affaire. Les prédications sur la morale chrétienne concernant l’immigration ou le changement climatique ne sont plus reçues comme bonne nouvelle par les cœurs en déprime ou en détresse qui recherchent une sécurité et un encouragement « dans notre monde incertain et angoissant. » Quant aux célébrations évangéliques et aux cercles Alpha, je ne crois pas, malgré leurs succès, qu’ils aient la profondeur et la réflexion suffisantes pour répondre aux besoins de tous ceux qui recherchent une spiritualité permettant d’affronter les aléas de la vie. 

Ce dont ils ont besoin, et sans doute nous tous aussi, est d’un nouveau type de prédication : une lecture de la Bible qui traite en même temps du mystère de la souffrance terrestre et de la présence du ciel, qui nous émerveille de la beauté de la nature, mais aussi de celle de l’architecture, de la musique et de l’art. Une nouvelle éthique qui ne nous culpabilise pas pour nos mauvaises attitudes, mais nous encourage à nous repentir, à changer et, surtout, endurer avec courage et espérance.

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