Le religieux dans la presse

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La croix de Quasquara 

Une croix à l’entrée d’un village en Corse du Sud, nouveau prétexte à une guerre entre partisans laïcs et tradi catho.

L’affaire est partie de la demande d’une habitante de Quasquara, installée en Corse de puis 20 ans qui a demandé au tribunal administratif de faire enlever, au nom de la laïcité, cette très grande croix installée en 2022, sur le domaine public ou de lui trouver un emplacement sur un terrain privé.  La croix a été démantelée au grand dam de certains habitants dont ces incontournables indépendantistes corses, après que le tribunal administratif de Bastia a demandé au maire de ce village de 60 habitants de la retirer. Le Monde rappelle qu’est en cause dans cette affaire la loi de 1905 sur la séparation de l’Église et de l’État, qui autorise la présence de croix sur des terrains publics uniquement si ces symboles religieux s’y trouvaient avant 1905.  Ce n’était pas le cas à Quasquara. Depuis la bataille fait rage : on accuse la dame d’être une activiste musulmane, nouvelle venue alors qu’elle habite Quasquara depuis 20 ans, on parle aussi de « fascisme anti-chrétien » ( ? ) C’est faux. La plaignante est une femme de 80 ans, résidente de Quasquara depuis vingt ans, qui dit avoir agi au nom du principe de laïcité. La presse locale évoque aussi des divergences politiques entre elle et le maire de la commune…

Cette affaire suscite une forte émotion en Corse, où la tradition catholique reste très présente, remarque Le Monde. Des pétitions et manifestations ont été organisées, notamment à l’appel de mouvements nationalistes. 

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Des histoires de ce genre, il y en a régulièrement en France. En cause, la laïcité que certains voudraient gommer, comme une offense à leur croyance, sans tenir compte de leurs voisins d’autres religions, ou sans religion. Religieux intégristes, catholiques marginaux, ils tentent de reprendre du terrain sournoisement : avec une croix sur le domaine public, comme en Corse et c’est le maire qui a fait dresser la croix, bafouant la loi de 1905, ou une statue de la Vierge, on aime bien les statues de la Vierge, comme à l’île de Ré, par exemple, sur la commune de La Flotte. Il aura fallu que la Cour administrative d’appel de Bordeaux confirme, en 2023, le jugement du tribunal administratif de Poitiers qui avait enjoint au Maire de cette commune d’enlever cette statue de la Vierge dans un délai de 6 mois. Le jugement rappelait au maire de La Flotte ce qu’il semblait avoir oublié ou fait semblant d’oublier : « Il est interdit, à l’avenir, d’élever ou d’apposer aucun signe ou emblème religieux sur les monuments publics ou en quelque emplacement public que ce soit, à l’exception des édifices servant au culte, des terrains de sépulture dans les cimetières, des monuments funéraires, ainsi que des musées ou expositions. » Salutaire rappel qui vise les monuments et emblèmes religieux érigés après 1905, comme la statue de l’archange Saint-Michel aux Sables d’Olonne la statue de la Vierge et de Saint-Maur à Cogolin, ou la croix surmontant la statue de Jean-Paul II, à Poërmel. Il faut rendre à l’espace public sa neutralité, ce que les édiles poussés par certains de leurs pieux administrés ont tendance à oublier. 

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Le sycomore de Newcastle

Le sycomore abattu. On voit le mur d’Hadrien

Quatre ans et trois mois de prison pour les deux hommes qui ont abattu un sycomore majestueux situé entre deux collines, le long du mur d’Hadrien, dans le nord de l’Angleterre. Un sycomore de la famille des érables, célèbre pour sa longévité, il avait plus de 100 ans, connu aussi pour avoir figuré dans le film Robin des Bois de Kevin Coster. L’arbre le plus célèbre et l’un des plus aimés d’Angleterre, un trésor national. Les deux vandales n’ont pas su expliquer leur geste autrement que par la recherche d’une certaine célébrité – ils se sont filmés – et ils ont emporté en souvenir un morceau du tronc ! Le procureur du tribunal de Newcastle a qualifié de « débile », le mot est poli, leur action. Mais les deux vandales ne comprennent toujours pas l’émotion suscitée par leur acte. La chute du sycomore a aussi endommagé le mur d’Hadrien, une fortification romaine de 135 km de long, construite entre 122 et 127 après JC, frontière qui a marqué la limite nord de la conquête romaine. 

L’un des responsables de l’organisation National Trust, qui gère de nombreux lieux du patrimoine britannique, a évoqué un acte « dépassant l’entendement », dans une déclaration lue avant le verdict. Selon lui, un « sentiment accablant de perte et de désarroi a été ressenti à travers le monde » après la destruction de l’arbre. Lieu de mariage et de souvenirs familiaux, extrêmement photogénique, l’érable avait été élu arbre anglais de l’année en 2016.

L’an dernier, le National Trust a annoncé que de nouvelles pousses étaient apparues sur la souche. Il a également récupéré des graines et obtenu 49 jeunes plants, objets de tous les soins, qui doivent être replantés l’hiver prochain dans des espaces accessibles au public, notamment des parcs, hôpitaux et écoles.

Une partie du tronc a été transformée en œuvre d’art, que les visiteurs peuvent désormais étreindre, au centre d’accueil du parc national du Northumberland. Dans cette exposition permanente, conçue par l’artiste Charlie Whinney, le tronc de plus de 2 mètres de hauteur est entouré de trois bancs en chêne d’où les visiteurs peuvent lire des mots poétiques montant du sol, liés au chagrin créé par sa destruction, mis en scène comme une sculpture ramifiée.

Plus inquiétant, la désaffection des anglicans pour leurs églises, longtemps gardiennes dans ses enclos d’arbres plus que centenaires, certains datant peut-être de la naissance du christianisme

Qui veillera sur eux si l’église ferme ?

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