Le religieux dans la presse

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Le Musée du Désert cambriolé 

Il n’y a pas que le Louvre et son cambriolage, ce dimanche, qui fait la une de l’actualité ! Le Musée du Désert aussi a été cambriolé 

L’hebdomadaire protestant Réforme s’est fait l’écho de ce cambriolage pour le moins inattendu : « La scène n’a pas duré cinq minutes. Un cambrioleur s’est introduit au musée du Désert à Mialet, dans la nuit du 5 au 6octobre. La vidéosurveillance du site culturel le montre foncer vers la vitrine abritant les croix huguenotes, la briser et n’emporter que celles en or. Il serait reparti avec quelque 100croix. Une plainte a été déposée et une enquête est en cours, mais le musée craint que les croix n’aient déjà été fondues. » Ce qui est possible étant donnée la folie actuelle pour ce métal ! Mais il faut rappeler d’abord ce qu’est le musée du Désert : Au cœur d’un hameau cévenol sont exposés quelque 3000 objets rares, armes, cartes, tableaux et livres témoins de la résistance des protestants lors de Guerre des Camisards. C’est le plus grand et le plus riche musée de l’Histoire protestante de France et il a fêté ses cent ans en 2011. Ce Musée du Désert raconte une rude période pour les protestants de France entre 1685 avec la Révocation de l’Édit de Nantes. Cet Édit, « l’acte majeur du roi Henri IV, car il instituait la coexistence religieuse entre catholiques et protestants et imposait la paix en France après 36 ans de guerre civile. » C’est un acte de « souveraineté » voulu et imposé par le roi Henri IV, en dépit de nombreuses difficultés. En cela il se distingue des édits antérieurs dont il s’inspire mais qui ont été aussitôt remis en cause. Son but immédiat est la paix civile, mais son objectif avoué reste l’unité religieuse du royaume. Dans le préambule de l’Édit de Nantes, le roi souhaite que « l’établissement d’une bonne paix » permette à ses « sujets de la religion prétendue réformée » de revenir à la « vraie religion », la sienne, « la religion catholique, apostolique et romaine », à laquelle il a dû se convertir pour pouvoir être couronné roi de France. L’élaboration de l’édit a été une affaire très délicate. Elle a nécessité de longues négociations. Il s’agissait de rassurer tant les catholiques que les protestants et de redonner confiance à tous. Il en résulte un compromis. L’édit institue l’égalité civile entre catholiques et protestants, – ce qui permet enfin aux protestants d’avoir un état-civil, il fixe les conditions de coexistence entre catholiques et protestants, mais la pratique du culte protestant reste cependant limitée. Ce Musée du Désert, raconte la période dramatique du Désert (1685-1789) de la Révocation de l’Édit de Nantes à la Révolution Française, où des huguenots ont pris les armes et vécu dans la clandestinité, pourchassés par les dragons des rois Louis XIV, Louis XV et Louis XVI. C’est le cas du chef camisard Pierre Laporte dit Rolland dont la maison natale abrite aujourd’hui le Musée du Désert. Pierre Laporte d’une modeste famille cévenole, prend le surnom de « Rolland » lorsqu’il décide de rejoindre l’insurrection des protestants dans le Languedoc faisant suite à la révocation de l’édit de Nantes de 1685. Et aux exactions des troupes royales. Protestant convaincu, Rolland est un « prophète », l’un des plus célèbres de ce temps, qui avait selon Abraham Mazel, un autre « prophète », reçu « le don de prédication et de prophétie. » Mais il est également un redoutable chef de guerre aussi efficace qu’impitoyable. Autoproclamé général des « troupes protestantes de France assemblées dans les Cévennes en Languedoc » lors de la guerre des Camisards (1702-1704), il est placé à la tête de la seconde bande rebelle (en effectifs) qui regroupe 400 hommes environ. De 1702-1704 : l’Europe entière a les yeux fixés sur la révolte des Cévennes. La guerre des Camisards soulève contre Louis XIV tout un peuple protestant mobilisé pour défendre sa foi. Dans une atmosphère de surnaturel entretenu par des prophètes, les partisans huguenots tiennent en échec les armées du Grand Roi. Cette obscure guerre des Cévennes fascine et déroute les observateurs parce qu’elle déplace tous les repères habituels : guerre de religion, elle ne rappelle pas les précédentes, révolte populaire, elle ne ressemble à aucune des émotions qui parcourent périodiquement la France du XVIIᵉ siècle ; elle n’intéresse pas seulement les politiques, les stratèges et les historiens, mais les théologiens, avec la manifestation de ces « prophètes » prédicants camisards.

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La croix huguenote

Si vous allez au musée de Désert lors de l’Assemblée début septembre qui réunit quelque 15 à 20 000 personnes vous verrez les croix huguenotes qui fleurissent au cou des dames et de certains messieurs aussi. L’occasion de sortir sa croix, souvent un héritage familial, quand ce n’est pas une croix huguenote offerte lors d’un événement familial, baptême, confirmation ou choisie pour signifier son adhésion au protestantisme… Plus précisément, on raconte que la croix des protestants ressemblerait à la croix de Malte ou à celle du Languedoc ou encore à la croix de l’Ordre du Saint-Esprit. Certains y on vu un loyalisme affiché à la monarchie d’autres une façon de porter une décoration alors que les protestants en étaient privés à cause de leur foi théologique déviante. Le Musée du Désert rappelle sur son site que « cette croix dite huguenote aurait été créée en 1688 par un orfèvre nîmois du nom de MystreDès sa création, elle a connu un engouement immédiat mais son vrai succès et son adoption par la plupart des reformés français datent de peu. En effet, ce n’est que pendant les trois dernières décennies du XIXe siècle que les mouvements de populations ont favorisé sa diffusion hors des sols méridionaux. » Depuis la création de la croix huguenote, plusieurs variantes du pendentif ont vu le jour. La plus connue est la colombe, qui plane sous la croix, symbole du Saint-Esprit. 

Toutefois, sur certaines croix anciennes, le pendentif peut être une représentation d’un « trissou » un mot de l’occitan désignant un pilon du fait de sa ressemblance. Le trissou est interprété comme une goutte de sang, ce qui laisse penser aux persécutions dont le Christ et ses disciples huguenots, entre autres, ont été les victimes.  Enfin, il peut vous arriver de voir des croix huguenotes au cou de dames qui ne sont en rien protestantes mais aiment ce pendentif pour sa joliesse et son élégance…

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Le Musée du Désert est également le point de départ du chemin international « Sur les pas des huguenots », itinéraire culturel du Conseil de l’Europe depuis 2013.

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