
Soulages, Peinture 159×202 cm, 20 août 2015
Le musée Fabre de Montpellier expose des œuvres de Pierre Soulages (1919-2022), le peintre du « Noir », dont il possède une abondante collection.
Les deux premiers tableaux que présente cette exposition sont de Paul Cézanne et de Pablo Picasso dont la découverte par Soulage auraient été à l’origine de sa méthode.
L’inscription inaugurale sur le mur dit, en effet :
Arrivé à Paris en 1938, Soulages visite l’année suivante deux expositions à la galerie Paul Rosenberg : « Paul Cézanne (1839-1906) » et « Picasso natures mortes 1937-1939 ». Il indique y avoir reçu « le choc d’un art vivant devant les natures mortes de Cézanne ».

. Paul Cézanne, Fruits, serviette et boîte à lait, vers 1880

. Pablo Picasso, Compotier et guitare, 11 février 1932
Il me semble qu’au contraire, cette Nature morte de Cézanne suscite justement par l’immobilité des objets qu’elle présente, un sentiment de la présence du sommeil de la mort.
Alors que la peinture de Picasso suggère une forte vie intérieure de ses « créatures ».
Le visiteur jugera.
On retrouve en tous cas dans les œuvres de Soulages l’intensité de la lumière jaillissant du Noir, un dynamisme créateur, un élan puissant, une vie naissant de la mort. Une espérance, une foi, issues du christianisme ? Soulages disait : « J’aime que cette couleur violente (le noir) incite à l’intériorisation. Mon instrument n’est plus le noir mais cette lumière secrète venue du noir. »

. Cornelis de Heem, Nature mort de fruits et de fruits de mer, 1659
Ce n’est d’ailleurs pas le sujet du tableau : « nature morte » qui éloigne de la vie : Cornelis de Heem exposé un peu plus loin, réussit à évoquer le bonheur de vivre en faisant briller ses grains de raisin, en animant même son épluchure de citron et en faisant virevolter en l’air une étrange plante bien loin d’être morte !
Laisser un commentaire