Jésus-Christ Fils de Dieu ?

Par

pasteur, membre du réseau libéral américain progressingspirit

traduit par Gilles Castelnau

Question

Comment comprend-on le rôle de Jésus dans le christianisme progressiste ? Je croyais que toutes les dénominations chrétiennes disaient qu’il est le Fils de Dieu, à la fois Dieu et homme. Les progressistes le voient-ils plutôt comme une source d’inspiration, un grand maître, quelqu’un dont on doit suivre l’exemple et les paroles à l’instar de Socrate ou du Bouddha ?

Réponse de Brian McLaren

Beaucoup de chrétiens traditionnels associent l’expression « Fils de Dieu » à la naissance virginale rapportée dans les Évangiles de Matthieu et de Luc, comme si Dieu avait envoyé un sperme divin pour féconder Marie, faisant de Dieu le père de Jésus et de Jésus le fils de Dieu, au sens biologique du terme. 

D’autres chrétiens traditionnels interprètent le terme « Fils de Dieu » dans le cadre de la théologie trinitaire du concile de Nicée (325 ap. JC), selon laquelle le Fils est un partenaire du Père et du Saint-Esprit.

Personnellement je dirai deux choses.


Premièrement je remarque que la formule « fils de… » apparaît de différentes manières dans le Nouveau Testament. Jacques et Jean sont appelés « fils du tonnerre » (Marc 3,17). Jean utilise les expressions « fils de Dieu », « fils d’Abraham » et « fils du diable » (Jn 8,39ss). Cet usage a, me semble-t-il, le même sens que les formules familières que sont « Tel père, tel fils » et tend à définir le caractère de Dieu.

Il y a aussi Luc 20,35-36 « Ceux qui seront trouvés dignes d’avoir part au siècle à venir et à la résurrection des morts ne prendront ni femmes ni maris. Ils ne pourront plus mourir, parce qu’ils seront semblables aux anges, et qu’ils seront fils de Dieu, étant fils de la résurrection. »

Luc 18.36-38 : « Un aveugle était assis au bord du chemin, et mendiait […] Il cria : Jésus, Fils de David, aie pitié de moi ! »

Matthieu 15.22 « Une femme cananéenne lui cria : ‘Aie pitié de moi, Seigneur, Fils de David  ’ » 

Cette appellation semble signifier : « Tu es un grand chef comme le fut le roi David ». 

Elle fait écho à Jean 1:12 « A ceux qui croient en son nom, elle a donné le pouvoir de devenir enfants de Dieu. »

Et à 1 Jean 3:2 « Bien-aimés, nous sommes maintenant enfants de Dieu. »

Elle éclaire particulièrement Matthieu 5:9 : « Heureux ceux qui procurent la paix, car ils seront appelés fils de Dieu » ce qui signifie queceux qui œuvrent pour la paix ressemblent au Dieu de paix.

Le théologien quaker américain Elton Trueblood a dit que ce n’est pas Jésus qui ressemble à Dieu mais Dieu qui ressemble à Jésus : non-violent, bienveillant, miséricordieux, guérisseur, réconciliateur, inclusif, tolérant. Autrement dit, c’est la vie et l’enseignement du Fils qui nous ont permis de concevoir le Père comme nous le faisons désormais.

Deuxièmement j’accorde une grande importance à la remarque de l’historien des religions irlando-américain Dominic Crossan, sur la signification politique de l’expression « fils de Dieu ». Jules César et ses successeurs étaient avaient le titre de fils de Dieu. Les inscriptions sur les pièces de monnaie en font foi. Ainsi, appeler Jésus Fils de Dieu revient à affirmer que son autorité met en question celle de César.

Nous vivons une époque de nationalisme exacerbé, où l’État et son dirigeant sont érigés par beaucoup en autorité absolue. Donner à Jésus le titre absolu de Fils de Dieu est, comme c’était le cas à l’époque de l’Empire romain, une manière de refuser à tout autre que lui le droit à une autorité absolue.

Nous croyons en une puissance supérieure, une autorité supérieure, une sagesse supérieure, qui relativise toute nation, tout dirigeant, toute idéologie, voire toute religion. Nous croyons que l’amour manifesté en Jésus reflète la nature authentique de la Réalité ultime, ce qui fait de lui et de lui seul, le grand maître, le philosophe inspirant, et le modèle qui doit être suivi.

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