Histoire protestante de la rue Visconti

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Pour compléter l’article « Histoire de la rue Visconti » d’Anne-Lise Carlo publié dans Le Monde des 20-21-22 avril 2025

Anne-Lise Carlo écrit une page entière du Monde sur la rue Visconti. Elle nous y parle de Balzac, de Delacroix et de Cristo mais elle ignore tout ceci : 

La rue Visconti s’appelait d’abord rue des Marais, mais la présence protestante y était dès le début si importante qu’on la nommait aussi familièrement Petite Genève.

C’est la double juridiction dont elle bénéficiait qui a pu attirer les protestants : la parcelle du petit Pré-aux-Clercs appartenait à l’Université et s’étendait sur la moitié ouest du terrain allant de la rue Jacob à la Seine et de la rue de Seine à la rue Bonaparte. A l’est, 7 maisons relevaient de l’Abbaye. Les protestants firent communiquer leurs demeures par des ouvertures secrètes, de telle sorte qu’il était possible de passer d’une juridiction à l’autre sans être aperçu de la rue.

De plus, à l’époque, les constructions n’étaient pas nombreuses, et celles qui y étaient bâties, maisons de campagne ou tuileries rustiques, n’empêchaient pas « la vue de s’y reposer sur la verdure des champs et des pâturages qui s’étendaient au loin le long de la rivière ». On n’y entendait pas ce murmure fatigant de la foule affairée, se pressant dans les rues étroites de l’intérieur de Paris, et l’attention n’y était pas distraite par les cris de toute sorte dont retentissaient les quartiers industrieux.

Les maisons sont toutes des 17e et 18e siècles, sauf les N° 5, 7 et 9 qui sont encore du 16e siècle.

C’est dans cette rue qu’eut lieu le premier baptême protestant : En 1555, la famille de la Ferrière souhaitait faire baptiser un enfant. La communauté protestante qui se réunissait dans sa maison nomma alors pasteur un jeune homme de 22 ans, étudiant en droit, nommé Le Maçon, dit La Rivière. Il fut le premier pasteur de Paris. Les caves communicantes dans cette rue les unes avec les autres facilitaient la fuite en cas de descente de police. D’ailleurs après la révocation de l’Édit de Nantes des assemblées clandestines se sont encore tenues dans cette rue.

Le premier synode national de l’Église Réformée De France (25 – 29 mai 1559), dont on a dit qu’il s’était tenu « à la lueur des bûchers », eut lieu dans cette rue, probablement au N° 4, dans une auberge appartenant à un certain Levicomte. Ce synode qui réunissait des délégués de 72 Églises, provenant de la plupart des provinces de France représenta la fondation de l’Église réformée de France. Il adopta officiellement la confession de foi dite de La Rochelle.

La même année 1559 dans cette maison, une assemblée fut surprise. La femme de Le Vicomte et son père furent arrêtés, mais la plupart des fidèles purent fuir par une autre issue, pendant que quatre d’entre eux ferraillaient dans la rue étroite pour contenir les cinquante gens d’armes.

Bernard Palissy habita cette rue où il fut arrêté en mai 1588 à cause de sa religion protestante et envoyé à la Bastille où il mourut.

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