David M. Felten
pasteur de l’Église méthodiste de Fountain Hills, Arizona
traduction Gilles Castelnau
Question par Jonathan
Les progressistes chrétiens ne disent pas que Jésus est le Christ ressuscité, le Fils de Dieu. Et pourtant toute la Bible le dit.
Réponse de David Felten
Cher Jonathan,
La Bible ne parle pas seulement de Jésus – « Christ ressuscité, le Fils de Dieu ».
Ce que l’on trouve dans la Bible est un riche florilège d’histoires sur les aspirations humaines, les bris, les luttes, la libération et l’alliance. On y lit le récit d’un peuple aspirant à la justice, tirant les leçons de ses échecs et essayant (même imparfaitement) de bâtir des communautés ancrées dans la compassion. Jésus connaissait ces textes, les a priés, les a cités et s’est fermement ancré dans leur tradition. Cependant, ils ne « prédisent » en aucune façon la venue d’un « Jésus-Christ »
Quant au Nouveau Testament, on y trouve un recueil de témoignages, de lettres, de visions et de paraboles sur le narrateur, provenant des premiers disciples de Jésus. Mais ils ne concordent pas entre eux. L’Évangile de Marc ne mentionne même pas les récits d’apparition du Ressuscité (à moins d’y ajouter une conclusion très controversée). Paul, auteur des premiers documents chrétiens du canon, parle du Christ « ressuscité », mais ce qu’il entend par « résurrection » ne correspond pas vraiment à la lecture qu’en font les fondamentalistes modernes.
Les auteurs des Évangiles eux-mêmes relatent quatre récits de résurrection distincts et totalement contradictoires. Ainsi, même dans la Bible, la compréhension de Jésus comme Christ ressuscité est diverse et évolutive.
Une chose est sûre, Jonathan, c’est que les chrétiens progressistes prennent la Bible plus au sérieux que les fondamentalistes car nous en reconnaissons la complexité et les contradictions, nous admettons son humanité. Nous ne considérons pas Jésus comme un être cosmique mais comme la concrétisation radicale de l’amour, de l’inclusion, de la justice et de la guérison. Pour nous, « croire » en sa Résurrection ne consiste pas à cocher simplement une case dans la liste officielle de la pureté doctrinale, mais à affirmer un symbole d’espérance, de renouveau et de refus de laisser le dernier mot à la domination et à la violence.
Non, Jonathan, « toute la Bible » n’est pas focalisée sur cette petite définition de Jésus. Elle parle de l’effort des hommes pour saisir le Divin, aimer leur prochain, pratiquer la justice et marcher humblement avec leur Dieu.
Le christianisme progressiste ne s’éloigne pas de la Bible, il entre dans ses questions les plus profondes et les plus vitales. Et peut-être que si plus de gens lisaient plus attentivement la Bible – au lieu d’en tirer des slogans de combat – nos conversations seraient plus intéressantes et le monde serait meilleur !
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