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Magnificat de Marie (Luc 1.46)
Marie dit :
Mon âme exalte le Seigneur, mon esprit se réjouit en Dieu, mon Sauveur
parce qu’il jette les yeux sur la bassesse de sa servante.
Car voici, désormais toutes les générations me diront bienheureuse,
Parce que le Dieu puissant fait pour moi de grandes choses.
Son nom est saint, sa miséricorde s’étend d’âge en âge sur ceux qui le craignent.
Il déploie la force de son bras ;
Il disperse ceux qui avaient dans le cœur des pensées orgueilleuses.
Il renverse les puissants de leurs trônes et il élève les humbles.
Il rassasie de biens les affamés, il renvoie les riches à vide.
Il secourt Israël, son serviteur et il se souvient de sa miséricorde,
Comme il l’avait dit à nos pères, à Abraham et à sa postérité pour toujours.
.
Il y a une grande différence entre d’une part la véritable Marie, mère de Jésus et d’autre part, le personnage qu’une certaine tradition a élaboré.
J’en parle sans faire le moins du monde de l’anticatholicisme à l’égard de nos sympathiques partenaires catholiques et de mes amis prêtres : beaucoup d’entre eux sont très contents que nous disions tout haut, nous protestants, ce qu’ils pensent, eux, tout bas. On se souvient que plusieurs dizaines d’évêques ont adjuré le pape Pie XII de ne pas promulguer le dogme de l’Assomption, ce qu’il a pourtant fait le 1ernovembre 1950 en s’appuyant – ce fut la première fois dans l’histoire de l’Église catholique – sur son « infaillibilité » qui lui avait été reconnue en 1870 par le concile de Vatican I :
« Nous affirmons, Nous déclarons et Nous définissons
comme un dogme divinement révélé
que l’immaculée Mère de Dieu, Marie toujours vierge,
après avoir achevé le cours de sa vie terrestre,
a été élevée en corps et en âme à la gloire céleste. »
Ce dogme est analogue à celui de l’« Immaculée conception », promulgué par le pape Pie IX le 8 décembre 1854 et qui ne concerne pas la naissance miraculeuse de Jésus mais celle de Marie. Celle-ci y est « conçue immaculée », c’est-à-dire sans être marquée par le « péché originel ».
Ces deux dogmes vont de pair avec les nombreux titres honorifiques qui lui sont traditionnellement attribués dans la piété catholique : Reine du ciel, Rose mystique, Étoile du matin, reine des anges…
Notre spiritualité protestante suit un chemin bien différent.
Nous centrons notre foi, notre espérance et notre amour sur la présence et la grâce de Dieu qui transfigure notre vie humaine, nous dynamise, nous apaise, nous renouvelle, nous « sauve ». Une présence divine qui monte en nous, selon le témoignage intérieur du Saint-Esprit.
Ce n’est pas ainsi que nous voyons Jésus s’approcher des femmes dans leur situation quotidienne, souvent aux prises avec de terribles problèmes et assumer leur situation : que l’on pense par exemple aux repas pris avec les prostituées ou à la scène de la femme adultère menacée de lapidation en Jean 8, qu’il sauve en disant :
« Que celui qui est sans péché jette le premier la pierre contre elle ».
Ce n’est pas dans une élévation au ciel, en dehors des problèmes de ce monde que nous comprenons l’action de Dieu en faveur des femmes en butte aux problèmes de contraception, d’IVG, de sida, de divorces et de remariages, d’oppression masculine, d’élever seule des enfants avec un revenu insuffisant.
La présence de Dieu tonique, encourageante, fraternelle et compatissante ne propose pas aux femme le modèle d’une « rose mystique » toujours vierge et déjà glorifiée dans la pureté céleste. Sa créativité monte en elles pour leur donner le courage de vivre et la force intérieure qui nous fait tenir tous – et toutes – debout et droits sur nos pieds.
C’est cela que Jésus-Christ nous a fait voir et que les évangiles nous rapportent. Il ne s’agit pas de contempler une « Reine des anges » qui viendrait obtenir d’un Dieu tout-puissant qu’il règle surnaturellement nos problèmes :
« Sainte-Marie, mère de Dieu
priez pour nous, pauvres pécheurs
maintenant et à l’heure de notre mort ».
Sauvés par grâce, nous ne sommes pas de « pauvres pécheurs » et nous n’avons pas besoin qu’une « Étoile du matin » intercède auprès de Dieu – encore moins à l’heure de notre mort alors que c’est ici et maintenant que Dieu nous rend capables de la vie pleine et réussie digne de ses enfants –
Enfants de Dieu, c’est avec joie et confiance que nous puisons en nous le courage de vivre et la force surnaturelle que le Saint-Esprit fait monter en nos âmes.
Ce courage de vivre et cette force surnaturelle montait, certainement, dans le cœur de Marie – la vraie Marie, la mère de Jésus, lorsqu’elle l’éduquait, avec l’aide saint-Joseph – fort bien, j’en suis sûr !
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