Vivre encore aux États-Unis ?

Par

traduction Gilles Castelnau

Question
J’ai toujours été un bon citoyen américain mais actuellement je ne reconnais plus mon pays et il me fait honte. Si j’étais plus jeune, je pense que j’émigrerais. Comment puis-je aimer mon pays dans les conditions actuelles ?

Réponse de Brian McLaren

Votre question me fait penser à un jeune et brillant théologien allemand, Dietrich Bonhoeffer, qui était en visite aux États-Unis en 1939. Il suivait de près la montée du nazisme dans son pays et était évidemment tenté pour sa sécurité de rester aux États-Unis. Plusieurs facultés de théologie se proposaient de lui donner un poste. Mais il s’est senti moralement obligé de retourner en Allemagne afin de s’y opposer au mal qui y était perpétré.

Avant de partir, il écrivit une lettre d’explication au théologien américain Reinhold Niebuhr : « Les chrétiens d’Allemagne sont confrontés à ce terrible dilemme : soit accepter la défaite de l’Allemagne pour que la civilisation survive, soit s’engager pour sa victoire en détruisant sa civilisation. Je sais quel est mon devoir, mais ce sera évidemment au sacrifice de ma sécurité. » 

En s’exprimant ainsi, il attachait plus d’importance à la civilisation globale qu’au destin de son seul pays. Il était fidèle à la volonté de Dieu.

Le mal auquel nous sommes à nouveau confrontés n’est pas seulement celui de la haine – bien que celle-ci règne aujourd’hui en Amérique – mais bien plutôt celui d’un amour trop étroit.

Je m’aime moi mais pas ma famille

J’aime ma famille mais pas mes prochains

J’aime mes prochains mais pas les autres gens

J’aime les gens de ma race, de mon parti, de ma nation, de mon groupe social, de ma religion mais pas les autres.

J’aime les hommes d’aujourd’hui mais je ne m’intéresse pas à ceux du 22e ou du 28e siècle.

J’aime tous les hommes mais je ne m’intéresse pas aux oiseaux du ciel, aux insectes de la prairie, aux baleines de la mer, aux forêts de la vallée, au climat de la planète.

Aux temps difficiles que nous traversons, n’aimons pas moins notre pays, mais élargissons notre amour et élargissons-le davantage encore. L’amour pour le grand monde nous permettra de supporter la peine que nous donne le mauvais tournant que prend notre petit pays. Et si nous et suffisamment de nos concitoyens parvenons à faire de même et laissons notre amour s’approfondir et s’élargir en cette triste période, nous réussirons à guérir ce qui est actuellement manifestement bouleversé.

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