
Boulevard parisien, 1885
Akseli Gallen-Kallela
1865-1931
Une passion finlandaise
Exposition au musée de Paris-Orsay
jusqu’au 6 mai 2012
Cette exposition a eu lieu au Museum Kunstpalast de Düsseldorf
du 2 juin au 9 septembre 2011
et à l’Helsinki Art Museum
du 23 septembre 2011 au 15 janvier 2012
Gilles Castelnau
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On ne saurait trop s’enthousiasmer pour le grand et bel espace d’exposition que son président actuel, Guy Cogeval, a ménagé tout en haut du musée d’Orsay. Les murs en sont d’un très beau vert foncé, assorti au vert plus clair du sol et les tableaux y sont ainsi mis en valeur. D’autant plus qu’ils bénéficient d’un extraordinaire éclairage zénital dont les ampoules imitent la lumière du jour.
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Le peintre finlandais Akseli Gallen-Kallela, qui est la gloire de son pays, est venu un temps à Paris dont il a peint les rues et les habitants. Il a aimé la France mais n’a jamais pu se départir de la nostalgie qu’il conservait de la Finlande.
Le boulevard parisien qui est représenté ci-dessus est luisant de pluie, et même si le ciel redevient clair, et qu’une éclaircie survient, la lumière demeure tamisée… comme elle l’est sans doute dans le cœur du peintre.
Sur un autre mur de la pièce on retrouve cette femme à la robe noire : Mère au chevet de son enfant malade. Un abat-jour rouge voile la lumière et les murs de la chambvre sont bien sombres. Une guitare est appuyée contre le lit mais personne n’en joue.
La Première leçon, 1887-1889
Retourné en Finlande, Akseli Gallen-Kallela se rapproche avec tendresse d’un petit peuple sympathique et très vivant malgré sa grande pauvreté. Et c’est là que l’on reconnaît son regard de luthérien austère et puritain. Il est conscient de la dureté d’une vie où le mal rode et provoque la souffrance de tous. Il croit néanmoins de tout son cœur à la transcendance éclairant chaque être et illuminant (d’une lumière tamisée !) sa vie et sa relation au monde.
Ce paysan donnant à sa petite fille sa première leçon est fruste et son visage rude. Il est pauvrement vêtu. Sa table et son banc sont rudimentaires. Le jour que laisse entrer la petitre fenêtre est bien pâle. Mais une autre clarté envahit la scène, peut-être celle d’un feu derrière le père. Toujours est-il que ses yeux brillent d’une lumière de tendresse et d’élan intérieur. La petite n’a qu’une bien vilaine robe mais ses nattes sont bien tressées et elle participe vraiment à la leçon. Une Présence spirituelle les habite.
Ad Astra, 1894
Cette jeune fille nue avec ses bras levés et ses yeux tournés vers le ciel semble émerger d’une tombe et participer à l’étendue du ciel : ses immenses cheveux deviennent rayons de lumière à l’image du prodigieux soleil qui, derrière elle domine la nuit.
Akseli Gallen-Kallela a expliqué ce tableau mystique :
La toile décrit la résurrection. Le récit de la crucifixion a eu une influence importante sur le sujet et sur son traitement. La position de libérateur du monde, sur le crucifix, ne pourrait-elle pas également symboliser ce que ressent un homme qui a souffert tous les maux et qui s’est libéré de tout ?
Transcendance vécue par la petite fille de la leçon (et par son père). Question posée à la femme en noir et aux passants qui la dévisagent dans la pâle clarté de la rue de Paris.

Le Berger de Paanajärv,i 1892
Est-ce aussi cet élan intérieur qui anime le jeune berger lorsqu’il souffle dans sa grande corne ? Son visage songeur répond à l’immobilité des traits de la fille nue dans son ascension et s’harmonise à la lumière de son feu et au doux reflet du lac.

La légende d’Aino, 1891
Akseli Gallen-Kallela ne se détournait pas de la culture finlandaise et des légendes qu’elle véhicule. Il s’était appliqué à apprendre la langue finnoise, lui qui avait été élevé dans le suédois maternel. Ce triptyque a obtenu une médaille d'argent à l'Exposition Universelle de Paris de 1889.
Au cours d’une joute orale, le barde Väinämöinen, héros principal des Kalevala, obtient la main d’Aino, la sœur de son rival malheureux Joukahainen. Pour échapper à ce mariage avec un vieil homme, Aino se jette à l’eau. Elle est transformée en nymphe puis en poisson. (Kalevala, chants 3-5)
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