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SPIRITUALITÉ DES IMAGES


 
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Michelangelo Merisi, dit Caravage, Garçon à la corbeille de fruits, vers 1596



Chefs-d'œuvre de la galerie Borghèse





Musée Jacquemart-André


jusqu’au 5 janvier 2025






Gilles Castelnau


 


15 octobre 2024

 

Scipion Borghèse (1576-1633) fut nommé cardinal à 29 ans en 1605 par son oncle Camillo Borghèse, lorsque celui-ci devint pape sous le nom de Paul V. Il était responsable de la gestion de la fortune du Vatican qu’il ne distinguait pas vraiment de la sienne propre. Il construisit à Rome la magnifique villa Borghèse qu’il remplit de nombreux tableaux formant sa collection personnelle. Le musée ainsi constitué par les plus belles œuvres de son temps s’est encore enrichi au fil des siècles. Actuellement en travaux, 40 tableaux de ses collections sont actuellement exposés au musée parisien Jacquemart-André.

Évidemment, indépendamment de ses détournements financiers des caisses de l’Église, on peut être surpris de ses choix esthétiques peu en rapport avec la stricte doctrine catholique rappelée par le récent Concile de Trente concernant notamment le célibat des prêtres.


Caravage, Garçon à la corbeille de fruits. Ci-dessus en exergue.

Ce qui a manifestement plu au cardinal Scipion Borghèse est le naturel avec lequel le Caravage a su représenter ce joli garçon et sa magnifique corbeille. La vie est sourire et plaisir pour qui sait regarder et… se laisser attendrir par la sensualité omniprésente. Le garçon a la tête un peu inclinée, prête au calin, son épaule est déjà nue et sa capacité de serrer ses beaux fruits amoureusement dans ses bras émeut le visiteur dans une sourde lascivité.

 

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Raffaello Sanzio, dit Raphaël, La Dame à la licorne, vers 1506

 

Le cardinal Scipion Borghèse était aussi sensible au charme féminin et avait acquis ce tableau de Raphaël qui aimait lui aussi beaucoup les femmes. Qu’elle est donc jolie cette dame à la licorne ! Ses grands yeux bleus surtout séduisent. Évidemment ses lèvres sont serrées et son visage figé. Elle se tient très droite. Et est un peu raide. Mis elle est si belle : on devrait pouvoir la séduire. En tous cas la désirer ! Sa licorne représente-t-elle un symbole ? Léonard de Vinci avait peint quelques années auparavant, une « Dame à l’hermine » un peu semblable. Et si l’on compare ces deux bêtes, on peut penser que l’hermine était bien féminine comparée à cette licorne dont la tête chevaline est plutôt masculine. La licorne avec sa corne véhiculerait-elle une image virile ? Qui sait ?

 

 

 

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Andrea Solario, Le Christ portant la Croix, vers 1510-1514 ou 1524

 

Parmi tous ces tableaux, il en est un tout à fait religieux. Le cardinal Scipion Borghèse dans sa richesse et sa gloire, s’est senti touché par la douceur émouvante de ce Christ calme et silencieux, à la peau si blanche sans défense aux mains de deux soudards ricaneurs au teint hâlé. A-t-il pensé que dans la ville de Rome, dans le monde actuel, parmi les fidèles de l’Église peut-être même, d’autres hommes souffraient d’un semblable mépris, d’une oppression sociale et humaine aussi révoltante ? Que la dérision vécue par le Christ et si bien exprimée par Andrea Solario était connue par nombre de ses contemporains, bien différente des invocations liturgiques abstraites de ses messes ? Et que ressentent aujourd’hui les nombreux visiteurs de l’exposition lorsqu’au milieu des superbes nudités et scènes de plaisir, surgit une expression tout à fait évangélique ?

 

 

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d’après Raffaello Sanzio, dit Raphaël, La Fornarina, vers 1520

 

Ceci est une – excellente – copie parmi plusieurs qui ont été faites, du célèbre tableau qu’a réalisé Raphaël de sa « fornarina », sa boulangère dont il était follement amoureux. Peintre à succès, il n’avait que 37 ans et est mort peu après l’avoir peinte.

Le cardinal l’a évidemment trouvée affriolante. Certains disent que son geste de la main (des deux mains ?) est impudique, comme son regard de biais. Ce n’est peut-être pas vrai. Quoi qu’il en soit, elle n’est pas très belle et son gros turban brun ne la met guère en valeur. Pourtant on dit que c’est de l’amour fou qu’il avait pour elle que Raphaël est mort.

 

 

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Jacopo Zucchi, Psyché et l’Amour, 1589

 

Ce n’est pas la représentation d’une scène biblique qu’a choisie le cardinal mais celle d’un mythe grec : Le Dieu Éros-Cupidon vient rencontrer anonymement chaque nuit la belle Psyché mais il ne peut s’en faire connaître car sa mère, Vénus, lui interdit d’aimer une mortelle. Psyché est d’autant plus curieuse de découvrir l’identité de son amant que ses sœurs lui suggèrent qu’il est peut-être un monstre. Elle s’arme d’un glaive et éclaire le visage d’Éros. Une goutte de l’huile brûlante de sa lampe tombe et éveille Éros.

Cette histoire compliquée est l’occasion de peindre des nus sensationnels auxquels le cardinal n’est pas resté insensible. Ainsi va la Cour de Rome et la villa Borghèse.

 

 

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Giovanni Francesco Guerrieri, Loth et ses filles, 1617

 

Elles sont très belles ces deux « filles de Loth » et le clair-obscur hérité de la manière du Caravage permet des effets de lumière sur le diadème de l’une d’elles et ses épaules nues, et sur l’étonnante aiguière de l’autre. Le visage de Loth est, lui-même sombrement éclairé dans la pénombre. L’effet est saisissant.

Il n’est pas nécessaire de connaître l’histoire pour l’apprécier. La mode du baroque consiste à surprendre, à saisir, à multiplier les détails frappants sans se préoccuper de vraisemblance ou d’historicité.

Tant mieux car il s’agit, pour une fois parmi ces tableaux, d’une scène biblique. Peu connue, il est vrai. Genèse 19.30-38 rapporte que Loth, neveu d’Abraham, n’avait pas de fils. Ses deux filles l’ont, un soir, enivré pour coucher avec lui et en obtenir une descendance. Ce furent deux garçons, Moab et Ammon, ancêtres des peuples moabites et ammonites « cousins » d’Israël et ses ennemis irréductibles.

Ce qui reste surtout est le clair-obscur de Guerrieri.

 

 

 

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Domenico Zampieri, dit Dominiquin, Sibylle, 1617

 

Les Sibylles étaient prêtresses d’Apollon, capables de dire l’avenir. On dit que le cardinal acheta directement ce tableau au Dominiquin et qu’il possédait déjà un traité concernant les Sibylles. Était-il intéressé par ce don de prophétie, séduisant mais tout à fait réprouvé par la foi chrétienne au Dieu qui libère justement de tout destin et de toute fatalité ou était-ce la beauté féminine, le décolleté et le regard disponible de cette belle jeune fille ?

 

 

 

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Gerrit van Honthorst, Concert (Le vol de l’amulette), vers 1620-1630

 

La collection du cardinal Scipion Borghèse s’est développée après sa mort à la villa Borghèse et ce tableau n’y est entré, nous dit le cartel, qu’à la fin du XVIIIe siècle. Le peintre hollandais avait séjourné à Rome et avait peint ensuite aux Pays-Bas sous influence protestante.

Il représente ici une scène mettant en garde contre le laisser-aller immoral. Le cartel explique :

« Une courtisane et sa souteneuse sont en train de dépouiller un jeune homme : la première lui retire sa boucle d’oreille, la seconde glisse sa main dans son sac tout en intimant le silence au violoncelliste. Ce geste de la vieille femme semble prévenir es dangers qui s’ensuivent de l’ivresse, de la luxure…»

 

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