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SPIRITUALITÉ DES IMAGES


 
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 Le Radeau de la petite Méduse aztèque, 1987



Alfred Courmes



1898 - 1993


la rétrospective


Espace Niemeyer
place du Colonel Fabien, Paris



jusqu’au 4 juin 2023




Gilles Castelnau

 


28 avril 2023

Le très beau hall de l’espace Niemeyer dans le bâtiment du Parti communiste de Paris se prête vraiment bien à des expositions comme celle-ci : l’espace est vaste et aéré.  On a de la place pour s’y promener et on est à l’aise parmi ces tableaux si vivants, gais et colorés.

Alfred Courmes est le peintre de l’humour et de la joie de vivre.

 

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La Marchande de fruits, 1927

 

Alfred Courmes a plongé avec bonheur dans la grande extravagance des Années folles de l’Entre-deux-guerres. L’éducation bourgeoise que lui avait donnée son père, traditionnel officier de marine, loin de le freiner dans sa gaité délirante, lui en ouvrait au contraire les portes du respect humain, de la libre pensée et… de la culture gréco-romaine et catholique.

La raideur maniériste des personnages de ce tableau de La Marchande de fruits lui a peut-être été suggérée par Brughel le Jeune dont il a vu les œuvres en Belgique lors d’un séjour qu’il a fait à Ostende. Il sourit gentiment du geste sophistiqué de la jolie marchande ainsi que de ceux de son client, dont le langage des mains veut détourner l’attention de son regard fixé sur le décolleté vraiment profond. Les deux vieux sont également bien vivants et la femme ne se trouve pas trop âgée pour écouter son compagnon fumeur de pipe lui conter fleurette...


 

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Le Marin au bar, 1927

 

La belle serveuse n’est guère farouche, son sein est offert et elle ne craint manifestement pas de faire tomber le verre vide imprudemment laissé trop au bord du bar lorsqu’elle caresse le bras de son amoureux.  Et celui-ci est si bien occupé que son beau col marin participe à son élan en prenant des formes tout à fait improbables ainsi d’ailleurs que le ruban qui maintient son pompon rouge. Le commandant Courmes aurait-il laissé passer la chose ?

 


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Portrait de Lucile Courmes, 1933


Elle est charmante, cette jeune Lucile. Son regard est un peu malicieux. Je n’ai pas réussi à savoir si elle était la sœur ou l’épouse de l’artiste. J’opte pour son frère car son demi-sourire semble l’interroger sur ses désirs et ses intentions profondes qu’elle devine peut-être. Et le geste de ses mains suggère des options embrouillées.

 

Le Radeau de la petite Méduse aztèque, 1987. Ce tableau placé ci-dessus en exergue, mélange le personnage mythologique de la Méduse qui pétrifiait celui dont elle croisait le regard. Elle avait été décapitée par Persée qui avait su l’approcher sans la regarder en face. Est-il symbolisé par le pécheur sous-marin qui la regarde enfin ?

La Méduse était aussi le nom du navire ayant chaviré au large du Sénégal et dont le radeau des survivants avait été superbement peint par Delacroix.

La tête peint sur la voile est une représentation aztèque.

 

 

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L’Ex-voto à saint Sébastien, 1934

 

Jacques Prévert écrivait  dans l’élan du surréalisme :

L'amiral Larima
Larima quoi
la rime à rien
l'amiral Larima
l'amiral rien.

 

Courmes aussi se plait à choquer la société bien-pensante de ce temps. Il habille le grand saint Sébastien en marin. Il lui dénude les fesses, ce qui est tout à fait nouveau et inhabituel : les artistes de tous les temps ont représenté saint Sébastien martyrisé de flèches dénudé de façon très pudique. Courmes n’était pas homosexuel mais s’amuse de cette impudeur. D’autant plus qu’il attribue au saint antique un béret de marin et une marinière tout à fait actuels.
La provocation vient aussi de la présence de la Vierge en lévitation tout à fait indifférente à ce martyr et de l’Enfant Jésus ravi et tout sourire. Marie brandit une corne-klaxon étrangement improbable.

 

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 Persée délivrera Andromède, 1943

 

En une sorte de nouveau réalisme, Courmes actualise l’ancien mythe de Persée délivrant Andromède de la menace du monstre. Les grands rochers semblent réels, Persée et Andromède aussi mais il survient en volant et elle est attachée au rocher totalement nue et très sexy. Courmes aime jouer avec les mythes antiques.

 


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La Pneumatique Salutation angélique. 1968

 

Courmes écrit : « Le connaisseur et l’amateur voudront bien remarquer que l’Ange lui balance un lis, étudié et dessiné avec un soin particulier. Merci. L’important c’est le lis. »


On est en plein pop-art de style américain. Mais ici encore Courmes s’amuse à provoquer des juxtapositions d’objets choquants. La mention religieuse d’ « ave Maria » voisine du Bibendom et proche de la pinup montrant ses jambes est une profanation. D’autant plus que le lis, traditionnellement relié au personnage de Marie et à sa pureté est brandi par le Bibendum. L’immense pneu Michelin tient toute la place. Quant à la mention d’Indian Tonic Water elle ajoute une note d’absurdité. La ruine romaine dans le coin ramène l’ensemble à l’antiquité et le livre ouvert semble une bible.


Dérision, dérision, tout est dérision amusée et déconstruction souriante des traditions anciennes et même sacrées. Il reste au spectateur à reconstruire son propre univers sans se laisser entraîner dans l’absurdité des conceptions obsolètes du passé.

 

 

 

 

 

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