
Chaïm Soutine, Le
Garçon d’étage, vers 1927
Chaïm Soutine - Willem de
Kooning
la peinture incarnée
Musée de l’Orangerie
jusqu'au
10 janvier 2022
Gilles
Castelnau
25 septembre 2021
Chaïm Soutine
Minsk 1893 – Paris
1943
Chaïm Soutine est arrivé de
Russie à Paris en 1913 comme de
nombreux jeunes peintres attirés par la liberté
de pensée et le dynamisme qui y régnaient.
Ils se retrouvaient à Montparnasse à la
« Closerie des Lilas » à la
« Coupole » ou au
« Sélect » : le
Hollandais van Dongen,
l’Espagnol Picasso, le
Roumain Brancusi,
l’Italien Modigliani et
l’Espagnol Juan Gris, le
Russe Chagall, le Polonais Kisling,
puis le Hollandais Mondrian, le
Japonais Foujita.
Soutine logeait à la « Ruche »,
ancien pavillon de l’Exposition universelle,
devenu logement bon marché.
Ils s’entendaient bien et s’unissaient en une
fraternité que l’on
appellera « l’École de
Paris ». L’ambiance y était
tranquille et ils vivaient des jours heureux,
malgré l’insuccès de leur jeunesse et leur
pauvreté financière. Nulle rivalité nationale ne
les opposait ni aucune opposition idéologique.
Leur peinture était plaisante et sereine.
Certains conservaient pourtant de mauvais
souvenir de leur jeune passé. Soutine, qui était
juif, demeurait marqué, comme Chagall, par les
terribles pogroms antisémites de Russie qui
expliquent sans doute l’inquiétude et
l’étrangeté de sa peinture.

Soutine, Femme
entrant dans l’eau, 1931
La guerre de 1914 va les
bouleverser et la plupart vont
s’engager dans l’armée
française ; Soutine y sera
soldat-terrassier et creusera des tranchées.
Ses tableaux hallucinés, la déformation qu’il
apportait aux dessin des visages, la force de
ses couleurs, surtout le rougea, révélaient sans
doute un ébranlement de sa pensée, un
enfermement dans son angoisse passée.

Soutine, La
Femme en rouge, 1923-1924
Mais ses personnages sont
toujours représentés avec calme et
douceur, humanité et compréhension. Son prénom
de Chaïm signifie dans l’hébreu de la Bible, la
Vie, que Dieu fait monter en chacun et
renouvelle toujours quelles que soient les
circonstances. Est-ce cette espérance profonde
en la Vie que rien ne peut anéantir qu’il tend à
exprimer en exprimant la pensée profonde de ce Garçon
d’étage, de cette Femme, de cet
Enfant de choeur ?

Soutine, Enfant
de chœur, 1927-1928
Juif, il est traqué durant
la Seconde Guerre mondiale et mène une
vie clandestine.
En 1943, malade, il est hospitalisé et meurt à
Paris. Picasso a été, dit-on l'un des
rares à suivre son enterrement.
L’exposition présente 27 de ses toiles.
Willem de Kooning
1904-1997

De Kooning, Marilyn
Monroe, 1954
Pour compléter cette
présentation, le musée de l’Orangerie
ajoute 15 tableaux et une statue de ce
– très important - peintre américain
qui a dit un jour qu’il était « fou de
Soutine ».

De Kooning,
Woman, 1944
Il avait connu ses toiles
aux États-Unis lors de deux
expositions dans les années 1950 et on peut
remarquer, en effet, qu’il se laissait largement
influencer par son style dynamique et coloré,
mais aussi délirant et hagard.

De Kooning,
Amityville, 1971
Ces toiles de De Kooning
avec leur peinture brutale, chaotique
et instinctive sont typiques de
l’expressionnisme américain.
Le visiteur se demandera s’il y retrouve la
profondeur de l’humanité de Soutine ou seulement
l’expression d’une peinture rapide ne jouant
qu’avec elle-même.

De Kooning, …Dont
le nom était écrit dans l’eau, 1975
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