
Kouzma Petrov-Vodkine, Fantaisie, 1925
Rouge
Art et utopie au pays des Soviets
Grand Palais de Paris
jusqu’au 1er juillet 2019
Gilles Castelnau
22 mars 2019
Depuis la Révolution communiste de 1917 jusqu’à la mort de Staline en 1953, l’Union soviétique a vécu une période forte d’idéologie humaniste illustrée par cette grande exposition : 400 œuvres provenant des musées russes.
Dans l’ancien régime du tsar, alors que la Russie était un des pays les plus arriérés d'Europe, une terrible misère sévissait dans les plaines russes.
L’idée de Lénine était que la terre appartenait de droit aux paysans et que les grands propriétaires devaient la leur rendre, ainsi que les usines aux ouvriers et la liberté aux nationalités opprimées.
En février 1917, une vague de manifestations et grèves surgit. Le patronat russe répondit par le lock-out, le Tsar fit appel aux cosaques qui tirèrent sur la foule et dispersèrent les manifestants. L'armée chassa des rues des centaines de familles ouvrières mourant de faim. Les journées de juillet 1917 firent 40 morts et 80 blessés. La misère et le désespoir étaient affreux.
De mai à octobre 1917, les bolcheviks organisèrent, notamment avec Joseph Staline, des manifestations de masse contre le gouvernement du Tsar, contre les socialistes modérés et les mencheviks.

Alexandre Samokhvalov, Komsomol militarisé, 1932-1933
L’idéal – utopique – d’une Révolution magnifique imprégnait les Russes de l’espérance de lendemains meilleurs. Cette exposition est la manifestation impressionnante de l’art officiel qui entendait montrer et susciter l’esprit nouveau enthousiaste de l’homme et de la femme russes libérés de leur désespérant et lamentable état de stagnation sociale et politique et prenant en main courageusement leur propre destin en une renaissance humaniste ensoleillée.

Youri Pimenov, Héroïne de film de chez nous et pas de chez nous.
Frontispice pour la revue L’Écran soviétique, N° 19, 1927
Le doux Chagall appréciait cet idéal de renouveau et y participait activement à sa manière dans sa ville de Vitebsk. Mais sa peinture rêveuse et souriante manquait de combativité aux yeux des bolcheviks et il ne figure pas dans l’exposition.
Celle-ci montre l'art officiel du nouveau Régime et n'en évoque jamais la face sombre et destructrice qui a été surtout révélée après la mort de Staline.

Alexandre Deïneka, Pleine liberté, 1944
Beaucoup ont partagé cet immense espérance et s’y sont voués pleinement, ignorant et récusant les rumeurs de déportations, de fusillades, de purges qu’ils qualifiaient de fake news et profit de la Vérité, la Pravda.

Alexandre Samokhvalov, Avec une perceuse.
Série « Jeunes Femmes dans le métro », 1934
Cartel
Dans les années 1930, Samokhvalov produit de nombreuses œuvres sur des thèmes sportifs et forge une nouvelle image de la femme soviétique, forte et libre. En 1937, son panneau L’Éducation physique soviétique lui vaut le grand prix à l’Exposition internationale de Paris.

Vassily Svarog, J. Staline et les membres du Politburo
Comité central du Parti communiste d’URSS
au milieu d’enfants au Parc Gorki, 1939
Cartel
Vassily Svarog participe aux expositions internationales de Paris (1937) et de New-York (1939) pour laquelle ce tableau est réalisé. En URSS, la réception de l’œuvre est très positive : idéalisant le lien unissant le peuple à ses dirigeants (Staline et les membres du Politburo), la peinture donne également à voir, à l’arrière-plan, les signes de la réussite de l’URSS dans différents domaines (parc d’attraction, nautisme, parachutisme, etc). En 1939, Svarog retouche le tableau afin d’effacer Piotr Smirnov, commissaire du peuple à la Marine de guerre, fusillé au début de l’année.

Isaac Breodsky, Devant le cercueil du chef, 1920
Cartel
Funérailles de Lénine dans le décor splendide de la Salle des colonnes de la Maison des syndicats. Autour du défunt sont rassemblés la sœur de Lénine (de dos), sa veuve (à côté du cercueil) ; plusieurs leaders bolcheviks dont Felix Dzerjinski, Joseph Staline, Mikhaïl Kalinine.
Mis à part Kalinine, Staline et Dzerjinski (mort un an après Lénine), les hommes politiques qui y figurent ont été fusillés lors des grandes purges staliniennes.

Youri Pimenov, La Nouvelle Moscou, 1937.
Cartel
Youri Pimenov est récompensé en 1937 pour ses panneaux à l’Exposition internationale de Paris. Il est également lauréat de plusieurs Prix Staline après guerre.

Leonid Teplitsky, Moscou. Projet pour la station de métro « Place de l’Arbat »
aujourd’hui « Arbat », sur la ligne Filovskaïa). Pavillon en surface. Façade. 1945
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