
La plage de Fécamp, 1906
Albert Marquet
peintre du temps suspendu
Musée d'Art Moderne de la Ville de Paris
jusqu'au 21 août 2016
Gilles Castelnau
9 avril 2016
Albert Marquet a participé un temps au mouvement des Fauves. Il a même exposé avec eux au fameux Salon d’Automne de 1905. Il n’ est pas resté avec eux : leurs couleurs violentes, leur audace du dessin approximatif, leur volonté d’expression forte étaient justement trop pour lui qui était tout en nuances. Il a conservé leur esprit, les couleurs disposées en grands à-plats et leur simplification des formes mais il est revenu à une peinture plus calme.
La plage de Fécamp (ci-dessus en exergue) qu’il a peinte l’année suivante avec ses deux gentils marins montre déjà une grande douceur globale et le plaisir qu’il avait à représenter une mer et un ciel clairs et paisibles suggérant une profondeur qui incite à la contemplation et au rêve.

La baie de Naples, 1908
Il a voyagé en Italie et en Afrique du Nord. Mais partout les mêmes couleurs pastel du ciel et de la mer se fondent l’une dans l’autre et créent une atmosphère d’universelle tranquillité où silhouette du Vésuve lui-même s’estompe dans un lointain bleuté.

La Seine vue du quai des Grands-Augustins, 1906
A Paris, il habite sur le quai et peint la vue surplombante qu’il a de sa fenêtre. Il n’a manifestement pas eu de chance avec la météo. A Paris, tout est gris. Ni le ciel ni la Seine n’ont les couleurs enchanteresses qu’il a vues en Normandie ou dans le grand Sud

Quai Saint Michel avec fumée, 1908-1909
Tout est gris, certes, mais velouté et serein. Et justement l’eau de la Seine reflète harmonieusement les (légers) nuages du ciel et on sent à l'aise dans l’élégance de ce paysage où Marquet recherchait et nous communiquait sa quiétude intérieure sa contemplation rêveuse.

La Seine à Poissy, 1908
Il sortait aussi de Paris et partait peindre en proche banlieue. Le temps y était sans doute meilleur. Les couleurs dans ses tableaux. L’eau et le ciel dans leur gaité retrouvée nous ouvrent à un silence intérieur qui nous délivre de l’agitation et de la frénésie déjà menaçantes en ce début de XXe siècle.

L’Ile aux Cygnes, l’été, Herblay, 1919