Grand Palais
jusqu’au 13 juillet 2015
Gilles Castelnau
9 avril 2015
C’est une magnifique exposition que le Grand Palais nous offre. La peinture de Vélasquez est saisissante dans la mesure où elle nous fait pénétrer la profondeur de l’âme des personnages représentés. Leur regard, l’expression de leur visage sont comme des fenêtres ouvertes sur leur caractère, la pensée qui les habite.

Portrait du pape Innocent X, 1650
« troppo vero », c’est trop vrai, aurait grommelé le pape en contemplant son portrait. Il est vrai que Vélasquez n’a pas hésité à lui attribuer ce visage peu sympathique, aux lèvres serrées et au regard inquiétant qui ne sied guère à un homme de Dieu !
Le réalisme de ces tableaux fait penser au réalisme photographique, mais aucune photo ne peut exprimer à ce point la présence profonde de l’être ainsi dépeint.
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Pablo de Valladolid, vers 1635 Philippe IV, vers 1654
Que ce soit le pape, un seigneur, le roi ou n’importe quelle personne d’un autre groupe social, Vélasquez qui était pourtant peintre officiel de la cour, semble ne faire aucune acception de personne, n’en reste pas à leur rôle social mais discerne leur être profond que le monde si conformiste et traditionnel de l’époque leur imposait. On peut penser, mais ce n’est pas certain, que lors du voyage à Rome qu’il a fait lorsqu’il était encore un jeune peintre, Vélasquez a pu voir des tableaux du Caravage qui avait tellement été sensible à la valeur des hommes les plus humbles.
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Portrait d’homme, 1650 Démocrite, 1628
En ce 17e siècle, le Hollandais Rembrandt s’efforçait de pénétrer la présence spirituelle, l’élan divin qui anime chaque être. A Rome, Nicolas Poussin oblige le spectateur à reconnaître lui-même la vérité religieuse habitant certains de ses personnages. En Flandres Rubens glorifie les saints et les nobles en valorisant la puissance royale et la contre-réforme catholique. En France les frères Le Nains décrivaient tout simplement les milieux les plus populaires.

La Forge de Vulcain, vers 1630
Apollon apparaît à Vulcain dans sa forge
Personne plus que Vélasquez n’a su, à cette époque, représenter avec tant de respect et de compréhension – pourrait-on dire, d’amour ? - les hommes qu’il rencontrait et nous fait découvrir.

Immaculée conception, 1618
L’Immaculée conception est peut-être glorifiée par son ascension dans les nuées du ciel et son geste des mains est très convenable, il n’en demeure pas moins que sa frimousse aux yeux baissés, tout entourée d’étoiles qu’elle soit, est certainement celle d’une adolescente dont la jolie moue laisse présager des pensées inavouables. Aussi humaines peut-être que celle de la belle Vénus que l’on a placée ci-dessus en exergue et que lui souffle l’étrange angelot qui lui présente son miroir.