August Macke
3 janvier 1887 – 26 septembre 1914
Gilles Castelnau
23 septembre 2014
C’est aujourd’hui, à quelques jour près, l’exact centenaire de la mort à la guerre de ce jeune peintre allemand.
Il a été un des premiers morts de la guerre dès septembre 1914, dans le village totalement détruit par les combats de Perthes-lès-Hurlus, près de la Marne. Il y est enterré dans le cimetière militaire allemand.
Il était âgé de 27 ans et était dans l’armée allemande qui fonçait à travers le nord de la France. Les généraux du Kaiser Guillaume II leur avaient dit qu’en passant par la Belgique pour éviter les fortifications de la ligne Maginot ils entreraient facilement en France et, la victoire gagnée, toute l’armée pourrait se reporter contre la Russie.
Mais les Français se sont ressaisis. L’avance allemande a été brisée lors de la Première bataille de la Marne (où le Français Charles Péguy a été tué au combat, et où s’est passé l’épisode célèbre des taxis de la Marne. August Macke a été tué peu après alors que les troupes allemandes commençaient à reculer avant de s’enfouir dans le sol en construisant des tranchées.
Macke repose donc malheureusement dans la terre de France qu’il avait aimée. Il parlait français, pour avoir séjourné plusieurs fois à Paris dont il aimait l’ambiance, les boulevards et les cabarets et dont il avait découvert la peinture des Impressionnistes et surtout Cézanne et les Fauves qui l’avaient beaucoup impressionné.
Il s’était marié à 22 ans avec la jolie Elisabeth et ils avaient justement choisi Paris pour leur voyage de noce. Ils habitaient Bonn. Elisabeth avait un oncle très riche, amateur de peinture, qui l’aimait beaucoup et se plaisait à les soutenir financièrement.
Macke avait gardé de Cézanne et de Matisse la technique qui est à la base de l’Expressionnisme, des à-plats aux formes simplifiées et de couleurs puissantes.

August Macke, Dame au manteau vert, 1913
Matisse avait dit : « Je me sers de la couleur comme moyen d'expression de mon émotion plutôt que d'imitation de la nature ».
Avec Franz Marc (qui sera lui aussi tué à la guerre en 1916), Wassily Kandinsky et quelques autres, August Macke fonde le mouvement du « Cavalier bleu » (der Blaue Reiter) qui expose à Munich en 1912, comme l’avaient fait quelques années avant à Dresde le groupe « le Pont » (die Brücke) avec Schmidt-Rottluff, Erich Heckel et Kirchner.
Ces jeunes peintres réagissaient contre l’embourgeoisement élégant et raffiné de la Belle Époque qu’ils jugeaient spirituellement vide et ne représentant plus la profondeur de l’âme humaine. Il faut s’efforcer d’exprimer « la Nature intérieure » : c’est le mouvement « expressionniste ».
Paul Klee qui participait aussi au « Cavalier Bleu » avait dit : « l’art ne rapporte pas le visible, il rend visible ». Les expressionnistes ne réinventaient pas un réalisme représentant exactement la nature mais ils entendant suggérer chez le spectateur un sentiment profond le rapprochant de la réalité secrète des choses.
Dans une incroyable utopie, ils pensaient que la violence et la fraternité d’armes que la guerre qui menaçait ne saurait manquer de susciter, rendrait à la société le sentiment de sa vérité qu’il avait perdu dans le luxe et la superficialité mondaine.
Kandinsky écrivait à Klee en 1914 : « Qu’adviendra-t-il ensuite ? Je crois qu’il y aura un grand déchaînement des forces intérieures qui agiront également dans le sens d’une fraternité entre le hommes. Il y aura donc un grand développement de l’art, qui est actuellement contraint de se réfugier dans les coins cachés ».
Ces expressionnistes allemands prenaient la suite des « Fauves » français qu'étaient Matisse, Gauguin, Rouault, Derain, Vlaminck, van Dongen et d'autres.
Ils ont vu que l’on pouvait donc arrêter de copier la nature et les reflets de la lumière sur l’eau comme le faisaient les délicieux impressionnistes français et utiliser à sa guise et puissamment les couleurs en les confrontant les unes aux autres. Que les traits pouvaient se libérer des règles de la perspective et des exigences du cadrage de l’académisme. Et que l’ont était alors capable d’ « exprimer » par la peinture les révoltes intérieures, les pulsions émotionnelles qui tourmentaient alors les esprits hantés par leur refus de la Belle Époque finissante et de la guerre qui approchait.
Les couleurs violentes et contrastées, les personnages qui sortent des limites de la toile, renoncent à tout effort de perspective, bousculent les sages compositions académiques et stupéfie les Parisiens. Leur titre de « Fauves » leur a été donné par dérision
au Salon d'automne de Paris en 1905, tant la puissance de leurs couleurs paraissait féroce ! L’appellation leur allait bien et leur est restée.
Paris possède deux tableaux d’Auguste Macke qui sont au Centre Pompidou :
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August Macke, Tête de femme orange et marron, vers 1911 - La Joueuse de luth 1910
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