Spiritualité des images

La vie du Christ.
La crucifixion, 1912
« Emil Nolde
1867-1956 »
Grand Palais, Paris
jusqu'au 19 janvier 2009
.
Gilles
Castelnau
25 septembre 2008
Emil Nolde est un
expressionniste allemand dans la
ligne de Karl
Schmitt-Rottluff qui avait fondé à
Dresde en 1905 le mouvement « die Brücke »
(le Pont) avec Ernst
Kirchner, Erich
Heckel , Max
Pechtein, Otto
Müller. Quelques années après, à
Münich, Franz Marc , August Macke et Wassily
Kandinsky lançaient dans la même veine
« der Blaue
Reiter » (le Cavalier bleu).
La violence de leur peinture aux formes
simplifiées et aux couleurs superbes « exprimait »
une émotion intérieure, une sorte de nécessité.
Ils faisaient « sécession »
selon leur mot de la bonne tenue des salons de
la Belle Époque.
La vie du
Christ
Ils prenaient la suite des « Fauves »
français qu'étaient Matisse, Gauguin, Rouault, Derain, Vlaminck, van Dongen
et d'autres. Picasso
lui-même à la même époque disait « porter un soleil dans
le ventre » et Matisse : « je me sers de la
couleur comme moyen d'expression de mon
émotion plutôt que d'imitation de la
nature ».

La vie
du Christ. Marie et l'enfant
Jésus
Gauguin avait
découvert à Tahiti une certaine
« primitivité »
perdue. Nolde aussi recherchera la vigueur de
l'authenticité humaine profonde en voyageant
jusque dans le Pacifique via la Sibérie, la
Chine et le Japon.

La
vie du Christ. Le doute de
Thomas
Le nazisme.
Nolde a été fasciné, un temps, par la puissance
de l'idéologie nazie. Il y reconnaissait
l'énergie vitale qu'il sentait monter en lui des
profondeurs avec l'intensité que sa peinture
exprime si fortement. Il est vrai qu'au
contraire le communisme, son grand ennemi,
proposait une fraternité, une camaraderie, un
nivellement universelle qui s'opposait
radicalement à ce culte du sang, de la force et
du racisme avec l'antisémitisme et à la violence
qui en découlaient.
Nolde était un protestant profondément croyant
- nombre de ses tableaux le montrent à
l'évidence - et, comme beaucoup de
chrétiens de son temps, il s'enthousiasmait de
la joie et de l'espérance suscitées par le
nazisme naissant : Le pape Pie XII
signait un concordat avec Hitler et la majorité
de l'Église protestante allemande se faisait
désormais appeler « Église
des Chrétiens Allemands »,
suscitant par là même l'opposition de la petite
- mais fidèle - Église Confessante
Allemande.
Mais son style au dessin fruste, brut et épais
était trop loin de la froideur académique
officielle. On saisit même trente et un de ses
tableaux pour les exhiber en 1937 à la
grande exposition d' « art
dégénéré » de Munich et
en 1941 les nazis lui interdirent même de
continuer à peindre.
La
vie du Christ. La
Résurrection
L'élan de Nolde, la
fougue avec lesquels il peint les
tableaux de la vie du Christ qui illustrent cet
article, se retrouvent dans toute cette grand et
éblouissante exposition. Cette flamme qu'il nous
transmet dans ses toiles nous
entraîne au-dessus de toute morosité
passive, de toute langueur découragée pour
retrouver, par delà le siècle qui nous sépare de
lui, son appel à la vie, ce potentiel qui était
celui du Christ qu'il a tant aimé, qui
accueillait les infirmes et les vaincus de son
époque pour les guérir et en tout cas les
ressusciter de l'intérieur.

La vie du
Christ. L'Ascension
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