Libre opinion
Bienvenue à
Sainte Gertrude
petit conte pas du tout
imaginaire
Hugh
Dawes
président du
réseau
internet britannique TCPC
15 février 2004
Il ne faut pas longtemps pour se rendre compte, à Sainte-Gertrude, qu'on n'est pas le seul
à faire fonctionner son esprit critique et à se dire,
en écoutant le curé, que ce n'est pas forcément
la Parole de Dieu ! Nous avons été nombreux
à aimer un groupe de réflexion que le nouveau vicaire a
organisé, sur les grandes questions qui se posent aujourd'hui
et sur les éternels sujets théologiques que sont la
naissance virginale du Christ ou sa résurrection, par exemple.
Nous nous sommes rapidement rendu compte que sur quantités de
problèmes difficiles la Bible ne dit rien et qu'elle ne dit
pas grand chose non plus de bien des sujets théologiques. Sur
toutes ces questions on était bien obligés de
décider par nous-mêmes.
Nous étions nombreux à
aimer cela, mais pas tous. Certains
en étaient déstabilisés au point d'élever
la voix au mépris de tout savoir vivre. Et les choses ne se
sont pas arrangées quand, avec l'approche de la fête de
Pâques, nous avons abordé la Résurrection.
Daphné, qui était d'habitude si tranquille, s'est
brusquement montrée intarissable. Elle disait qu'elle n'avait
jamais cru à ces histoires de cadavres qui se relèvent
tout seuls dans leur tombe et qu'à son avis, les récits
de la Bible sont simplement la manière qu'ont utilisée
les évangélistes pour traduire leurs expériences
spirituelles. Elle disait aussi qu'elle n'avait jamais cru que Dieu
avait exigé la mort de Jésus pour régler la
question du péché des hommes.
Le vicaire ne la contredisait pas, il l'encourageait même.
Certains sont allés s'en plaindre au Frère Ignace, le
curé : au prochain Conseil de paroisse, celui-ci a interdit le
groupe et peu après le vicaire a reçu un coup de
téléphone de l'évêque où elle lui
disait qu'elle lui donnait une paroisse à lui tout seul. Cette
évêque était très gentille et le vicaire
l'a bien remerciée.
Nous avons continué le groupe
entre nous et Daphné a
découvert sur internet le « Réseau des Églises
ouvertes ». Elle est
allée à Londres, avec d'autres, à une grande
réunion animée par John Spong (ou était-ce Marcus Borg ?) qui les a beaucoup encouragés. Ils
ont même réussi à en faire passer un compte-rendu
dans le bulletin paroissial.
.
Deux événements ont alors
fait évoluer la situation.
D'abord, un dimanche, Mavis est brusquement sortie en larmes de
l'église en plein milieu du sermon du Frère Ignace.
Elle était pourtant une de ses fidèles et était
même membre du Conseil de paroisse où elle était
appréciée parce qu'elle ne contredisait jamais
personne. Mais ce dimanche-là le Frère Ignace
condamnait une fois de plus le divorce, et elle n'avait plus pu le
supporter car c'était le drame que sa fille traversait alors.
On discutait justement cette question du divorce dans notre petit
groupe et nous avons expliqué à Mavis qu'on pouvait
avoir d'autres idées sur la question que celle du Frère
Ignace. Alors Mavis a voulu se joindre à nous.
Ensuite, nous avons
reçu le bulletin du
Réseau des Églises
ouvertes qui contenait un encouragement
à constituer des groupes de réflexion libre et dans
lequel nous avons pu voir que, sur le territoire de la paroisse
Sainte Gertrude, plusieurs personnes s'étaient
déjà signalées. Ceux qui le souhaitaient
donnaient leur nom et des listes circulaient. Mavis a proposé
que, pour commencer, on se réunisse chez elle. On y a
retrouvé des participants de la rencontre de Londres, des
fidèles de la paroisse d'à côté et
même un autre mambre de Sainte Gertrude qui n'était
jamais venu dans le groupe du vicaire.
Nous nous demandions si nous serions
capables d'animer un groupe en
l'absence d'un pasteur, puisque notre vicaire n'était plus
là. Mais le Réseau internet britannique proposait
d'envoyer régulièrement des sujets et du
matériel de discussion. Nous ne retrouverions pas le brillant
de la conférence de John Spong ou de Marcus Borg, mais les
réflexions seraient les nôtres, plus ordinaires et plus
concrètes.
Et maintenant notre groupe marche
très bien, les discussions
sont intéressantes, et il se trouve toujours l'un de nous pour
proposer de présenter la séance suivante. Nous suivons
parfois les notes envoyées par le Réseau mais souvent
l'un de nous propose un autre sujet. Le pasteur d'une autre paroisse
est même venu se joindre à nous...
L'avenir est devant nous. Nous avons bien des sujets à
étudier : le divorce, l'homosexualité et la
sexualité en général, les sentiments de
culpabilité, l'angoisse et tous les sujets difficiles aussi
pour les conservateurs : à tous nous devons montrer
l'amour du Christ et empêcher qu'ils se sentent exclus.
Traduction Gilles
Castelnau
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