Connaissance de la Bible
Bible et
archéologie
par un groupe de pasteurs libéraux de Paris
9 octobre 2003
Une approche fondamentaliste de la Bible permet au lecteur de s'enfermer dans des idées toutes faites en évitant les horizons ouverts par les récentes découvertes scientifiques. Ainsi voit-on utiliser les textes bibliques au profit d'idéologies discutables à propos de la possession de la « Terre d'Israël », de la légitimité de l'homosexualité, du droit à l'IVG, etc. Nous avons rédigé ce manifeste à l'intention de tous ceux qui, loin de s'effrayer de la libre recherche, y trouvent au contraire une atmosphère de vérité et d'humanisme.
Quelques ouvrages récents
concernant l'archéologie biblique ( 1 ) ont semé le trouble dans les
esprits. Ils ont porté à la connaissance du grand
public que les étapes principales de la marche des croyants
telle que la Bible la rapporte n'était pas confirmée
par les derniers travaux des archéologues. Les personnages de
Moïse, David et Salomon n'ont pas laissé de traces
repérables dans le sous-sol du désert ou de la
Palestine. Les ruines de Jéricho ne révèlent
aucune trace du passage de Josué et on ne retrouve pas les
écuries de Salomon à Méguido. Les dates que
proposent la Bible ne correspondent pas à ce que l'on trouve
sur le terrain.
Les textes eux-mêmes sont mis en cause
et, pour expliquer comment la Bible trouve sa cohérence, les
spécialistes du texte proposent des étapes de
rédaction auxquelles les lecteurs ne sont pas
habitués.
Tout se passe dans l'esprit de certains
comme si la perte de référence historique enlevait au
texte biblique sa pertinence et se trouvait de ce fait privé
de vérité. Cela nous amène à nous poser
la question de savoir ce qui donne sa
« vérité » au message de la Bible. Est-ce l'historicité
ou vient-elle d'ailleurs ? En fait, ce n'est pas le message de
la Bible qui est mis en cause, c'est le support historique qui l'a
véhiculé. Les auteurs bibliques inspirés par
Dieu ont cherché à transmettre un message qu'ils ont
reçu et qu'ils ont enchâssé dans l'histoire telle
que la tradition la leur avait rapportée.
Notre recherche de la vérité,
en tant que lecteurs de la Bible, ne consiste pas à faire de
l'archéologie un instrument infaillible pour faire jaillir la
vérité des sables comme jadis certains ouvrages avaient
essayé de le faire ( 2 ). Il nous
faut réapprendre à lire l'Écriture comme une
vérité spirituelle qui puise son autorité en
Dieu et non pas dans l'histoire. Ces textes nous donnent un message
de la part de Dieu. Ils nous servent à construire notre foi et
nous ne cherchons pas à prouver leur vérité par
l'histoire puisqu'ils sont hors de l'histoire. Il en va de même
pour le reste du texte biblique.
Le Nouveau Testament n'échappe pas
à la règle, il est lui aussi le résultat de la
réflexion de trois générations sur les paroles
de Jésus que la tradition a conservées ainsi que de
réflexions théologiques sur les
événements qui le concernent.
Il va falloir que les habitués de la
Bible s'habituent à la lire autrement, modifient leurs grilles
de lecture pour comprendre les récits dont l'histoire a de
l'importance dans l'actualisation du message biblique. Si, par
exemple, l'épisode de la conquête de la Terre sainte par
Josué ne repose pas sur un événement historique,
il faudra donc le lire d'une manière symbolique et chercher
ailleurs ce que peut signifier l'Alliance avec la Terre. Notre
honnêteté intellectuelle nous permettra alors d'aller
plus loin et de retrouver ailleurs que dans l'histoire
l'autorité de l'Écriture.
_______________________________________
( 1 ) « La Bible
dévoilée - les nouvelles
révélations de l'archéologie »,
Israël Finkelstein, Neil Asher
Silberman. Bayard
« Le Temps de la
Bible », Pierre Bordreuil
et Françoise Briquel-Chatonnet. Gallimard
( 2 ) « Les énigmes du passé,
histoire d'Israël et récits bibliques »,
Jean Louis Ska
« La Bible arrachée
aux sables ».
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