Spiritualité
John S.
Spong
Noël
Traduction Gilles Castelnau
Quand on lit l'histoire de
Noël dans la Bible, je crois entendre un
contes de fées. Car je sais que les
étoiles n’annoncent pas la naissance d’un homme.
Les anges ne chantent pas dans les collines pour
les bergers. Les filles vierges n’ont pas
d’enfant. Y aurait-il quelque chose qui
m’échappe dans cette vieille mythologique ?
Peut-on vraiment continuer à dire honnêtement
que Jésus est le « fils de
Dieu ? »
[...]
il est vrai que sa vie a été une puissante
source d’émerveillement pour ceux qui l’ont
connu et qui ont répandu à son sujet de
nombreuses légendes de miracles surnaturels. On
a rapporté des paroles de profonde sagesse qui
sortaient de sa bouche. L’amour et la liberté
semblent avoir été les principes fondateurs de
sa vie. Les hommes et les femmes qu’il
rencontrait se sentaient appelés à une plénitude
de vie. Ceux qui étaient écrasés par la
culpabilité découvraient en lui la joie du
pardon. Les solitaires, les défavorisés, les
infirmes et les anormaux trouvaient en lui leur
apaisement. Il possédait le courage d'assumer
son être profond. On disait qu’il était
incroyablement libéré.
Ceux qu’il rencontrait en étaient transformés.
On aurait dit que la vie la plus intime s’en
trouvait, pour ainsi dire, mise à jour. En le
voyant on avait l’impression de voir plus loin
que lui et même à travers lui. Toute existence
semblait avoir sa source en lui, rejaillir de
lui. Son Amour était la source de tout amour et
la vision de leur propre accomplissement. On
n’avait jamais connu un tel élan de renouveau.
Il n’est pas étonnant que l’on ait dû inventer
un langage nouveau lorsqu’on a voulu parler de
Jésus. On l’a appelé le Fils de Dieu. On a dit
que Dieu était, en quelque sorte, en lui. Et on
l’a tellement cru qu’on a changé notre vision de
l’histoire : on date, encore aujourd’hui
depuis sa naissance, le commencement de notre
civilisation.
Et quand on a commencé à mettre par écrit
l’expérience de ce renouveau on s’est
heurté au problème de l’insuffisance du
vocabulaire. Comment un langage humain
pouvait-il rendre compte de ce qui est divin.
Les gens ont tout naturellement utilisé des
images poétiques. Et par exemple, pour dire que
la vie divine pénétrait l’histoire humaine, on a
dit que les cieux se réjouissaient.
Une étoile est apparue dans le ciel. L’armée
des cieux a chanté hosanna. Des bergers judéens
sont venus le voir. Des mages sont venus
d’Orient, des extrémités de la terre pour
l’adorer. Ils étaient sûrs d’avoir rencontré la
présence de Dieu en lui, et ils en ont conclu
que Dieu devait avoir été son père de manière
unique. Tout ceci était certainement une manière
humaine de parler mais ce langage est le seul
dont nous disposions.
La vie telle que nous la connaissons,
disaient-ils dit, n'aurait jamais permis ce que
nous avons trouvé en lui. Ils ont donc produit
des récits de sa naissance capables de rendre
compte de la puissance qu'ils avaient discernée
en lui.
Mais les lecteurs modernes qui vivent dans un
monde bien moins mystérieux, ont tendance à
attribuer à ces récits une intention de vérité
historique que leurs auteurs n’ont jamais eue.
Ils crient alors au ridicule, à
l’incroyable :
« de telles histoires ne peuvent pas être
vraies. Les étoiles n’apparaissent pas
subitement dans le ciel pour annoncer la
naissance d’un homme. Les anges ne viennent pas
chanter aux bergers des cantiques célestes. Les
vierges ne conçoivent pas. Rien de tout cela
n’est vrai ! »
Ils ont raison de dire cela. De telles choses
n’arrivent pas. Mais il ne faudrait pas en
conclure que l’expérience décrite par ce langage
mythologique soit sans réalité.
Le temps est venu pour les chrétiens d’admettre
sans réticence l’inadéquation du langage humain
lorsqu’il s’agit de parler de Dieu. Les auteurs
bibliques n’ont pas écrit leurs textes en
pensant qu’ils seraient pris littéralement. Ils
entendaient exprimer qu’il avaient été touchés
par Jésus et c’est pourquoi leurs expressions
dépassent toute imagination et nous paraissent
si merveilleuses et irréelles. Mais notre
matérialisme appauvrit notre pensée.
Lorsque nous entrons en communion avec Dieu et
en connaissons la plénitude, notre vision
s’élargit, une joie nouvelle nous habite et on
voit effectivement les anges des cieux chanter
la gloire de Dieu. La signification de
l'histoire de Noël, telle qu’elle est racontée
dans les évangiles, dépasse toute lecture
rationnelle. Elle désigne une réalité nouvelle
que reconnaissent ceux qui ont rencontré Jésus.
Noël est plus beau que nos esprits rationnels ne
pourraient l’exprimer. Car dans la compagnie de
Jésus, dans son atmosphère d’amour, de
compassion et de pardon, dans le sentiment de
plénitude, de liberté et de confiance qu’on y
reçoit, les anges chantent réellement dans nos
cœurs « gloire à Dieu dans les lieux
très-hauts et paix sur la terre parmi les
hommes de bonne volonté. »
C’est pourquoi nous célébrons avec bonheur la
beauté transcendante de l’histoire de Noël.
L'appel de Noël est si simple :
« venez, venez, adorons ! »
On adore l’Enfant de Noël, non pas en devenant
plus religieux, mais en consacrant notre énergie
à construire un monde où tous auront la
possibilité de vivre plus pleinement, d'aimer
davantage et d’épanouir toutes leurs
possibilités. C’est ainsi que l’on peut vraiment
reconnaître la Source de la vie, de l’Amour et
le Fondement de l’Être.
Comment adorer la Source de la Vie sinon en
vivant pleinement ?
Comment adorer la Source de l’Amour sinon en
aimant inconditionnellement ?
Comment adorer le Fondement de tout Être sinon
en ayant le courage d’être tout ce qui nous est
donné ?
On ne peut pas rechercher tout cela pour
nous-même et le refuser aux autres. C’est
pourquoi notre tâche de disciples de Jésus est
non seulement de vivre pleinement, d’aimer
inconditionnellement et d’être tout ce qui nous
est donné mais aussi de faire en sorte que les
autres, dans toute la diversité du monde,
puissent en faire autant.
Cela signifie également que nous ne pouvons
rien tolérer qui puisse porter atteinte à nos
contemporains sous prétexte de race,
d’appartenance ethnique, de sexe ou
d'orientation sexuelle.
Tout ceci me semble clair. Dieu était en
Christ. Voici, me semble-t-il ce que l’on peut
dire de Jésus
Que votre Noël soit béni et
saint.
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