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Pourquoi le christianisme
tel que nous le connaissons
est en train de mourir

 

 

Conférence publique dans une église américaine

Son style oral a été conservé par la traduction

 

John Spong

 


9 juin 2014

Il faut d’abord prendre conscience d’une erreur que nous commettons dans notre compréhension de la nature humaine. Nous disons que nous sommes coupables, qu’être humain est être coupable. Et le christianisme est là pour nous aider à nous sentir coupables.

Le dimanche matin à l’église on entend de nombreux messages culpabilisants. La liturgie nous fait sans cesse supplier sans fin Dieu d’avoir miséricorde envers nous, faute de quoi sa colère serait sur nous ainsi que ses châtiments que nous méritons bien. Dieu ressemble davantage à un père fouettard ou à un juge menaçant de la peine capitale qu’à un Dieu d’amour. Voyez le nombre de fois ou lors d’un culte nous nous écrions « Seigneur aie pitié ! Christ aie pitié ! » Dans mon église on le répète trois fois chaque dimanche. Quelque fois on le répète même en grec : « Kyrie eleison ! »

Nos prières liturgiques sont souvent conclues par ces mots : « Seigneur, dans ta miséricorde, écoute notre prière ! ».

 


La culpabilité est également mise en rapport avec la sexualité. Si vous voulez rendre n’importe qui coupable, parlez-lui de sexualité. Alors que c’est la nature qui est sexualisée. Comme nous sommes tous naturellement sexués, c’est naturellement que nous sommes sales et coupables. Les films interdits aux enfants le sont pour des risons de sexualité : ils ne conviennent donc qu’à des adultes coupables.

C’est notamment envers les femmes que l’Église a lié la sexualité à la culpabilité. Dans la tradition de l’Eglise, la femme idéale est une vierge-mère. S’il n’existe qu’une seule femme idéale et qu’elle est une vierge-mère, alors les autres femmes qui sont normales, ne sont pas idéales mais coupables. Comment l’Eglise montre-t-elle que la vie est possible pour des gens coupables, pour des femmes qui ne peuvent pas être vierges-mères ? en leur suggérant d’être vierges à défaut d’être vierges-mères ? d’entrer au couvent, d’être mariée à Jésus ? Si cela est impossible, les femmes doivent alors se contenter d’être mères et de n’être que cela. Lorsqu’une femme met quoi que ce soit entre sa sexualité et la procréation, elle est coupable. D’où l’interdiction du planning familial, du contrôe des naissances.

Aux hommes, on dit que s’ils éprouvent des désirs sexuels, c’est parce qu’ils sont pécheurs. C’est évidemment le cas de tout le monde ! Le pape Jean-Paul II a dit que « les maris ne devraient pas éprouver de désir envers leur femme ». Mais alors envers la femme de qui est-il autorisé d’éprouver du désir ? Si notre nature biologique est considérée comme source de péché, alors le péché est universel. Le péché est peut-être même originel.

 

La vie humaine a été ainsi conçue sur la base de ce sentiment universel de culpabilité et la spiritualité chrétienne a été pensée sur cette base-là. Voyez le langage de notre liturgie : « nous sommes nés dans le péché ». Quelle étrange affirmation ! Imaginez des parents ramenant leur bébé nouveu-né de la maternité en lui disant : « tu es né dans le péché, tu es entièrement péché ! ». Pensez-vous que c’est cela qui l’aidera à devenir adulte ? C’est pourtant ce qu’on répète dans nos églises dimanche après dimanche. Cela ne donne pas un sentiment de dignité humaine.

« Nous sommes de misérables pécheurs », répète notre liturgie. « Nous ne sommes pas dignes d’être appelés Tes enfants » ; « nous avons fait les choses que nous n’aurions pas dû et nous n’avons pas fait ce que nous aurions dû » Ne devrions-nous pas plutôt célébrer la vie ? l’amour ?

 

Nos sacrements sont également fondés sur l’idée de culpabilité. Le baptême est, dit-on, destiné à laver l’enfant de ses péchés. On nous a enseigné que si l’enfant n’était pas baptisé, il ne pouvais pas être sauvé. L’enfer le menaçait. Il est vrai que cela paraissait tellement choquant qu’on a modéré cette affirmation en parlant plutôt des limbes. Mais même aux limbes, les enfant non baptisés se voyaient exclus de la présence de Dieu pour l’éternité, car ils étaient morts dans leur péché.
Le péché originel était la marque de notre vie. Qui dirait qu’il s’agit là d’une saine doctrine ?

 

Et pensez à la manière dont on parle du sang du Christ. On lui attribue une puissance purificatrice. Ce qui signifie évidemment qu’en l’absence du sang du Christ nous demeurons impurs, souillés, coupables. Dans la théologie catholique on appelle même les gens à boire le sang du Christ. Certains comprennent cela de manière symbolique, d’autres de manière littérale. C’est de toutes façons le symbole de la purification de nos fautes. Il faut boire le sang purificateur du Christ pour être libéré de notre péché. Les évangéliques multiplient les cantiques chantant « sauvé par le sang », « lavés dans le sang ». Les catholiques « boivent » le sang du Christ et les évangéliques s’y « baignent ».

De toutes façons la faute est fondamentale dans la vie de notre humanité.

 

On a produit une mantra liturgique. Une mantra est une phrase qu’on répète interminablement sans jamais l’expliquer. Si on l’explique, elle n’est plus une mantra. On répète ainsi « Jésus est mort pour mes péchés ». Certes cela se trouve dans le Nouveau Testament. Mais le Nouveau Testament est un texte juif écrit par des juifs et l’idée de la mort pour les péchés provient du Yom kippour, le jour du grand Pardon. Mais le Yom kippour est tout à fait autre chose.

Si quelqu’un demandait à l’église l’explication de ce mantra il ne recevrait certainement pas de réponse claire, car il ne s’agit que d’un message de culpabilité. Nos péchés sont responsables de la mort de Jésus. C’est un exemple typique de la conception que nous avons du péché qui est au cœur de la nature humaine. Nous avons défini la vie comme mauvaise. Etre humain est être dans le péché. Le péché est intrinsèque à notre existence, le péché est universel, le péché est originel. Nous n’avons aucun contrôle sur lui.

Les titres de purification que l’on attribue ainsi à Jésus ne le définissent pas seulement lui, dans son rôle de sauveur, mais décrivent aussi notre humanité. dans sa réalité de pécheresse, corrompue, sans valeur. Si Jésus est notre sauveur c’est que notre humanité est perdue, sans valeur et a besoin d’être sauvée.

La théologie dit couramment qu’au commencement la création était parfaite mais que celle-ci a été corrompue par les hommes qui étaient pécheurs. On raconte l’histoire du jardin d’Eden et on montre que la faute d’Adam et Eve a plongé toute l’humanité dans une vie déchue. Et comme personne ne pouvait s’en sortir, Dieu a envoyé son Fils et c’est ainsi que l’histoire de Jésus a été associée à ce récit de la Chute. Jésus est devenu le nom du Dieu sauveur. Dieu a ainsi requis de Jésus qu’il paye le prix de notre péché. Dieu a voulu la croix afin que nous soyons sauvés de la Chute. C’est pourquoi Jésus a souffert. Il est mort par notre faute. C’est ainsi qu’on chante « Jésus est mort pour mes péchés ». « Il a racheté mon salut sur la croix en versant son précieux sang » « ainsi je suis purifié, sauvé ». N’est-ce pas ainsi qu’on nous a raconté l’histoire de Jésus ?

A la question : qu’y a-t-il de faux dans un tel récit ? Je réponds : mais tout y est faux ! Comment a-t-on laissé une telle histoire se développer ? Elle fait de Dieu un monstre incapable de pardonner si le sang ne coule pas. Quelle sorte de Dieu avons-nous laboré ? Qui voudrait adorer un tel Dieu ? Un Dieu exigeant la mort de son fils ? C’est une manière extravagante de dire le christianisme ! Dieu devient père fouettard, juge menaçant de la peine de mort. Extravagante idée de Dieu, extravagante idée de Jésus.

 

Quel rôle cela donne-t-il à l’Eglise ? L’Eglise est le seul endroit où l’on puisse venir pour être sauvé. C’est l’Eglise qui contrôle le pardon et elle a intérêt à nous rendre aussi pécheur que possible.afin que nous désirions davantage ce qu’elle a à offrir. La culpabilité est au cœur de son message. Le sentiment de culpabilité est ce que l’Eglise offre sans cesse et toujours davantage.

Le péché est sans doute caractéristique des limites de notre humanité mais le châtiment de Dieu est l’enfer éternel. Quelle justice !

 

Disons encore un mot sur Darwin. Sa théorie de l’évolution s’oppose à l’idée de la chute de l’humanité perdant une perfection originelle. L’évolution dit que l’humanité évolue vers une perfection dans un avenir éloigné qu’elle est loin d’avoir jamais connu. On n’atteint pas la perfection avant d’avoir terminé l’évolution. La tradition chrétienne dit qu’on est tombé de la perfection dans le péché originel. Darwin dit qu’il n’y a jamais eu de perfection originelle.et qu’il n’y a donc jamais eu de chute. La doctrine du péché originel n’a pas de sens. Notre problème n’est pas que nous sommes tombés dans le péché, notre problème est que nous n’avons pas encore atteint notre perfection.

Si on n’a pas été créé parfait, on n’a pas pu chuter. Si on n’a pas chuté on n’a pas à être sauvé.

Et la manière dont on raconte le sang de la croix de Jésus n’a pas de sens. Parler comme je le fis ne détruit en rien le christianisme comme certains se l’imaginent.

Mais le ministère de Jésus qui était enraciné dans le judaïsme a vite été déformé par les païens de l’Empire romain qui ne comprenaient plus rien au judaïsme.

La question qui se pose désormais à nous est de savoir comment nous allons comprendre le ministère de Jésus et le présenter à nos contemporains qui ne sont pas des hommes du Moyen Age, ni du 4e siècle, ni du 1er siècle. Nous sommes des hommes du 21e siècle.

Et c’est ce que je vais m’efforcer de faire dans la 2e partie de cet exposé. (Note : La 2e partie n'a pas été enregistrée)

 

Traduction Gilles Castelnau

 


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