Je te salue,
Marie !
Permets qu'un protestant le
fasse :
Une fois n'est pas coutume.
D'ordinaire, les Ave Maria nous restent en
travers de la gorge
Il faut dire qu'on t'a donné tant de
visages
Et habillée avec tant de
diversité
Que nous avons, nous, du mal à te
reconnaître.
Qui es-tu ? Vierge noire ou
italienne blonde et rose ?
Masque tragique, classique,
angélique,
Figure d'innocence ou sourire
séducteur ?
D'où es-tu ? On te voit partout,
Multiple aux infinies spécialités
Te faisant à toi-même
concurrence.
Comment te nommer ?
Dame du ciel, régente
terrienne ? Etoile de mer, inaccessible reine ?
On dit tout cela de toi,
Des noms tellement sublimes ou ridicules
dans leur démesure
Qu'on t'ignore maintenant dans ta
simplicité de petite juive villageoise.
Je te salue, Marie, ma soeur.
Non pas ma mère, mais ma sœur qui me
prend par la main
Pour me conduire dehors, sur la grand'place,
pour y rencontrer ton fils
Et inlassablement tu me
répètes :
- « Fais ce qu'il te
dira »
Toi, ma sœur, tu marches selon la
foi,
Toi qui avoues ne pas
savoir :
- « Comment est-ce
possible ? »
Toi aussi qui fais
confiance :
- « Qu'il m'arrive selon
ta Parole ! »
Toi dont la prière est
émerveillement et louange.
Je te salue, Marie.
Comme l'ange je te nomme :
- « graciée,
gracieuse ».
C'est là ton secret et ta
vérité :
Sur ton visage, tu sais recevoir cette
lumière
et ce mystère que nous
appelons : Amour de Dieu.
Pour toi, pour moi, pour nous tous, tu as
reçu ce don :
- « Jésus,
Emmanuel ».
Je te salue, Marie !