De la christolâtrie au mysticisme

Dorothée Sölle

théologienne protestante allemande

1929-2003

Méditation quotidienne de Matthew Fox

Traduction Gilles Castelnau

 

 

16 janvier 2023

Dorothée Sölle pensait que dans toute l'histoire du christianisme on avait succombé au danger d'idolâtrer le Christ (ce qu'elle appelle la christolâtrie) et proposait de se tourner davantage vers le mysticisme. Elle écrivait :

Le but de la religion chrétienne n'est pas l'idolâtrie du Christ, la christolâtrie, mais comme le dit l'expression mystique, que nous ayons part à la vie du Christ, que nous « soyons en Christ »

 

Ceci implique que nous reconnaissions notre capacité de compassion et de guérison. Nos propres blessures suscitent d’ailleurs souvent en nous le sentiment de compassion à l’égard des autres.

 

Le Christ est un guérisseur blessé, et il guérit pour que nous devenions comme lui. Soyons comme lui, rions comme lui, pleurons comme lui.

Guérissons les malades, même ceux qui se sont inconsciemment laissés atteindre par les grandes névroses de la société et qui n’ont aucune pitié ni envers eux-mêmes ni envers leurs enfants quand ils acceptent le nucléaire et les technologies destructrices de vie.

 

Que signifie pratiquer la compassion ?

 

‘Nourrir les affamés’ signifie en finir avec le militarisme. ‘Bénir les enfants’ signifie arrêter de détruire leurs arbres.

 

Sölle remplace l'idolâtrie qui place le Christ sur un piédestal par l’attitude mystique d'être « en Christ ». Le mysticisme guérit la religion lorsqu’elle s'égare et devient idolâtre. Comme le dit Carl Jung : « Le dynamisme créateur de la religion ne provient que des mystiques. »

 

Sölle dit que la christolâtrie s’oppose au mysticisme, empêche d’être « en Christ » et elle cite la distinction que faisait Soren Kierkegaard entre « ceux qui adorent le Christ et ceux qui le suivent. »

 

Si on l'adore, on l'élève sans cesse davantage et on n'a plus rien de commun avec lui. Mais il disait : « Viens et vois », et il montrait des paralysés qui marchaient. Il ne disait pas : « fermez les yeux, je m’occupe de tout. »

 

Sölle met en garde contre la christolâtrie qui nous éloigne de nos prochains en même temps que du Christ en nous déresponsabilisant.

 

Suivre le Christ n’est pas l'idolâtrer, c'est, au contraire, poursuivre son œuvre, puisqu'il n’est plus parmi nous pour l’accomplir. Nous sommes appelés à être spirituellement des adultes, à développer notre dynamisme créateur et notre esprit de compassion pour participer à la création d’un monde nouveau.

 

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