Cynisme
politique et violence
signes de notre temps

Méditation quotidienne de Matthew Fox

Traduction Gilles Castelnau

 

 

4 novembre 2022

 

Dans la méditation de samedi, nous avons parlé du livre de Hannah Arendt « Du mensonge en politique », qui semble très actuel en ce temps d'élections de mi-mandat.

Elle affirme notamment que le lavage de cerveau auquel on se laisse aller entraîne une attitude de cynisme qui est un refus radical et systématique d’admettre aucune vérité, sur n’importe quel sujet et malgré les preuves les mieux établies.

On peut, en effet, légitimement poser la question de la hausse du cynisme dans les médias, dans les discours politiques et dans nos esprits mêmes.  Est-il une priorité à combattre ?

Je considère que le cynisme fait partie du péché capital de l'acédie dont Thomas d'Aquin dit que c’est le « manque d'énergie pour faire quelque chose ».  L'acédie est la tristesse spirituelle profonde qui fait penser qu’on est coupé de tout bien, qu’on ignore la bénédiction originelle.

Étymologiquement, le mot acédie peut avoir deux origines. L’une vient du grec a-kedos qui signifie « sans soin ». L’autre vient du mot acide, amer. L’acédie a effectivement un aspect de « non-soin », un manque d’énergie créatrice. Elle a aussi une attitude amère, cynique à l’égard de la vie. Le cynisme est acédie, immobilité amère devant la vie.

Le dictionnaire (américain) Webster définit le cynique comme « celui qui croit que la conduite humaine est motivée par le seul intérêt personnel. » Être cynique est être « méprisant, sans respect pour la nature humaine et ses motivations », être misanthrope, pessimiste, misogyne, sans respect.

Hannah Arendt dit que le cynisme arrive dès qu’on se refuse à croire quelque chose dont la vérité est pourtant parfaitement établie. Le cynisme est caractéristique de notre époque, il est répandu par les médias, les réseaux sociaux et certains hommes politiques.

Il s’accroît de nos jours en même temps que la tristesse et la violence. L’invasion du domicile de Nancy Pelosi, présidente de la Chambre des représentants du Congrès et l’attaque au marteau de son mari âgé de 82 ans sont des signes de la montée de la violence dans notre pays. Les emails envoyés par son agresseur de 42 ans montrent clairement qu’il était un participant zélé du mouvement de Donald J. Trump. Il était motivé par les mensonges insensés et les diverses prises de position politiques violentes émanant des conspirations Q-anon ayant conduit à l’attaque du Capitole du 6 janvier.

 

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