Eckhart dit :
« La raison ne peut jamais saisir
l’océan
insondable qu’est Dieu. » Ceci dit-il
quelque chose sur le mystère de la
Divinité ? Dieu insondable, comme l'océan
dans sa profondeur, comme les
ténèbres et les mystères inexplorés !
Si oui, tant mieux. C'est la
marque d’une pensée spirituelle
profonde. Jean de la Croix ne disait-il
pas : « plongez dans la profondeur
».
Ne restez pas sur le rivage,
plongez dans les eaux profondes,
celles du profond mystère – celles aussi
des profonds dangers, celles du mal
toujours
présent en ce monde.
Certes cette démarche
implique d’abandonner bien des habitudes
sécurisantes. Mais n’est-ce pas justement
ce que fait la nouvelle génération en
quittant les églises ?
Si
nos institutions échouent, allons
plonger dans l'océan insondable,
détournons-nous des affirmations
religieuses bon
marché et retrouvons notre âme dans la
véritable profondeur de la contemplation et
de l’émerveillement devant
l’étincelle et la flamme que Dieu fait
brûler en nous.
Thomas
d’Aquin disait : « la
cause de notre joie nos est cachée… le
Dieu auquel nous sommes unis demeure
l’Inconnu. Dieu seul connaît la
profondeur et la richesse de sa
divinité, et les secrets ne sont
accessibles qu’à sa seule sagesse
divine. »
Pour Thomas d'Aquin, notre
plus grande réussite est de prendre
conscience que Dieu est bien au-delà de
tout ce que nous pensons. Le summum de
la connaissance humaine est de savoir que
nous ne pouvons connaître Dieu. Son
immensité fait que la nature divine
transcende tout ce que l’esprit humain
peut
atteindre.
La psychologue et mystique
juive Estelle Frankel appelle dans son
livre The Wisdom of Not Knowing (la
Sagesse du non-savoir) à « se
familiariser avec le non-savoir » et
à « remplacer la certitude du
savoir par le non-savoir ». Elle dit
qu'être
accessible à
l'inconnu, sous toutes ses formes, donne
sagesse et courage rendant ouvert,
curieux et souple tant dans la vie privée
que professionnelle, capable de
découvertes nouvelles et de créativité.
Elle cite le Zohar :
« La
pensée ne
peut pas saisir la nature divine » ce
qu’elle retraduit par « on ne
peut pas faire le tour de Dieu. »
La sagesse humaine doit
demeurer dialectique et « impliquer
toujours savoir et non-savoir,
connaissance et mystère, action et
immobilité, explications
et silence. »