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Gilles Castelnau

 

Le Dieu qui rend humain


3
e partie

 .

Le Saint-Esprit

 

 

28 juin 2002

Ce terme de « Saint-Esprit » traduit très mal l'original hébreu ou grec de la Bible. Le mot « esprit » évoque, en français, un être immatériel, fantôme ou revenant, alors que le mot biblique désigne de façon très concrète le souffle de Dieu qui peut gonfler notre poitrine, renouveler notre vie, notre élan, nous épanouir dans une ambiance de fraternité et d'amour, se transformer en notre bouche en paroles qui seraient celles mêmes que Dieu prononce.
Quand le souffle de Dieu nous est communiqué, on ne peut être dégonflé comme une baudruche flasque !

On ne peut pourtant pas le ressentir physiquement ou moralement : car de même qu'on ne peut voir Dieu de nos yeux, on ne peut le sentir avec nos sens. Il n'est pas non plus une sorte d'enthousiasme passager.
On reconnaît l'action du Saint-Esprit quand les récits bibliques prennent vie et entrent en résonance avec nous ; quand nous avons envie d'entrer dans le récit ou que les personnages bibliques deviennent nos contemporains : c'est alors que l'Esprit de Dieu agit en nos coeurs et crée en nous l'Etre nouveau. C'est la présence divine qui nous rend plus humains.

L'Ancien Testament attribue aux rois d'Israël le rôle de maintenir autant que possible le Règne de Dieu dans ce coin privilégié du monde en étant spécialement investis de la sagesse et de la justice que donne l'Esprit divin. C'est ce que désigne leur titre d'« oint » de l'huile sacrée, qui se dit « Messie » en hébreu et « Christ » dans la version grecque de l'Ancien Testament, titre que le Nouveau Testament a repris pleinement pour rendre compte du ministère de Jésus-« Christ »

Voici une prière prononcée lors du couronnement des rois d'Israël

O Dieu, donne tes jugements au roi
ta justice à ce fils du roi !
Il jugera ton peuple avec justice
tes malheureux avec équité.
Les montagnes porteront la paix au le peuple
les collines aussi, par l'effet de ta justice.
Il fera droit aux malheureux du peuple
il sauvera les enfants du pauvre
il écrasera les oppresseurs...
Il sera comme une pluie bienfaisante sur un terrain fauché
comme des ondées qui arrosent la campagne...
Car il délivrera le pauvre qui crie
le malheureux qui n'a point d'aide.
Il aura pitié du misérable et de l'indigent
il sauvera la vie des pauvres
Il les affranchira de l'oppression et de la violence
leur sang aura du prix à ses yeux.
Psaume 72

Prière de Salomon

L'Éternel apparut en songe à Salomon pendant la nuit, et lui dit : « Demande ce que tu veux ».
Salomon répondit : Tu as traité avec une grande bienveillance mon père, David, ton serviteur, parce qu'il marchait en ta présence dans la fidélité, dans la justice, et dans la droiture de coeur envers toi.
Tu lui as conservé une grande bienveillance, et tu lui as donné un fils qui est assis sur son trône, comme on le voit aujourd'hui.
Maintenant, Éternel mon Dieu, tu as fait régner ton serviteur à la place de mon père David et je ne suis qu'un jeune homme sans expérience.
Ton serviteur est au milieu du peuple que tu as choisi, peuple immense, qui ne peut être ni compté ni nombré, à cause de sa multitude.
Accorde moi donc un coeur attentif pour faire droit à ton peuple, pour discerner le bien du mal ! 1 Rois 3. 5-9

 

Jésus devient pour nous le Christ, le « Fils de Dieu », le révélateur de la présence de l'Esprit de Dieu.
Alors, parmi toutes nos préoccupations quotidiennes, cet Être Nouveau qui grandit en nous, ce renouveau dont nous sentons bien qu'il répond à notre humanité la plus authentique devient pour nous aussi préoccupation fondamentale, à laquelle toutes les autres deviennent subordonnées.
Alors nous nous rendons compte que Dieu est notre plus proche ami, notre créateur ; son Souffle tend à devenir notre souffle, ses Paroles les nôtres : nous sommes détournés de notre pente naturelle, de tous les mauvais esprits qui nous entraînent si naturellement ; nous nous laissons, au contraire, entraîner dans le grand mouvement créateur de Dieu, nous sommes un peu citoyens du Royaume de Dieu.
C'est cela l'action du Saint-Esprit en nous.

Tout le monde respire et vit de l'Esprit de Dieu. Mais de même que le soleil brille pour tout le monde et que pourtant sur les places certains s'offrent davantage à ses rayons, de même Dieu rayonne sur tous les hommes du monde, mais certains s'ouvrent davantage à lui.

 

La Trinité

Il ne faut pas dissocier le Saint-Esprit de Dieu et de Jésus, car on risquerait de le considérer comme une force autonome intervenant dans la vie d'une personne ou d'un groupe, indépendamment du ministère de Jésus et du fondement que représente Dieu.
Le Saint-Esprit agit dans les hommes depuis Pentecôte comme il agit en Jésus depuis Noël pour fait grandir en nous l'Être Nouveau dont le Père est le fondement.
Jésus était tellement imprégné du Saint-Esprit, de cette royauté divine, que sous ses mains les fleurs jaillissaient, la nouvelle création était là, de telle sorte qu'en le voyant, c'est Dieu lui-même que l'on voit agir.

Le rôle de Dieu est d'être le Fondement du cosmos entier, symbolisé par le ciel qui entoure la terre ; c'est pourquoi on dit « notre Père qui es aux cieux ». C'est lui qui donne sa dimension infinie à cette espérance du Royaume que Jésus introduisait en Galilée.
On peut aussi dire : c'est le Père qui est « au ciel », c'est le Fils qui se révèle sur les chemins de Galilée, c'est le Saint-Esprit qui renouvelle les coeurs. Un Dieu unique qui se fait connaître de trois manières distinctes.

Si l'on confesse que Jésus est le Christ, le Fils unique de Dieu, c'est parce qu'il a laissé agir en lui l'Esprit divin si parfaitement qu'il a renoncé à tout ce qui en lui n'était que Jésus, ses idées personnelles, ses amours et ses haines, ses ambitions et ses craintes ; il a si bien répondu non aux tentations habituelles de hommes, qu'il est pour nous non pas un homme de plus à côté de tous les autres, mais le représentant de la présence de Dieu, le « Christ de Dieu ».
Nous pouvons être, nous aussi, de petits christs. Et nous le sommes en réalité, lorsque nous laissons le Souffle de Dieu nous envahir.

Nos yeux s'ouvrent davantage, comme ceux de Jésus, aux forces de destruction, de désunion, d'égocentrisme, contre lesquelles Dieu lutte et contre lesquelles le Christ s'élevait toujours.
Nos diverses préoccupations se subordonnent à la grande préoccupation centrale qui se renforce en nous de réussir notre vie de la manière dont Jésus-Christ nous l'a montré. Nous sentons bien que c'est là que se trouve notre véritable vocation d'hommes, notre épanouissement le plus profond, la réponse à nos besoins les plus fondamentaux.
Nous progressons dans cette voie car il y a toujours des progrès à faire en vie chrétienne.

L'apôtre Paul chante le célèbre hymne à l'amour :

Je pourrais être capable de parler les langues des hommes et celle des anges, mais si je n'ai pas l'amour, ma parole n'est rien de plus qu'un tambour bruyant ou une cloche qui résonne.
Je pourrais avoir le don de transmettre des messages reçus de Dieu, je pourrais posséder toute la connaissance, et comprendre tous les secrets, je pourrais avoir toute la foi jusqu'à déplacer les montagnes, mais si je n'ai pas l'amour, je ne suis rien.
Je pourrais distribuer tous mes biens pour la nourriture des pauvres, et même livrer mon corps pour être brûlé, mais si je n'ai pas l'amour, cela ne me sert de rien...
Ces trois choses demeurent : la foi, l'espérance et l'amour ; mais la plus grande des trois, c'est l'amour.
1 Corinthiens 13

La question importante n'est pas celle de l'existence de Dieu, mais de savoir si nous laissons la puissance créatrice de Dieu réorienter et dynamiser notre vie pour que nous participions, comme cela a été le cas de Jésus-Christ, à la création du Monde Nouveau.
Nous ne faisons que fuir cette question fondamentale si nous nous centrons sur la question de l'existence de Dieu et du développement de notre piété personnelle.
Les évangiles ne nous montrent pas Jésus cherchant à développer le sentiment religieux de son entourage mais à le mobiliser dans l'Esprit d'amour de Dieu.

L'esprit magique. C'est celui qui cherche à s'assujettir la force surnaturelle à son seul profit. Le Saint-Esprit venant en nous demeure notre seigneur, comme Dieu et comme le Christ. L'élève chrétien peine autant que l'incroyant sur son problème de mathématiques ; la souffrance du deuil est aussi vive pour le croyant que pour l'incroyant.
Le Saint-Esprit ne nous élève pas au-dessus de notre humanité ! Le Christ nous y accompagne, le Père lui donne sa transcendance, le Saint-Esprit nous renouvelle le courage d'affronter cette existence et lui donne sa dimension d'amour. Mais les difficultés ne disparaissent pas pour autant. Rappelons-nous la crucifixion de Jésus...

La guérilla quotidienne. Nous la menons contre les forces du mal que nous avons appris à reconnaître, en suivant le ministère de Jésus dans les évangiles, en participant à son combat, à sa croix, à sa victoire.
Les forces obscures vaincues par le Christ dans la lumière de Pâques nous assaillent encore et toujours. Il nous faut mener contre elles une guérilla quotidienne : la détresse de ce monde nous englobe et l'angoisse de la défaite, mais non le désespoir : le Saint-Esprit maintient vivante en nous la petite flamme obstinée de l'espérance. Ce n'est pas le succès ou l'échec qui motive notre attitude, c'est la boussole intérieure que nous avons choisie.
Citons la devise si juste du protestant qu'était Guillaume d'Orange, le grand libérateur des Pays-Bas :

Il n'est pas nécessaire d'espérer pour entreprendre
ni de réussir pour persévérer

Ouverture au Saint-Esprit. Le Saint-Esprit demeure en chaque homme de ce monde, quelles que soient sa religion, ses options personnelles, son style de vie, car Dieu est le créateur de tout ce qui vit et respire et il n'a pas d'ennemis
Il renouvelle en chacun élan vital, paix et amour ; mais son action créatrice est facilement étouffée au fond de nos coeurs. Cette foi est étrangères à notre nature humaine, aux couloirs de nos bureaux de nos ateliers, aux cours d'écoles et il faut beaucoup lire la Bible et accepter d'entrer dans le Grand Jeu de Dieu pour bénéficier pleinement de sa présence divine, apaisante et tonique.
Lorsqu'enfin, séduit et apprivoisé, on se tourne vers lui, seul véritable fondement de notre vie, pour lui dire :
- « J'ai soif de ta présence », « mon Dieu, plus près de toi », il répond :
- « Avant que tu m'aies appelé, j'étais déjà là ! dès le sein de ta mère, je te connaissais » Jérémie 1.5.

La présence de Dieu, pour sortir de son incognito, exige cette ouverture du coeur, ce changement de mentalité dont l'évangéliste Luc disait : « Écouter la Parole avec un coeur ouvert et bon » Luc 8.15.

On se tromperait en s'imaginant que cette rencontre de Dieu serait transmise tout naturellement, automatiquement, dans des rites, des sacrements qui seraient efficaces par eux-mêmes. Ceux-ci ne font que nous redire toujours : Dieu est celui qui vient encore et à nouveau vers nous ; mais la clé de sa venue se trouve en nos mains et c'est bien à nous d'ouvrir !

L'Esprit créateur. Le prophète Ezéchiel parle du Saint-Esprit créateur au VIe siècle avant Jésus-Christ, lorsqu'il voulait ranimer l'espérance fléchissante de ses contemporains déportés par l'ennemi babylonien. Il évoque (Ezéchiel 37) une vallée pleine d'ossements desséchés qui reprennent vie lorsque l'Esprit de Dieu souffle sur eux. L'Esprit de Dieu est, en effet, essentiellement créateur ; on se trompe lorsqu'on l'imagine cause d'interdictions systématiques et frustrantes.
De même que les ossements de la vision d'Ezéchiel reprennent vie lorsqu'ils sont réanimés par le souffle de Dieu, de même de multiples moments de renouveau, mille mini-résurrections nous rendront quotidiennement un peu semblables à la grande Résurrection dont le Christ fut le modèle le matin de Pâques.

On rencontre des malades qui, redécouvrant la Bible sur leur lit d'hôpital et réapprenant à se tourner vers Dieu comme vers la Source de leur vie, acquièrent malgré leur maladie, à travers leur maladie même, le courage d'affronter leur existence souffrante. Ils rencontrent la mort elle-même, non comme le spectre effrayant qu'elle est si souvent, mais comme l'amie qui passe dans la communion avec le Christ mort et ressuscité...
L'Esprit de Dieu se reconnaît dans le regard de ces vieillards que leurs rhumatismes ne rendent pas amers, ni leur grand âge sentencieux, mais qui savent trouver le chemin du coeur des jeunes.
Il se voit aussi dans la réflexion éthique de nos contemporains qui recherchent l'épanouissement de chaque créature humaine en ce monde de façon optimiste, fraternelle et souple, conservant le respect le plus scrupuleux de la personne concernée et découvrant dans chaque cas, avec recueillement la conduite que Dieu suggère : contrôle des naissances, interruption volontaire de grossesse, refus d'acharnement thérapeutique, fécondation in vitro, etc.
Le Christ pour qui la main paralysée de l'homme était plus importante que la loi du sabbat elle-même (Marc 3.1-6) nous a appris, en effet, à n'avoir aucun blocage d'aucune sorte dans notre recherche libre du mieux pour notre prochain.

 

Prière

Seigneur Jésus
sauveur qui nous révèle
le Dieu miséricordieux et compatissant
lumière venue dans nos ténèbres
Samaritain penché sur nos blessures
toi qui dis à la veuve de Naïn :
« Ne pleure plus »
Toi qui, plein de bonté
attends le fils prodigue
coeur sans rancune
qui accueille
Pierre le renégat
et Paul
persécuteur inconscient.

Ami des hommes
toi dont la colère s'élève
lorsque tu vois opprimer les petits
toi qui pries le Père pour tes bourreaux
et promets le paradis au larron pénitent
toi qui rends la vue à l'aveugle Bartimée
dont on voulait couvrir l'appel éploré
coeur pitoyable à toute misère
toi qui n'écartes personne
et qui touches les plaies des lépreux
la langue des muets
et l'oreille des sourds

Bonté infinie qui exclut toute méchanceté
toi qui pleures sur Lazare le bien-aimé
et sur Jérusalem qui se sent délaissée
envoie sur moi le Saint-Esprit de Dieu
ton amour, ta bonté, ta douceur
fais-moi partager tes joies et tes désirs...
Sois en mon coeur, sur mes lèvres et dans mon regard
fais-moi tel que tu aimes que je sois
je remets mon esprit entre tes mains.

 

.

 

Notre résurrection individuelle

 

Parmi les actes créateurs que Jésus-Christ a accomplis, les évangiles nous rapportent qu'il a ramené à la vie trois morts : le jeune homme sur la route de Naïn Luc 7. 11, la fille de Jaïrus Luc 8.40 et son ami Lazare Jean 7.11. Et bien entendu, les quatre évangiles rapportent la Résurrection de Jésus lui-même. Ces gestes sont symboliques, comme tous les autres gestes de Jésus, d'ailleurs : ils sont des signes visibles de la grande réalité invisible qu'est la Présence de Dieu en ce monde.
Plus que d'autres, ces récits de morts rendus à la vie nous mènent, il est vrai, aux limites de notre foi ! Dieu pourrait donc faire jaillir la vie de toute maladie et de toute détresse, et de la mort elle-même !

Après avoir été accompagnés toute notre vie par la Présence du Christ, c'est encore lui qui nous accueille dans l'au-delà, à notre entrée dans l'émerveillement du face-à-Face. La même Vie que le Souffle de Dieu nous avait renouvelée quotidiennement, nous relève de façon décisive en cette ultime apothéose !
La métaphore hindoue de la goutte d'eau peut nous aider : image de la vie humaine, tombée à terre avec la pluie, elle mène sa vie de goutte d'eau jusqu'à ce qu'elle rejoigne finalement toutes les autres dans la grande euphorie maternelle du Gange.

Pour convenir parfaitement à la pensée biblique, il faut préciser que chaque goutte est accueillie avec sa propre personnalité par Dieu : le Berger appelle ses brebis chacune par son nom Jean 10.3. Il faudrait préciser aussi que cela ne se fait pas « naturellement » en quelque sorte, mais grâce au Souffle créateur agissant continuellement en chacun. Voilà d'ailleurs pourquoi nous traitons de la Résurrection dans le chapitre consacré au Saint-Esprit et non au Père.

Nous ne prions pas pour les morts : nous avons confiance en Dieu pour qu'il les garde en sa maison paternelle.
Nous ne prions pas les morts : nous n'attendons pas d'eux conseils, soutien ou révélations, non plus que de la vierge Marie ou des saints. Nous ne les croyons pas source de pouvoir ou d'amour ; ils ne servent pas d'intermédiaires. C'est directement que le Souffle créateur agit dans les hommes.

 

L'Éternel est mon berger
je ne manquerai de rien
Il me fait reposer dans de verts pâturages
il me dirige près des eaux paisibles
Il restaure mon âme
Il me conduit dans les sentiers de la justice
à cause de son nom
Quand je marche dans la vallée de l'ombre de la mort
je ne crains aucun mal
car tu es avec moi.
Ta houlette et ton bâton me rassurent.
Psaume 23

 

Isolement et peur. Ces deux fléaux des grandes villes font certainement partie des souffrances dont l'Esprit de Dieu oeuvre à nous délivrer.
Le bon Samaritain de la parabole Luc 10.25 traverse le chemin pour secourir le blessé, se faire son prochain. L'Esprit saint ouvre nos coeurs afin que nous « fassions de même » comme le recommande Jésus en concluant cette parabole. Il n'approuve certainement pas que nous laissions la peur et l'isolement monter en nous en n'inscrivant pas notre nom sur notre porte ou en mettant nos numéros de téléphone sur liste rouge, ce qui ne fait évidemment que nous couper davantage de ceux dont il nous appelle à devenir le prochain !
Combien il serait souhaitable qu'au lieu de chercher à développer notre esprit de méfiance et de peur, les journaux télévisés et la publicité nous incitent au contraire à ouvrir davantage nos coeurs et notre porte, comme Jésus-Christ l'enseignait, à celui qui frappe et a peut-être besoin d'un frère. C'est l'ambiance de fraternité que recherche l'Esprit de Dieu.

 

Le Seigneur Dieu me remplit de son Esprit
il m'a consacré et m'a donné cette mission
apporter aux pauvres une bonne nouvelle
prendre soin des désespérés
proclamer aux déportés qu'ils seront libres désormais
dire aux prisonnier que leurs chaînes vont tomber
annoncer l'année de la faveur du seigneur
Esaïe 61.1

 

L'Esprit de Dieu oeuvre sans relâche en tous ceux qui s'offrent à lui et bien sûr aussi en tous ceux qui, sans peut-être en être conscients, lui ouvrent leur coeur, pour l'édification d'un monde plus fraternel et plus heureux, plus détendu et souriant.
L'essentiel serait de dire comme Paul :

« Ce n'est plus moi qui vis, c'est Christ qui vit en moi » Galates 2.20

 

 

Prière

Notre monde, ô Dieu,
devrait être un jardin,
mais il est un désert
pour tant et tant de gens.
Aide-nous à ménager en ce monde
que tu as tant aimé
des oasis de verdure
pour tous nos compagnons
et sois toi-même l'eau qui désaltère.
Ton Esprit nous tourne
vers les enfants abandonnés,
les femmes délaissées,
les hommes désoeuvrés
les parents sans amour
les mourants solitaires.
Et tu vois nos coeurs
si secs et peu préparés.

Nous t'en prions
renouvelle en nous ton Esprit de création et d'espérance.
Car sans lui, en nos vies aussi
le désert s'étendrait.

 

.

 

L'être nouveau parmi nous tous

 

Le Souffle divin donne aussi son impulsion à notre action collective pour la réalisation progressive de cet impossible monde heureux. Et bien sûr, cette action est toujours à recommencer, dans des conditions toujours nouvelles.
Ce n'est pas notre succès qui nous encourage ni notre insuccès qui nous arrête. Ce ne sont pas nos résultats qui nous motivent et nous orientent (bien que notre sens critique nous fasse constamment repenser le style de notre comportement !) mais c'est l'Être Nouveau qui grandit en nous qui demeure notre seule boussole.

Dieu disait bien à Ezéchiel :

« Ce n'est pas à cause de vous que j'agis
mais c'est à cause de mon propre Esprit
que vous avez pourtant profané »
Ezéchiel 36.22

La volonté de renouveau de Dieu se manifestant pour tous les hommes, quels qu'ils soient, dans un commun amour, l'Esprit saint nous engage ainsi dans une collaboration sans réticence et joyeuse avec tous les hommes de bonne volonté préoccupés de sauver des vies humaines profanées.
Jamais Dieu n'a tenu compte de nos distinctions et n'a réservé sa puissance créatrice aux croyants d'une certaine sorte : N'était-ce pas son Esprit de respect de homme et de liberté qui inspirait (certes à son insu !) le Romain Spartacus dans sa lutte pour la libération des esclaves de l'Empire jusqu'à ce qu'il soit vaincu et crucifié un siècle avant Jésus-Christ ?
Lui qui faisait triompher la non-violence de Gandhi ? Lui encore qui inspirait à Jules Ferry d'envoyer même les enfants pauvres à l'école de la République.

Dans tous ces cas on peut reconnaître l'élan créateur voulu par Dieu pour le mieux être du monde. Car l'Esprit de Dieu est créateur partout, en tout temps, par tous les hommes de bonne volonté, sans tenir compte de nos distinctions, et sans pensée de récupération.
C'est le même Esprit qui nous anime lorsque nous prenons conscience des forces destructrices d'humanité, de la course aux armements, de la pollution de l'environnement, de la violation des droits de l'homme, de toutes les injustices et discriminations, de la paupérisation du Tiers et du Quart-Monde.
Et parce que nous sommes orientés chaque jour à nouveau et tous ensemble par cette boussole d'amour fraternel et de dynamisme, c'est bien sûr elle qui nous incite à organiser la Croix-Bleue pour relever les alcooliques, l'ACAT pour lutter contre la torture, la Cimade pour se préoccuper du Tiers-Monde et des demandeurs d'asile. Lui encore qui inspirait Coluche dans la création des étonnants Restaurants du Coeur. Le critère de notre action demeure notre sentiment profond d'être poussés par l'Esprit créateur de Dieu.
Luther disait : « Ma conscience est captive de la Parole de Dieu ».

Bien entendu, ces actions, ces « oeuvres » comme on les nomme, pour significatives qu'elles soient de la présence créatrice de Dieu en notre monde, symboliques de ce « Royaume de Dieu » instauré dans nos coeurs et dont nous espérons la venue glorieuse, n'épuisent pas la mission de l'Église. Elles ne suffisent en rien à résoudre les problèmes de la souffrance du monde.
Comme les « oeuvres » des prophètes de l'ancien temps, comme celles de Jésus-Christ lui-même, elles ne sont justement que symboliques : même réussies, même significatives et créatrices, elles n'ont pas leur importance fondamentale en elles-mêmes : elles ne font véritablement que désigner ce qui seul importe vraiment : Un monde nouveau surgit !

 

Espérance

Seigneur, le monde n'est pas très joli
notre monde
ce monde que tu nous a donné à faire.

Les hommes ont faim,
de pain sûrement,
mais aussi de tendresse,
d'estime et d'amour.

Les hommes meurent,
parce qu'ils manquent de raison de vivre,
les hommes manquent d'espérance.
Ce n'est pas de l'or et de l'agent
qu'ils attendent de nous.
Il nous faut leur dire qui il sont,
d'où ils viennent,
pour quoi ils vivent,
où ils vont.
Et qu'il sont plus importants qu'ils ne pensent
Ils ont besoin d'entendre
que leur vie est utile,
que toute vie vaut la peine d'être vécue.

Seigneur
je voudrais dire à tout homme,
au paralysé,
à l'humilié, au boiteux, au meurtri :
« au nom de Jésus-Christ
recommence à vivre,
à croire, à espérer.
Marche, gambade,
tu peux danser de joie. »

Je voudrais, Seigneur,
redonner leur force aux mains fatiguées
et leur fermeté aux genoux qui chancellent.
Je voudrais dire
aux coeurs bouleversés
de reprendre courage.
Je voudrais le faire,
en ton Nom.

J'aurais envie de partager cette espérance
qui est la nôtre.
Je voudrais lutter avec tous mes frères les hommes
pour que le désert de ce monde
redevienne un verger
et que sur la terre des hommes
on puisse voir la tendresse
de Dieu.
Je le voudrais...

 

 

Le culte et les sacrements

 

1

Le culte

 

Certes, l'important de la vie chrétienne n'est pas le culte du dimanche mais l'amour du prochain, notre participation créatrice au grand dessein de Dieu en ce monde. Mais tous ceux qui accordent justement une importance fondamentale à ce monde de Dieu et s'efforcent d'être ouverts à l'action de l'Esprit saint, sont invités à se rassembler le dimanche au temple pour chanter et pour prier, ouvrir la Bible et méditer la prédication, participer à la sainte-cène lorsqu'elle est célébrée et à l'occasion baptiser un enfant ou un adulte.
Le culte est la station-service où l'on vient faire le plein et recharger ses batteries. La vie quotidienne use notre énergie et notre foi à tel point que pour survivre et persévérer il faut se ressourcer dans l'Esprit de Dieu. Le culte tonifie et apaise, il réoriente nos coeurs vers l'essentiel.
Certes, nous n'aurions pas besoin de l'Église, si nous étions de vrais enfants de Dieu ; ni de culte ni de la sainte-cène. Mais il serait prétentieux de le penser !

De plus, le culte est aussi la rencontre et le partage avec des frères et de soeurs dans l'Esprit de Dieu.
Il nous permet de nous laisser imprégner de l'Esprit divin et d'être ainsi plus humains, moins détournés de notre véritable vocation humaine par les idées qui courent les rues et les lieux de travail, la télévision et la presse. Car elles sont davantage suscitées par des réflexes d'égoïsme et de peur, d'esprit de clan et de paresse que par la fraternité dynamique que Dieu envisage pour nous. Les publicistes cherchent leur propre intérêt plutôt que le bien du plus grand nombre !

La louange de Dieu est une autre dimension du culte. il est heureux, en effet, de profiter de Sa présence, de Son esprit avec d'autres hommes et femmes si divers ; de chanter ensemble le Monde Nouveau auquel nous nous attachons les uns comme les autres, chacun à sa manière, et pour lequel nous sommes reconnaissants.

Les moments de malaise, de difficulté de vivre sont aussi ceux qui nous poussent davantage au culte. Moments où le couple marche mal, moments d'un deuil cruel, d'un problème professionnel ou familial. Lors d'une telle déstabilisation on a besoin de la paix et de l'encouragement du culte pour retrouver sa liberté intérieure, le pardon aussi : être accepté, aimé dans la situation où l'on est.

La prière de confession des péchés et les paroles de pardon prennent, à certaines occasions, un relief tout particulier. Il est parfois bien apaisant d'entendre le pasteur parler de paix et de pardon ; certains sont spécialement heureux de serrer la main d'autres personnes amicales et discrètes qui rayonnent de chaleur sans poser de questions embarrassantes.

Le noyau dur du Protestantisme reçoit, enfin, du culte l'occasion de se constituer de manière visible. Ce sont effectivement les quelques dizaines de fidèles qui se rassemblent régulièrement sur tel secteur géographique qui incarnent, aux yeux de tous, l'Église protestante et la maintiennent en vie, grâce à leur argent, au temps qu'ils donnent, à l'énergie et à la bonne volonté qu'il y dépensent, le pasteur qu'il y entretiennent.
C'est grâce à eux, que ceux qui viennent à en avoir besoin, pour les raisons énumérées, pour un baptême, un mariage ou un enterrement, pour l'instruction religieuse d'un enfant, peuvent y être accueillis dans un temple ouvert, chauffé, propre et en ordre, dans des salles de réunions agréables et bien adaptées, par un pasteur instruit et volontiers disponible pour eux.

 

Prière

Notre Père qui es aux cieux
envoie sur nous ton Saint-Esprit
afin que nous nous sentions tous frères
que nous sachions sanctifier ton nom
et agir avec miséricorde.

Que ton Règne vienne à nous,
Règne de justice, d'amour et de paix.

Que nous apprenions à faire ta volonté
et à nous aimer ici sur terre,
comme tes fils s'aiment au ciel.

Donne à tous les hommes le pain de la foi,
de l'espérance et de l'amour.

Fais, Seigneur, que nous oubliions haine et rancoeur.
Ne permets pas que nous nous habituions aux divisions.
Pardonne les séparations
dues à notre orgueil et à notre incrédulité,
à notre manque de compréhension et de charité.

Garde notre conscience en éveil :
c'est le péché qui divise ce que tu as uni.
Ne nous soumets pas à la tentation
d'être durs de coeur ;
délivre-nous de trouver normal
ce qui est un scandale pour le monde
et une offense à ton amour.

Notre Père
fais que nous vivions comme tes fils.

 

.

 

2


baptême et sainte cène

 

La confirmation, la pénitence, le mariage, l'ordination des prêtres, le sacrement des malades, n'étant pas mentionnés dans les évangiles comme institués par Jésus-Christ lui-même, nous ne les considérons pas comme sacrements, c'est-à-dire comme indispensables véhicules de l'invisible activité de Dieu.
Le baptême et la sainte-cène étant normalement célébrés dans le cadre du culte du dimanche, nous en parlons dans le même chapitre.
Ces gestes manifestent la participation directe de l'assemblée à la vie divine que le seigneur renouvelle en venant sans cesse à nous. Ils ne procurent rien de spécial en eux-mêmes. Cette rencontre avec le Seigneur est annoncée et expliquée dans la prédication ; dans les sacrements elle est vécue en image de façon visuelle et sensible ; en gestes, d'une manière qui n'est pas cérébrale mais qui parle aux sens.

Le baptême est un geste par lequel le baptisé était jadis tout entier plongé dans l'eau ; c'est d'ailleurs toujours le cas dans les Églises de type « baptiste ». Le baptisé vivait pour ainsi dire en direct le passage de Jésus-Christ de la mort à la vie : noyé au fond de l'eau comme le Christ était mort dans son tombeau, il se levait alors pour une vie nouvelle, comme ressuscité avec le christ le matin de Pâques, dans la première aspiration qu'il prenait en sortant la tête de l'eau.

Dans la sainte cène, quand on partage le pain, quand on se passe de l'un à l'autre la coupe de vin comme Jésus l'a fait la veille de sa mort, on revit en quelque sorte ce repas qu'il a partagé avec ses disciples en relation avec sa mort et sa résurrection : participation recueillie à sa mort évoquée au premier chapitre de cette brochure ; relation à sa résurrection victorieuse.
Signe très parlant aussi du pain multiplié pour chacun des assistants comme le Christ l'a fait dans la campagne de Galilée ; vie renouvelée dont personne ne fut exclu.

Geste de fraternité les uns avec les autres enfin, comme les repas organisés avec les infréquentables collecteurs d'impôts et autres « pécheurs ».

Rien de plus donc, dans les deux « sacrements », rien d'autre non plus, que l'enseignement que nous lisons dans les évangiles. Gestes très expressifs à partir des éléments tout simples que sont l'eau, le pain et le vin.
Aucune magie dans ces rites, aucun acte sacré ayant une puissance propre : ce n'est certes pas en revenant quelques gouttes d'eau sur la tête ou en mangeant un morceau de pain, en buvant une gorgée de vin que la transformation de notre vie et de notre pensée, de notre relation aux autres peut s'accomplir vraiment. Seule notre ouverture à l'action du Saint-Esprit peut faire surgir en nous l'Être Nouveau ; c'est en lui seul que nous mettons notre confiance, jamais en un rite matériel qui ne peut entraîner lui-même la venue de Dieu !

Ce n'est pas par le baptême
que l'on devient enfants de Dieu
c'est par la foi.

Ce n'est pas par le pain et le vin de la cène
que le Seigneur vient en nous
c'est par le Saint-Esprit.

La « présentation ». C'est pourquoi, à côté de la coutume du baptême des petits enfants, il existe aussi celle de leur « présentation ». Les parents, parrain et marraine amènent l'enfant au temple, le présentent à Dieu et à la communauté rassemblée et prennent les mêmes engagements que pour un baptême. L'enfant, devenu adolescent, demandera lui-même le baptême s'il le souhaite à l'âge de quinze ans après son instruction religieuse.

Dans la sainte-cène, toute l'assemblée présente est invités à se tenir en cercle et à se transmettre de l'un à l'autre le plateau de pain et la coupe de vin en un geste recueilli et souriant. Personne ne doit se sentir exclu, quelque que soit son Église d'origine, la qualité de sa foi ou ses problèmes de morale : Dieu s'implique toujours sans condition, dans la vie de chacun avec un amour complet. Il est juste que tous se lèvent sans scrupule et sans crainte pour le repas du Seigneur.

L'Église catholique croit devoir réserver la communion à tous pour le jour où l'unité institutionnelle des Églises sera réalisée. La tradition protestante est plutôt de manifester la grande fraternité qui existe déjà entre tous les hommes également visités par le même Père. Les protestants invitent donc tout le monde à communier dans leurs temples et se sentent libres de communier avec la même foi dans les autres églises chrétiennes.
Geste fraternel et émouvant, réponse spontanée de la foi qui préfigure le grand partage du pain dans un monde d'où personne ne sera plus exclu, où aucune faim matérielle ou morale ne frustrera plus aucun des enfants de Dieu.

Présidence de la sainte-cène. Si c'est normalement le pasteur qui préside le culte et les sacrements prévus pour ce jour-là, rien n'empêche d'autres membres de la communauté de le remplacer à l'occasion. Aucun « pouvoir » spécial n'existe en effet, qui ne serait conféré qu'au seul pasteur et qui permettrait au sacrement de fonctionner valablement. Tous et chacun peuvent présider le culte, la sainte-cène et les baptêmes, sans problème particulier, à condition, bien sûr, que cela ait lieu dans l'accord général.

Quant à la prédication, elle peut aussi être assurée par des laïcs : elle est alors spécialement appréciée par son côté souvent plus simple et prenant, exprimant la place qu'a prise Dieu dans leur vie professionnelle et familiale. La prédication des pasteurs peut être plus compétente en connaissance de la Bible et de la théologie, mais c'est parois que contraire qui se produit !

 

Prière
Le Christ en nous
le Christ derrière nous
le Christ devant nous
le Christ à côté de nous
le Christ nous a gagnés
le Christ nous réconforte et nous renouvelle
le Christ dans le calme
le Christ dans le danger
le Christ dans les coeurs de ceux qui nous aiment
le Christ dans la bouche de nos amis
et... des autres.
Saint Patrick

 

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La Bible

Lue au culte ou dans la méditation personnelle, devenue familière dans une fréquentation régulière, la Bible transmet au lecteur qui l'approche « avec un coeur ouvert et bon » Luc 8.15, un rayonnement tonique et apaisant.
On sent bien par le témoignage de Dieu lui-même au plus profond de nos coeurs que cette Présence qui surgit entre ces anciennes lignes est véritablement l'objet de notre préoccupation fondamentale.
Sans se poser la question oiseuse de la véracité historique ou géographique de tel ou tel passage, en demeurant attentifs à la grande diversité des genres littéraires (poèmes, récits épiques, textes de loi ou d'enseignement, etc.) on se sent concerné par ce qu'on lit, impliqué dans les récits ou les poèmes ; la présence de Dieu crée en nous l'Être Nouveau et fait vibrer le fond de notre être.

Merveille de ces antiques récits, écrits dans le langage et les structures mentales d'une époque bien lointaine : ils semblent toujours plus proches de nous que le journal quotidien acheté le matin même ! Aucune doctrine, aucune explication théologique, aucune autorité d'Église, ne pourra jamais prévaloir sur la puissance de ces vieux textes dont « notre conscience se sent captive », comme le disait Martin Luther.
Nous ne chercherons pas à les utiliser à notre profit pour argumenter ou illustrer tel ou tel de nos propos, ni pour défendre la justesse de notre cause ; au contraire, nous accepterons comme le disait le réformateur Zwingli, de « nous casser le nez dessus », de nous laisser remettre en cause, décaper, tant il est vrai que la nouvelle vie dans laquelle Dieu nous lance implique toujours la réorientation de nos pensées les plus habituelles.

La Bible, « Parole de Dieu ». C'est pourtant très humainement que ces textes furent écrits. La Bible n'a pas été directement dictée par Dieu. La Parole de Dieu n'a pas été faite texte mais histoire sainte et, singulièrement en Jésus-Christ, homme vivant.
La Bible est plutôt la manière dont certains témoins ont rendu compte de leur rencontre avec la Présence divine ; ils se sont exprimés évidemment à leur manière, selon leur environnement religieuse, moral, politique... Selon le langage de leur époque.
Mais la Présence en eux était si forte, leurs textes en sont tellement imprégnés, que le lecteur lui-même, lorsqu'il Lui ouvre son coeur, se sent rencontré à son tour par le Dieu dont il sent bien qu'Il est la source de la vie et que dans un monde constamment changeant, Il est toujours « Celui qui était, qui est et qui vient ».
On ne lit donc pas directement la « Parole de Dieu » dans la Bible : on écoute cette Parole telle qu'elle peut nous parvenir lors de la lecture du texte saint, dans le miracle constamment attendu à nouveau de la Présence divine.

L'Ancien Testament. C'est par ce que Jésus-Christ nous a séduits que nous lisons, comme il l'a fait lui-même, les Écritures juives auxquelles il se réfère constamment comme témoignages de la Présence de Dieu toute particulière au sein du peuple d'Israël.
Et en effet, nous qui sommes d'origine « païenne », de formation gréco-romaine plutôt qu'hébraïque, nous reconnaissons dans la Bible juive le même dynamisme créateur le même Esprit de fraternité et de liberté que dans le ministère de Jésus-Christ ; de manière variée suivant les époques et les circonstances, bien évidemment.
C'est ainsi que nous vibrons à la lecture des récits des anciens rois d'Israël, de David, de Moïse, d'Abraham, de Noé, comme s'il s'agissait de nos ancêtres.
Nous entrons dans leurs espoirs, leurs fautes, leurs enthousiasmes, de telle sorte que, comme le disait une ancêtre du Christ, étrangère, comme nous au peuple d'Israël : « Ton peuple sera mon peuple, ton Dieu sera mon Dieu » Ruth 1.16.
Nous adoptons donc Abraham comme notre père dans la foi, nous le choisissons comme ancêtre, nous nous considérons comme faisant partie de sa descendance « nombreuse comme les grains de poussière du sol » Genèse 13.16.

Nous nous sentons d'autant plus facilement familiarisés avec la terre d'Israël, « chez nous » pour ainsi dire en Canaan comme l'étaient Abraham et David, que depuis Jésus-Christ nous pensons que les frontières devraient en être ouvertes à tous en un État pluraliste  : Les mages Matthieu 2 sont venus à Jérusalem adorer celui qu'ils nommaient « le roi des Juifs », eux qui n'étaient pas juifs. Le centurion romain s'est vu reconnaître une foi plus grande qu'on ne trouve en Israël Matthieu 8.10 : Nous comprenons que, désormais, l'histoire biblique s'ouvre sur l'ensemble des nations du monde, à commencer, bien entendu par le peuple palestinien, comme d'ailleurs des psaumes d'Israël le chantaient déjà et comme le prophète Esaïe l'annonce explicitement : « je t'ai formé pour faire de toi le garant de mon engagement, dit le Seigneur, envers l'humanité, la lumière des nations » Esaïe 42.6.

La loi juive. Nous n'entrons pas dans les règles et coutumes religieuses du peuple juif (circoncision, respect du sabbat, alimentation cacher) puisque nous comprenons l'attitude de Jésus-Christ qui nous en libérait en faisant par exemple systématiquement des guérisons le jour du sabbat : C'est bien en tant que païens que nous entrons dans le Mouvement de Dieu.

 

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Le principe protestant

 

Au XVIe siècle, le mot de « protester » signifiait « affirmer sa foi », « déclarer officiellement ». Les princes protestants allemands ont « protesté » solennellement de ce qu'ils croyaient devant la diète de l'Empire.
Le professeur André Gounelle souligne que le côté « protestataire » du mot correspond bien à notre religion : les protestants « protestent » toujours contre les abus de pouvoir, les abus doctrinaux, au nom de la souveraine liberté des enfants de Dieu : « la grâce seule ! », « la foi seule ! », « l'Écriture seule ».
Ce n'est pas à cause de notre fidélité que Dieu vient à nous, ni à cause de notre participation à telle ou telle structure d'Église ou à tel sacrement ! C'est « par la grâce », par sa bienveillance seule.

La « grâce » est l'attitude du médecin qui ne demande jamais la couleur de la peau du malade qu'il va soigner, ni sa religion, sa manière de penser, ni même s'il a de l'argent ; mais seulement de quoi il souffre. Jésus-Christ ne s'est pas comparé à un juge mais à un médecin Luc 5.31.
Les protestants ne s'intéressent fondamentalement ni à l'Église, ni à ses dirigeants : « à Dieu seul soit la gloire ! ».

 

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Caractéristiques de l'Église



Malgré nos diversités, nos compréhensions diverses, les situations différentes dans lesquelles nous nous trouvons, notre commune transparence à l'Esprit divin nous rendra toujours d'accord sur les trois principes fondamentaux que voici :

 

1

Principe de liberté à l'égard de toute loi

Si la « protestation » protestante s'élève, au nom de la souveraine liberté du Saint-Esprit oeuvrant en nous, contre toute tentative des autorités de parler seules en son nom, cela n'entraîne pas l'anarchie pour autant. Les multiples comités, commissions, élus ou cooptés à différents niveaux se veulent une protection contre tout esprit de domination, toute volonté de pouvoir.
Au début du culte, après l'annonce de « la grâce et la paix vous sont données » on lit un énoncé de la « loi de Dieu ». Il ne s'agit en rien de conditions que Dieu poserait pour que nous entrions dans son amour. Ce sont plutôt de précieux moyens de réflexion sur la présence de Dieu, son amour créateur; Ces « lois » sont libératrices ; elles nous poussent vers nos prochain, nous évitent tout enfermement dans l'égoïsme, la dépression, la sclérose.

Ceux qui disent qu'ils n'ont « ni Dieu ni maître » devraient se demander s'ils sont réellement libres de tout faux dieu, de tout maître pervers. En effet, c'est bien la toute-puissance du Dieu de Jésus-Christ qui émancipe des sourdes oppressions auxquelles les hommes se soumettent souvent à leur insu, et pour leur malheur.
La « Loi de Dieu » est donc une garantie de liberté et d'humanité. Aucun commandement n'est sacré en lui-même. Jésus a résumé lui-même toute prescription, un jour qu'il lavait les pieds de ses disciples en un humble geste de rafraîchissement, en disant : « aimez-vous les uns les autres comme je vous ai aimés » Jean 13.34.

Si l'on considère les autres multiples sentences à l'impératif de Jésus qui émaillent les évangiles, on constate qu'elles convergent toutes vers le but unique de rendre à l'homme sa dignité et son épanouissement d'enfant de Dieu ; présence créatrice de Dieu rendant possible l'impossible, libérant les hommes de leurs divers blocages.
C'est ainsi qu'il disait au paralysé : « lève-toi et marche » Luc 5.23 ; à la femme en larmes : « va en paix » Luc 7.50 ; lors de la multiplication des pains : « donnez-leur vous-mêmes à manger » alors que les disciples croyaient n'avoir justement rien à donner.
Plutôt que d'une règle de morale intangible, absolue, immuable et éternelle, il s'agit chaque fois d'un appel à entrer dans le dynamisme créateur de Dieu, libéré des forces mauvaises et inhumaines.

Quant aux occasions d'oppression que sont certains règlements, elles doivent être abandonnées au nom du respect de la personne et de la créativité du Christ.
C'est ainsi que le commandement le plus sacré était alors celui du sabbat. Jésus semble l'avoir systématiquement transgressé en accomplissant des guérisons précisément ce jour-là. Il montrait ainsi que l'intégrité physique et morale d'un homme est plus importante aux yeux de Dieu que le respect d'une loi devenue un obstacle à l'épanouissement de l'homme Luc 6.1-11.
L'homme est plus important que le sabbat, que le communisme, que le capitalisme sauvage. Plus important que tout.

Tous les absolus sont inhumains et doivent être subordonnés au seul commandement d'amour du prochain.

La religion rend méchant
lorsqu'elle devient intégriste

Ce n'est pas pour donner des lois strictes que Jésus-Christ est venu et ce n'est pas pour les défendre qu'il s'est laissé crucifier.
Lorsque la Parole de Dieu s'est incarnée, ce ne fut pas en une loi écrite, en un livre saint, mais en l'homme vivant qu'était Jésus-Christ. Notre morale n'est pas de prescription mais une morale de situation. Nous avons à discerner dans chaque situation la porte que le Seigneur ouvre devant nous, le « possible » qu'il nous suggère parmi tous nos « impossibles ».

Nous ne pourrons donc pas affirmer qu'aucune femme ne devra en aucun cas se faire avorter ; qu'aucun couple ne pourra jamais divorcer et se remarier ; qu'aucun préservatif ne devra jamais être utilisé, qu'aucune IVG ne sera jamais tolérable... Les pages peuvent toujours être tournées, le poids du passé ne doit jamais devenir écrasant, le vent de liberté et du renouveau doit toujours souffler.
Dieu ne vient pas comme un empereur qui donne ses ordres. Il vient parmi les siens dans sa tendresse et sa puissance créatrice pour renouveler en eux l'Être Nouveau comme un médecin qui soigne, comme un sauveur qui renvoie libre.
C'est la première caractéristique de l'Église.

 

Prière

L'Éternel m'a dit :
« je t'ai appelé pour le salut »
Esaïe 42.6

Et ce salut, je le veux, je l'accepte, j'y crois.
Et avec moi, tous sont appelés
à s'engager dans ce mouvement du salut.
Tu fais le premier pas avec nous,
le second, les autres
tous les autres.

A côté de moi
pour être sûr que je suivrai,
Tu m'as dit :
« je te prendrai par la main ».
Comme un bien-aimé tient sa bien-aimée,
comme un frère sa soeur,
comme un père son fils.
Mais plus que tout cela,
tu me demandes à mon tour
de prendre la main de mon prochain
de tous mes prochains,
ceux que j'aime et ceux que j'aime moins
et même ceux que je n'aime pas !

Tu veux que je vive une vie d'espérance
et d'amour
sur la route libre et heureuse
de ceux qui te connaissent.
Tu ne prends pas seulement maintenant cette route avec moi,
mais tu l'as déjà suivie avec d'autres,
tu continueras après moi.

Ton histoire de salut ne s'arrête pas.
Tant qu'il y a des hommes,
tu proposes d'être leur inspirateur,
leur force et leur élan :
leur Dieu.
Tu tends la main pour qu'ils entrent
dans cette fantastique histoire,
et jusque dans la Vie éternelle.

Tu veux que je dise qui tu es.
Tu veux que je dise à mon tour
que tu donnes la lumière aux aveugles,
que dans l'obscurité de leur vie,
tu leur donnes la lumière.
Tu veux que je crie aux captifs
que tu es la liberté,
que dans les liens de colère,
d'amertume, de haine,
d'indifférence,
tu es celui qui délivre.

Que tu délivres les hommes de leur prison,
que tu abats les murs d'égoïsme,
d'incompréhension.
Tu es celui qui libère.

Claudine Castelnau

 

 

2

Principe de l'ouverture au prochain

Jésus-Christ n'était pas un penseur travaillant dans la solitude de son bureau. Il était un homme de terrain engagé dans la lutte passionnée contre les barrières séparant les hommes, car Dieu est le Père de tous les hommes. L'infidélité la plus grande au Saint-Esprit de fraternité est donc bien l'introversion, l'hostilité, les préjugés, l'isolement égocentrique. Il nous faut trouver la place de chacun dans la fraternité humaine.
L'Église est la ligue de ceux qui entendent cette parole de renouveau et lui répondent positivement.

 

Chanson

C'est Noël chaque fois
qu'on essuie une larme
dans les yeux d'un enfant.

C'est Noël chaque fois
qu'on dépose les armes,
chaque fois qu'on s'entend.

C'est Noël chaque fois
qu'on force la misère
à reculer plus loin.

C'est Noël sur la terre
chaque jour.

Car Noël,
ô mon frère,
c'est l'amour.

 

Ce principe de l'ouverture au prochain vaut en particulier pour ceux qui pensent autrement que nous.
L'unité fraternelle des enfants de Dieu survient dans l'acceptation simple et cordiale des autres. L'unité ne se construit pas malgré nos différences disait le professeur Oscar Cullmann, mais grâce à l'acceptation de notre diversité, grâce au pluralisme (« L'Unité par la diversité », Cerf).

L'oecuménisme qui prend justement sa source dans la fidélité à cette parole de recherche du prochain ne doit pas être plus ou moins poursuivi selon qu'il réussit ou piétine. Nous serons toujours résolument missionnaires et infatigablement oecuméniques à cause de notre boussole intérieure.
La liberté de parole et de réflexion revendiquée pour les autres comme pour soi-même est une composante indispensable de cette grande fraternité ; faute de cette communication, les relations ne sont qu'illusoires.
Ainsi, multiplions-nous les conférences, les échanges de chaires entre pasteurs et prêtres.
Ainsi la presse et la radio, les publications et l'enseignement des Églises doivent-ils absolument être libres et ouverts, sans censure aucune.

Accepter les inacceptables. La « grâce » de Dieu est d'accepter les inacceptables (et nous en sommes d'ailleurs fréquemment aux yeux des autres). Jésus « acceptait » les collecteurs d'impôts, pourtant collaborateurs méprisés des occupants romains, les prostituées aussi. Mais ce n'était pas pour les approuver !
Ce n'est pas pour avoir lutté contre des hommes que Jésus a scandalisé puis a été rejeté et crucifié mais pour avoir combattu avec une détermination totale toutes les forces du Mal.
Il faut accepter et aimer les hommes inacceptables comme Dieu qui « fait lever son soleil sur les bons et sur les méchants » Matthieu 5.45.
Cet amour est pétri d'espérance. Mais on ne confondra pas celui qui fait le mal et détruit avec celui qui fait le bien, construit et aime.

 

C'est Noël dans les yeux de l'ami
qu'on visite sur son lit d'hôpital.

C'est Noël dans le coeur de tous ceux qu'on invite
pour un bonheur normal.

C'est Noël dans les mains de celui qui partage
aujourd'hui notre pain.

C'est Noël quand le pauvre
oublie tous les outrages
et ne sent plus sa faim.

C'est Noël sur la terre
chaque jour,

Car Noël,
oh ! mon frère,
c'est l'amour.

 

 

3

Principe de l'analyse lucide

Toute recherche d'un monde meilleur, plus humain et plus fraternel, implique une parole claire contre tout ce qui tend à le détruire.
L'attitude la plus suicidaire que puisse prendre l'Église serait de ne pas oser proclamer son idéal par crainte de choque, par crainte de réactions hostiles. Ne pas dénoncer les manques d'amour, ne pas analyser leurs causes fait plus de tort à notre vocation que toutes les attaques contre les principes de Dieu.
Nous devons dévoiler les forces destructrices d'humanité, qu'elles soient psychologiques, économiques, politiques. L'Église est libre à l'égard de toute idéologie de droite ou de gauche.

La présence rafraîchissante de l'Esprit divin nous empêche d'être jamais lassés. Les difficultés et les oppositions ne manquent naturellement pas mais la flamme d'espérance ne s'éteint jamais dans les coeurs, car elle est née à Noël et s'épanouit dans l'apothéose de Pâques.
Ainsi, quelles que soient les circonstances, la vision du Royaume de Dieu demeure toujours mobilisante pour notre marche en avant.
C'est bien là notre commune préoccupation fondamentale.

 

Poème

Ce qui se passera de l'autre côté
quand tout pour moi aura basculé
dans l'éternité
je ne le sais pas.

Je crois, je crois seulement
qu'un amour m'attend.

Je sais pourtant qu'alors
il me faudra faire
pauvre et sans poids
le bilan de moi

Mais ne pensez pas que je désespère.

Je crois, je crois tellement
qu'un amour m'attend.

Ne me parlez pas des gloires
et des louanges des bienheureux
et ne me dites rien non plus des anges.

Tout ce que je peux
c'est croire, croire obstinément
qu'un amour m'attend.

Maintenant mon heure est si proche
et que dire ?
Oh ! mais sourire...

Ce que j'ai cru
je le croirai plus fort
au pas de la mort

C'est vers un amour
que je marche en m'en allant
C'est dans un amour
que je descends doucement.

Si je meurs, ne pleurez pas
C'est un amour qui me prend
Il va m'ouvrir tout entier (e)
à sa joie, à sa lumière.

Si j'ai peur
et pourquoi pas ?
rappelez-moi simplement
qu'un amour, un amour m'attend.

Sœur Marie du Saint-Esprit
Carmel du Christ Roi
Nogent sur Marne

 

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