Le christianisme et la
haine « biblique »
Nous les chrétiens, nous sommes bons pour bien
des choses. Aider les autres, être bien habillé
le dimanche. Citer la Bible. Organiser des repas
fraternels. Aider les autres membres de
l’Église. Célébrer des mariages, des
enterrements, des cultes. Mais ce qui est
peut-être notre principale spécialité est de mal
interpréter la Bible puis de courir partout pour
en parler. Honnêtement nous avons des
compétences de fou.
L’histoire confirme tout à fait cela. Nous avons
utilisé la Bible pour soutenir, promouvoir et
imposer quantité de choses non-chrétiennes :
esclavage, holocauste, ségrégation, oppression
des femmes, apartheid, Inquisition, violence
familiale, toute sortes d’exploitation et on
pourrait établir une liste sans fin.
Bizarrement, quand on demande à un théologien
quel est le cœur de la doctrine de l’Église, il
répond toujours : « l’amour ». L’amour et la
grâce.
La grâce et le pardon.
Très bien. Quel que soit le terme utilisé, il
emploiera un mot qui indiquera le contraire de
l’oppression, de la domination, de la haine et
de l’exclusion que l’Église a pourtant
pratiquées.
Ces atrocités ont été le résultat du désir de
l’Église de se substituer à Dieu, comme si un
groupe de chrétiens se trouvait particulièrement
aimé et choisi par Dieu et pouvait avoir une
connaissance complète de sa volonté. Et
naturellement ceux qui pensent ainsi
appartiennent toujours au groupe dominateur qui
se croit béni. Tant mieux pour eux.
Pourtant Jésus a bien montré que nous ne devions
pas nous mettre à la place de Dieu et que, à la
différence de ce que beaucoup s’imaginent, il
nous aime tous également.
Et pourtant, on le fait toujours. Mais lorsque
nous avons faussement joué le rôle du juge
céleste, nous réalisons que nous n’avons pas eu
raison.
Nous prenons conscience, en pratiquant une
lecture historique et critique des lettres du
Nouveau Testament, qu’en réalité Paul n’était
pas pour l’esclavage et que nous n’avons pas
raison de le citer pour justifier l’esclavage
(ou la domination des femmes, le racisme etc) :
dans la Bible c’est toujours l’amour qui gagne.
Toujours.
La haine en d’autres mots
Bien sûr nous avons « adouci » notre utilisation
de la Bible. Nous avons appris à dire « haïr le
péché, aimer le pécheur » mais cela ne nous
empêche pas d’identifier dans notre discours le
péché et le pécheur. Celui dont l’orientation
sexuelle est homosexuelle, bi-sexuelle ou queer
ne peut pas plus se distinguer de sa sexualité
qu’un hétérosexuel ne le peut. Comme si l’on
disait : « aimer la pizza et détester sa
garniture ». La pizza n’existe pas sans sa
garniture. Il n’est pas vrai que nous aimons
quelqu’un si nous ignorons ses orientations.
Je pense que notre « adoucissement » du langage
a beaucoup à voir avec avec le fait qu’il nous
rend « meilleurs » mais n’améliore guère la
situation des LGBTQ. La relation d’amour-haine
(surtout de haine) que l’Église entretient avec
ce groupe ne fait que les enfermer dans un
sombre réduit qui les conduit pour certains au
suicide. L’Église et son comportement à leur
égard sont responsables de la plus grande partie
de leurs souffrances, de leur anxiété, de leurs
doutes d’eux-mêmes, de la maltraitance qu’ils
subissent et qui en mène jusqu’à la mort.
Tout ceci n’est pas vraiment de l’amour.
Ni de la grâce.
Mais montre que nous avons certainement besoin
d’être pardonnés.
Beaucoup de chrétiens perdent leurs références
dans ces circonstances et sont tentés d’affirmer
ce qu’ils ont envie de croire plutôt que de
suivre l’enseignement de Jésus qui est, il est
vrai, souvent difficile à admettre. Entre
parenthèses, Jésus n’a jamais dit un mot sur
l’homosexualité mais il a dit d’arracher notre
œil « s’il est pour nous une occasion de chute »
(Matthieu 5.29), ce qui nous rendrait évidemment
tous aveugles beaucoup plus sûrement que le
fameux « œil pour œil, dent pour dent ».
La
Bible, manuel de sexualité
Certains utilisent la Bible comme un véritable
manuel de sexualité supposé dire ce qui est
acceptable ou non aux yeux du Seigneur notre
Dieu, ce qui délimiterait le groupe de ceux
qu’il est permis de juger et dont nous pouvons
dire tout le mal que nous pensons puisqu’il est
clair que la sainteté est de notre côté.
Mais en réalité, la Bible n’est en rien un
manuel de sexualité. Par exemple, non seulement
elle promeut le mariage d’un homme et d’une
femme, mais elle ajoute qu’ils doivent être tous
deux de la même foi. Elle précise que l’épouse
doit être soumise à son mari (Éphésiens 5.22)
mais aussi qu’elle justifie de sa virginité sous
la menace d’être lapidée (Deutéronome 22.20-21).
Et d’ailleurs il serait mieux que le mariage
soit arrangé par les familles (Genèse 24.37-38).
Mais il y a mieux :
Si une femme devient
veuve et si elle n’a pas de fils, elle doit
épouser le frère de son défunt mari et
coucher avec lui jusqu’à ce qu’elle ait un
fils (Marc 12.19)
La Bible montre aussi qu’il est bon d’avoir des
concubines. De nombreux « hommes de Dieu »
étaient mariés et au moins trois d’entre eux
avaient plusieurs concubines (Abraham, Caleb,
Salomon) tout en demeurant de bons « hommes de
Dieu ».
Dieu a souvent béni des polygames (Ésaü, Jacob,
Gédéon, David, Salomon).
Rien de tout cela n’est très attrayant.
Faire des choix
Nous avons pour la plupart suffisamment
progressé dans notre connaissance des écrits
bibliques pour savoir qu’il convient de les
situer dans leur contexte historique et nous
récusons donc les « obligations éthiques
que je viens de mentionner. Mais nous n’avons
peut-être pas poussé notre travail jusqu’à
relire les versets que l’on appelle les «
versets excluants ». Excluants dans la mesure où
ils sont régulièrement utilisés pour exclure les
gay et ceux qui s’efforcent de leur rendre leurs
droits.
On peut remarquer que, de toutes les situations
que je viens de mentionner, l’orientation
sexuelle est la seule qui ne dépend pas d’un
libre choix personnel. La polygamie, les
concubines, épouser le frère et son mari défunt
sont des situations que l’on choisit librement
et à propos desquelles nous avons décidé
librement d’ignorer l’enseignement des textes
bibliques. L’orientation sexuelle n’est pas un
choix libre (certains, il est vrai le prétendent
mais nos connaissances scientifiques sont
indiscutables et je n’entre pas dans cette
fausse discussion).
Il est aussi intéressant de remarquer qu’il est
considéré comme un libre choix de juger et de
marginaliser les homosexuels, les bi-sexuels et
les queer et beaucoup moins d’être homosexuel,
bi-sexuel ou queer.
Puisqu’il est si difficile de se libérer de ces
versets excluants, étudions-les brièvement l’un
après l’autre.
Avant de commencer, mettons-nous d’accord sur un
point : quand la Bible a été écrite, on
considérait la terre comme plate, le soleil
tournait autour de la terre et l’idée même
qu’une personne pouvait avoir une quelconque
orientation sexuelle était tout à fait inconnue.
Ce concept n’est apparu que dans le courant du
19
e siècle.
Il est vrai que quelques versets bibliques
mentionnent des relations homosexuelles
(pratiquement tous entre hommes). Mais notre
reconnaissance actuelle de l’orientation
sexuelle nous fait prendre conscience du fait
que ces auteurs n’en avaient pas la moindre idée
et ne prétendaient en rien en parler. Que
cherchaient-ils donc à dire dans ces versets «
excluants ». c’est ce que nous allons voir
brièvement.
Les
versets excluants
Genèse 19.1-11
Les deux
anges arrivèrent à Sodome sur le soir ; et
Lot était assis à la porte de Sodome.
Quand Lot les vit, il se leva pour aller
au-devant d'eux, et se prosterna la face
contre terre.
Puis il dit :
- Voici, mes
seigneurs, entrez, je vous prie, dans la
maison de votre serviteur, et passez-y la
nuit ; lavez-vous les pieds ; vous vous
lèverez de bon matin, et vous poursuivrez
votre route.
- Non,
répondirent-ils, nous passerons la nuit
dans la rue.
Mais Lot les pressa
tellement qu'ils vinrent chez lui et
entrèrent dans sa maison. Il leur donna un
festin, et fit cuire des pains sans
levain. Et ils mangèrent.
Ils n'étaient pas
encore couchés que les gens de la ville,
les gens de Sodome, entourèrent la maison,
depuis les enfants jusqu'aux vieillards ;
toute la population était accourue.
Ils appelèrent Lot,
et lui dirent :
- Où sont les hommes
qui sont entrés chez toi cette nuit ?
Fais-les sortir vers nous, pour que nous
les connaissions.
Lot sortit vers eux à
l'entrée de la maison, et ferma la porte
derrière lui.
Et il dit :
- Mes frères, je vous
prie, ne faites pas le mal !
Voici, j'ai deux
filles qui n'ont point connu d'homme ; je
vous les amènerai dehors, et vous leur
ferez ce qu'il vous plaira. Seulement, ne
faites rien à ces hommes puisqu'ils sont
venus à l'ombre de mon toit.
Ils dirent :
- Retire-toi !
Ils dirent encore :
- Celui-ci est venu
comme étranger, et il veut faire le juge !
Eh bien, nous te ferons pis qu'à eux.
Et, pressant Lot avec
violence, ils s'avancèrent pour briser la
porte.
Les hommes étendirent
la main, firent rentrer Lot vers eux dans
la maison, et fermèrent la porte.
Et ils frappèrent
d'aveuglement les gens qui étaient à
l'entrée de la maison, depuis le plus
petit jusqu'au plus grand, de sorte qu'ils
se donnèrent une peine inutile pour
trouver la porte.
A la fin, les gens de la ville n’ont pas eu ce
qu’ils voulaient. Ils voulaient dominer les
étrangers. Ils voulaient les humilier comme le
faisaient les les guerriers après avoir pris une
ville et à l’époque l’humiliation avait lieu
lorsqu’un homme se trouvait « en-dessous » comme
c’était le cas des femmes. Après tout, celles-ci
étaient considérées comme la propriété des
hommes, faibles, douces, inférieures aux hommes.
Sodome est mentionnée plusieurs fois dans la
Bible comme le modèle du péché. Et que pouvait
être le péché ? Des textes, entre autres,
d’Esaïe, de Jérémie et d’Ézéchiel le disent.
Esaïe 1.10-17
Écoutez la parole de
l'Éternel, chefs de Sodome !
Prête l'oreille à la
loi de notre Dieu, peuple de Gomorrhe !
Qu'ai-je affaire de
la multitude de vos sacrifices ? dit
l'Éternel.
Je suis rassasié des
holocaustes de béliers et de la graisse
des veaux ;
Je ne prends point
plaisir au sang des taureaux, des brebis
et des boucs.
Quand vous venez
vous présenter devant moi,
Qui vous demande de
souiller mes parvis ?
Cessez d'apporter de
vaines offrandes :
J'ai en horreur
l'encens,
Les nouvelles lunes,
les sabbats et les assemblées ;
Je ne puis voir le
crime s'associer aux solennités.
Mon âme hait vos
nouvelles lunes et vos fêtes ;
Elles me sont à
charge ;
Je suis las de les
supporter.
15 Quand vous
étendez vos mains, je détourne de vous mes
yeux ;
Quand vous
multipliez les prières, je n'écoute pas :
Vos mains sont
pleines de sang.
16 Lavez-vous,
purifiez-vous,
Otez de devant mes
yeux la méchanceté de vos actions ;
Cessez de faire le
mal.
17 Apprenez à faire
le bien, recherchez la justice,
Protégez l'opprimé ;
Faites droit à
l'orphelin,
Défendez la veuve.
Dans ce texte d’Esaïe, le péché est de pratiquer
l’injustice, ne pas soutenir les opprimés, les
orphelins et les veuves.
Jérémie 23.14
Mais dans
les prophètes de Jérusalem j'ai vu des
choses horribles ;
Ils sont adultères, ils marchent dans le
mensonge ;
Ils fortifient les mains des méchants,
Afin qu'aucun ne revienne de sa méchanceté
;
Ils sont tous à mes yeux comme Sodome,
Et les habitants de Jérusalem comme
Gomorrhe.
Dans ce texte c’est l’adultère.
Ézéchiel 16.48-49
Je suis
vivant ! dit le Seigneur, l’Éternel,
Sodome, ta sœur, et ses filles n'ont pas
fait ce que vous avez fait, toi et tes
filles.
Voici quel a été le crime de Sodome, ta
sœur. Elle avait de l'orgueil, elle vivait
dans l'abondance et dans une insouciante
sécurité, elle et ses filles, et elle ne
soutenait pas la main du malheureux et de
l'indigent.
Ici le péché est de ne pas aider les malheureux
et les indigents.
Le péché n’est donc pas d’être gay. Le péché de
Sodome était de manquer d’hospitalité, de ne pas
être juste, de maltraiter et haïr les étrangers,
de ne pas s’occuper des marginalisés. Après
tout, dans la société d’aujourd’hui, qui est
plus marginalisé et maltraité que les LGBTQ. Et
ce n’est pas réjouissant.
Lévitique 18.22
Tu ne
coucheras point avec un homme comme on
couche avec une femme. C'est une
abomination,
Lévitique 20.13
Si un
homme couche avec un homme comme on couche
avec une femme, ils ont fait tous deux une
chose abominable ; ils seront punis de
mort : leur sang retombera sur eux.
Dans les commandements du Lévitique on trouve
celui de tuer les enfants désobéissants,
l’interdiction de manger les fruits de mer (Dieu
n’aime pas les crevettes !), l’interdiction de
se faire couper les cheveux sur les côtés (et
moi qui aime les Beattles !), l’interdiction de
toucher et de manger du porc (pas de bacon au
petit déjeuner !) ainsi que l’interdiction du
contrôle des naissances par la méthode du compte
des jours et du sexe gay. C’est à cause de cette
mention que je parle de tout cela.
La section du Lévitique où se trouvent ces
versets excluants est nommée « code de pureté ».
Premièrement, la pureté dépend premièrement de
conserver les choses comme elles « doivent »
être. « Doivent » est mis entre guillemets car
les raisons de cette « obligation » n’avaient
aucune base objective et ceux qui les avaient
imaginées ignoraient les arguments scientifiques
à une époque où la science, comme du moins nous
la comprenons aujourd’hui, n’existait pas
encore. Les raisons qui les motivaient étaient
pour la plupart basées sur des observations
superstitieuses. Une importante partie de ce
code de pureté était basée sur l’idée que le
monde fonctionne selon des règles prédéfinies et
permanentes : tous les poissons ont des
nageoires, tous les animaux aux sabots divisés
ruminent, la vie est transmise par le sperme
mâle (les femmes ne sont que le lieu
d'incubation). Et ce qui n’adhère pas à cette
vision millénaire du monde et une « abomination
» ou plus précisément « impure ».
Deuxièmement, le code de pureté définissait les
Israélites comme n’étant pas Cananéens. Il en
est ainsi lorsque certains chrétiens reçoivent
le Vendredi-saint la marque de cendre sur le
front ou pratiquent quelque renoncement durant
le carême, ce qui est également une manière de
manifester que « nous ne sommes pas eux.
»
Il est vrai qu’il y a aussi d’autres raisons qui
justifient certaines lois (comme il y a d’autres
raisons pour les renoncements du carême), mais
ces deux-là sont les plus significatives et ce
sont elles qui expliquent les versets excluants.
En conséquences, qu’allons-nous faire de ce
code, nous chrétiens de l’âge scientifique et en
principe éclairés ? Nous savons que les
crevettes sont bonnes à manger (en tous cas pour
la plupart d’entre nous). C’est pourquoi, en ce
qui me concerne, j’emprunte à Benjamin Franklin
sa citation : « elles sont délicieuses et sont
donc la preuve de l’amour que Dieu nous
manifeste. »
Finalement, nous pouvons dire que le Lévitique
était une bonne chose pour le peuple de Dieu tel
qu’il se comprenait et comprenait le monde il y
a 3000 ans. Mais en ce qui concerne les
coquilles Saint-Jacques, l’interdiction de
toucher et de manger du porc, de couper nos
mèches de cheveux et nos barbes, de lapider les
enfants qui n’ont pas respecté leurs parents,
nous avons pris l’habitude de n’en rien faire
dans la mesure où elles ne sont aujourd’hui que
stupidité.
Tous les poissons n’ont pas de nageoires,
certains sont en forme de virgule rose et sont
délicieux avec un verre de Riesling. Tous les
animaux à sabots fendus ne rumient ruminent pas.
Certains se roulent dans la boue et nous
procurent d’excellents breakfast. Je vous
conseille d’y envelopper une crevette, de les
faire griller ainsi : je vous promets que Dieu
ne vous foudroiera pas et lorsque vous y aurez
mordu vous conviendrez que ce n’est en rien une
abomination (elle pourrait, il est vrai, être
légèrement « impure » si vous ne l’avez pas bien
déveinée).
Ces versets excluants étaient basés sur la
conception de l’époque du sexe et de la
sexualité qui était aussi peu informée que
celles du soleil, des poissons, du porc ou des
raisons de lapider les enfants. Il serait temps
aujourd’hui d’abandonner ces perspectives
archaïques et d’apprendre à reconnaître ce qui
est réellement une abomination aux yeux de Dieu
: le manque de compassion et d’amour, l’attitude
de jugement à l’égard des autres, ainsi que la
pratique et la promotion de la haine.
Romans 1. 26-28
Dieu les
a livrés à des passions infâmes ; car
leurs femmes ont changé l'usage naturel en
celui qui est contre nature ;
et de même les
hommes, abandonnant l'usage naturel de la
femme, se sont enflammés dans leurs désirs
les uns pour les autres, commettant homme
avec homme des choses infâmes, et recevant
en eux-mêmes le salaire que méritait leur
égarement.
Comme ils ne se sont
pas souciés de connaître Dieu, Dieu les a
livrés à leur sens réprouvé, pour
commettre des choses indignes.
Tant mieux pour vous, mesdames ! Jusqu’à présent
vous étiez exclues des questions d’éthique de la
Bible mais ce texte vous fait rejoindre les
hommes.
Il est clair qu’il y a une grande différence
entre ce que Paul entend enseigner d’une part et
d’autre part la signification excluante que lui
donnent certaines personnes : Paul ne parle pas
ici d’homosexuels ayant entre eux des relations
homosexuelles consenties.
Il faut savoir que, dans le monde romain, la
plupart des relations de même sexe était la
prostitution masculine avec de jeunes garçons.
Ce que Paul condamne donc la pédérastie et la
prostitution que tout le monde réprouve de nos
jours.
Il condamne peut-être aussi les relations de
même sexe que des prêtres des Dieux de la
fertilité méditerranéenne pratiquaient et
auxquelles ils donnaient une signification
religieuse.
En dehors de ces deux interprétations les
lecteurs de l’époque ne devaient rien
comprendre.
L’interprétation qui me semble la plus
convaincante est celle qui se focalise sur le
mot « naturel ». L'usage « naturel » de la
femme. Ce mot a conduit certains à parler des
relations LGBTQ comme « anti-naturelle », alors
même qu’on les trouve dans la nature (une étude
mentionne qu’elles apparaissent dans 1500
espèces animales). Mais ils donnent au mot «
nature » le sens de « normal ».
Il faut remarquer qu’en réalité, le mot
qu’emploie ici Paul est le grec
physikos
qui ne signifie pas « naturel » mais tend à
désigner ce qui arrive naturellement dans la
création de Dieu. Paul s’intéresse à ce qui
appartient à notre nature et non à ce qui serait
acceptable, « normal » aux yeux des
hétérosexuels. Paul semble parler de relations
de même sexe dans lesquelles l’un des
partenaires au moins ne serait pas véritablement
consentant, pour lequel la chose ne serait pas
dans sa nature.
Compris de cette manière, il serait également
coupable pour un homosexuel d’avoir des
relations homosexuelles. Cela serait contre sa
nature. Il ne serait pas né ainsi. Ironiquement,
ceux qui disent aux LGBTQ que ce verset de
l’épitre aux Romains les adjure d’arrêter d’être
ce qu’ils sont, les pousse en réalité à
commettre le péché d’aller contre leur propre
nature.
En fait, ce texte a tellement été utilisé contre
l’homosexualité que l’on s’imagine qu’il a
intentionnellement été écrit dans ce but. Il
n’en est rien.
Romains 1. 29-31
Étant
remplis de toute espèce d'injustice, de
méchanceté, de cupidité, de malice ;
pleins d'envie, de meurtre, de querelle,
de ruse, de malignité, rapporteurs,
médisants, impies, arrogants, hautains,
fanfarons, ingénieux au mal, rebelles à
leurs parents, dépourvus d'intelligence,
de loyauté, d'affection naturelle, de
miséricorde.
Dès le verset 29, Paul établit une liste de
péchés si extensive que chacun se retrouve
forcément dans l’un d’eux. « Nous sommes tous
pécheurs, montre Paul, vous ne pouvez pas le
nier. » Et donc nous nous opposons tous à ce que
nous avions été créé pour être. Combien de fois
avons-nous fait quelque chose, senti la
culpabilité ou la honte et avons-nous dit : « Je
n’aurais pas dû faire cela, cela ne me ressemble
pas. »
Comme Paul le dit plus loin :
Tous ont
péché et sont privés de la gloire de Dieu.
Comme il le dit au début du chapitre 2 :
O homme,
qui que tu sois, toi qui juges, tu es donc
inexcusable ; car, en jugeant les autres,
tu te condamnes toi-même, puisque toi qui
juges, tu fais les mêmes choses.
1 Corinthiens 6. 9-10
Ne
savez-vous pas que les injustes
n'hériteront point le royaume de Dieu ? Ne
vous y trompez pas : ni les impudiques, ni
les idolâtres, ni les adultères, ni les
efféminés, ni les infâmes, ni les voleurs,
ni les cupides, ni les ivrognes, ni les
outrageux, ni les ravisseurs, n'hériteront
le royaume de Dieu.
1 Timothée 1. 9-10
Sachant
bien que la loi n'est pas faite pour le
juste, mais pour les méchants et les
rebelles, les impies et les pécheurs, les
irréligieux et les profanes, les
parricides, les meurtriers, les
impudiques, les infâmes, les voleurs
d'hommes, les menteurs, les parjures, et
tout ce qui est contraire à la saine
doctrine,
J’ai joint ces deux textes excluants car ils
utilisent de la même manière le même mot grec
arsenokoitēs qui signifie « prostitué
homme ». Il peut aussi désigner « le client d’un
prostitué homme », « un agresseur de jeune
garçon » etc. Ce mot est donc difficile à
traduire, d’autant plus qu’il ne se trouve dans
la Bible que dans ces deux textes et d’autre
part qu’il est fort possible qu’il ait été créé
par des judéo-chrétiens entendant rendre ainsi
un mot hébreu dont le sens serait aujourd’hui
perdu. La seule chose dont les biblistes sont
sûrs est qu’il ne saurait désigner une simple
relation homosexuelle de deux hommes.
Un autre mot apparaît dans le texte de I
Corinthiens :
malakos qui signifie
littéralement « doux ». Il est utilisé pour
désigner des choses aussi diverses que des
soldats faibles (doux) au combat, des hommes
menant une vie extravagante et protégée (une vie
« douce »). Rien qui soit obligatoirement
sexuel.
Si Paul avait voulu mentionner une attitude
soumise dans la relation homosexuelle (ce qui ne
désigne pas n’importe quelle relation
homosexuelle), il est vraisemblable qu’il aurait
utilisé le mot kinaedos qui est courant dans ce
cas-là. Restons-en donc là.
Versets excluants
Cette étude des versets « excluants » montre que
les textes bibliques ne qualifient pas
l’homosexualité de péché et que si on veut
néanmoins le faire, c’est parce qu’on en a
personnellement la conviction. Mais ce serait
une prétention abusive de le faire au nom de
Dieu. C’est ce qu’on appelle « prendre le nom de
Dieu en vain ».
Et dans ce cas Paul répond :
O homme,
qui que tu sois, toi qui juges, tu es donc
inexcusable ; car, en jugeant les autres,
tu te condamnes toi-même, puisque toi qui
juges, tu fais les mêmes choses.
(Romains 2.1)