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Gilles Castelnau

 

Le Dieu qui rend humain

2e partie 

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Dieu

 

28 juin 2002

On aurait bien tort de se représenter Dieu comme un majestueux Jupiter faisant régner dans le monde un ordre équitable et heureux. Cette image, née dans le cadre du paganisme gréco-romain à l'image de l'empereur absolu de cette époque, ne correspond guère à la pensée biblique.
On a critiqué plus haut cette conception en raison de l'espérance de renouveau que Jésus-Christ apporte à chacun et qui s'oppose donc à l'idée que l'ordre de notre monde, si écrasant et injuste pour tant de nos contemporains, serait bon et divin !
Critiquons-la maintenant en refusant de ne voir en Dieu qu'un simple être personnel, face au monde comme un Général devant son armée ou un Jardinier devant son jardin.

Dieu n'est pas une personne. Certes, la théologie traditionnelle utilise ce vocabulaire dérivé du latin, pour désigner les trois « personnes » de la Trinité, le Père, le Fils, le Saint-Esprit, comme on les appelle. Mais ce mot désignait à l'époque où il fut utilisé, le masque que portait un acteur pour caractériser le rôle qu'il jouait. Par exemple, le personnage du « père outragé » ou de « la jeune fille à marier ».
- Le rôle du « Fils » est celui d'incarner la Présence divine reçue et agissante en un homme : Abraham, Moïse, David, Marie, Pierre, Paul, Jean, François d'Assise, Gandhi... Jésus était Fils unique.
- Le rôle du « Saint-Esprit » est d'insuffler cette puissance créatrice au coeur de tout ce qui respire, humains, animaux, plantes. Enthousiasme de la création sans cesse renouvelée.
- Le rôle du « Père » est d'être le Fondement dans lequel toute vie est enracinée. Il est « aux cieux », donc englobe toute la surface du globe, Dieu unique pour tous et chacun, sans tenir compte de nos distinctions et sans favoritisme.

Dieu n'est pas non plus comme un Jardinier qui se tiendrait en face de son jardin. Il est plutôt comme la terre nourricière faisant monter dans les plantes la sève vitale.
Ce n'est pas « ailleurs », dans un ciel extérieur au monde qu'il faut se représenter Dieu. Mais plutôt dans les profondeurs de notre être, centre fécondant qui renouvelle en nous élan vital, force, joie et apaisement. Toute analogie est évidemment insuffisante et irrespectueuse. Mais, au contraire des Romains le représentant sous les traits d'un noble vieillard tenant les insignes du pouvoir, il conviendrait de le comparer au moteur qui donne sa puissance au camion dont nous sommes les conducteurs.
Youri Gagarine, le premier cosmonaute, n'a pas rencontré Dieu dans le ciel : Dieu n'est pas à l'extérieur du monde, comme le continent australien est au-delà des mers.

On ne peut naturellement pas représenter Dieu. On ne peut parler de lui qu'avec des mots humains, c'est-à-dire de façon analogique, symbolique : il est comme un père, comme un roi, un médecin. Mais il n'est pas un père à côté et en plus des autres pères ; il n'est pas un médecin qui guérit à côté et mieux que les médecins ; il est le Fondement, il est le terreau, dans lequel s'enracine le pouvoir de guérison des médecins, la sagesse des rois (et des autres gouvernants), la capacité éducatrice des pères (et des mères !).
Toute vie humaine, animale, végétale (j'aurais peine à écrire « minérale » et pourtant, les minéraux aussi n'existent et ne subsistent que par Lui !) est enracinée en lui et reçoit de lui son identité, son orientation et son élan d'amour. Il est bien plus qu'un jardinier qui contemple les roses et déplore ou arrache les ronces !
Depuis le big bang originel et dans tous les développements successifs de l'univers, dans les mouvements des galaxies inconnues comme dans les aléas des atomes, il est la Présence invisible et organisatrice. Cela ne se dessine pas mais on peut bien le concevoir. Cette conception du monde est finalement assez simple à admettre.

La conception jupitérienne de Dieu, ce que l'on appelle parfois la foi « du charbonnier », a fait beaucoup de mal en détournant les gens de ce « Dieu » qui leur apparaissait, à juste titre, absurde et incrédible. Les athées qui refusent de croire en lui ont bien raison !
Notre conception de Dieu plutôt intérieure au monde qu'extérieure, plutôt moteur de la vie qu'ordonnateur général, permet de comprendre facilement le grand mouvement cosmique que chacun constate autour de soi et en soi : hommes, animaux, plantes, planètes, soleil... Dieu est présent en notre être le plus intime ; nous lui sommes redevables et pourtant nous pensons trop peu à Lui.
Dieu notre vie, Dieu notre joie, Dieu créateur en nous de l'Être Nouveau, Dieu que nous pouvons à juste titre aimer de tout notre coeur.

Le sourire qui renaît à travers les larmes, ces élans de courage sur les lits d'hôpitaux, la force qui renaît et donne aux malades et aux mourants un regard de guéris et déjà même de ressuscités... ces alcooliques, ces drogués qui arrêtent de boire, de se piquer et entrent dès lors dans une vie nouvelle ; l'égoïste qui s'ouvre, le timide qui devient fraternel et sympathique : tous ces renouveaux, ces mini-résurrections plongent leurs racines dans la Source d'Eau vive.

 

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Le Deus ex machina

 

On nommait ainsi dans le théâtre italien une divinité faisant brusquement apparition à la fin d'une pièce pour régler une situation devenue inextricable et rétablir un ordre équitable et satisfaisant. Elle sortit « de la machine », descendant des cintres du théâtre, accrochée à des cordes.
C'est l'image d'un dieu que l'on fait intervenir lorsqu'on ne sait plus expliquer un mystère ou dénouer un drame. Ainsi, lorsque dans la tempête le capitaine ordonnait de commencer à prier, ses passager anxieux demandaient : « la situation est-elle grave à ce point ? » ; cette histoire révèle bien la conception d'un dieu intervenant de l'extérieur (ou n'intervenant pas !) pour modifier artificiellement le cours des événements.
En réalité, Dieu vient plutôt animer les esprits défaillants, renouveler leur espérance et leur permettre d'affronter courageusement la réalité.


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L'harmonie universelle

Cette idée du grand gardien de l'harmonie universelle du monde ne peut plus être facilement admise de nos jours, après les deux guerres mondiales et les cortèges d'atrocités et de bouleversement moral que nous avons connus et que nous connaissons. La logique de guerre, l'appauvrissement dramatiques du tiers monde, la résurgence ici et là d'idéologies inhumaines et violentes, rendent incompréhensible la foi au Dieu gestionnaire du « meilleur des mondes possibles ».
Le quart monde, la généralisation de la torture, l'égoïsme des puissances industrielles dominantes, la férocité et l'absence de scrupules des dictateurs locaux, montrent bien que ce n'est pas notre Dieu d'amour qui est le maître du monde.
Il est créateur de l'élan qui persiste universellement et s'exprime à travers le mal, la méchanceté et la souffrance ; il est celui qui met justement en nos coeurs l'idéal de fraternité.
Il faut traquer la conception jupitérienne jusque dans les expression quotidiennes et banales :

« Qu'ai-je fait au bon Dieu pour que tel malheur m'arrive ? »
« Prions pour que Dieu visite et nourrisse lui-même les affamés » !

Un malade angoissé à l'hôpital se perdra dans des labyrinthes d'incompréhension en cherchant un sens à l'action de ce Dieu dont on lui laisse croire qu'il le laisse lentement mourir sans intervenir ! Il reprendra courage et retrouvera la paix en puisant au fond de son âme, la force et l'harmonie qui y sont déposés par Celui qui renouvelle toutes choses.
Dieu donne la sécurité intérieure, la paix, la confiance comme un père humain le fait pour ses enfants. Il n'intervient pas de l'extérieur pour nous éviter « miraculeusement », de façon « surnaturelle » d'être renversé par une voiture lorsqu'on traverse sans regarder. Sinon, que dire de ceux que « Dieu » aurait laissé se faire écraser sans intervenir ? Serait-ce pour les punir ou éprouver leur famille ? Serait-ce parce qu'ils n'ont pas su prier avec assez de ferveur ? Ou pour les « purifier » par la souffrance ?

Dieu serait-il capable de truquer un match de tennis pour favoriser un de ses enfants privilégiés, comme Chang qui prétendait que Dieu l'avait fait gagner ? Et dans ce cas qu'en pense son partenaire ? Et si on le bénit de l'avoir fait, faut-il le maudire s'il ne le fait pas ? Et d'ailleurs lorsque Chang a perdu à Wimbeldon, est-ce parce que Dieu est moins à l'aise sur l'herbe que sur la terre battue ?
En réalité, le rôle de Dieu est bien plutôt de nous faire découvrir en nous toute sa joie, son énergie vitale, tout ce dont nous avons besoin pour préparer nos examens, assumer notre vie dans la réussite comme dans l'échec.
Il est notre ami, notre soutien le plus proche, le Père le plus aimant. Il est notre vie, le garant de notre intégrité. Il n'est pas un magicien que l'on se rendrait favorable avec des cierges et des prières !


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Le Dieu tout-puissant

On dit parfois :

L'homme propose mais Dieu dispose

pour affirmer que le Dieu qui dirige toutes choses ne les fait pas toujours aller dans le sens que nous aurions souhaité. C'est bien le contraire qu'il faut entendre :

Dieu propose mais l'homme dispose

C'est Dieu qui est en nous, qui veut que tout le monde soit sauvé des puissances du mal qui nous dominent et nous empêchent de nous épanouir. C'est bien Dieu qui veut que les plantes poussent, que les anormaux soient heureux, que les hommes soient fraternels, joyeux et bons. C'est Dieu qui nous propose toujours à nouveau une amélioration, une autre voie pour vivre un monde plus divin, plus humain. C'est Dieu qui nous propose la solution que nous n'envisageons pas.

C'est Dieu qui propose ! Et c'est souvent l'homme qui en dispose autrement ! Comme Adam et Ève mangeant le fruit interdit, on veut toujours être « comme Dieu, connaissant le bien et le mal » Genèse 3.5.

Jésus disait que nous ressemblons aux enfants mal élevés qu'on n'arrive pas à faire jouer. Qu'on leur propose de jouer au mariage « sur un air de flûte » ou à l'enterrement « en chantant des complaintes », ils ne veulent ni d'un jeu gai ni d'un jeu triste Luc 7.31ss
Dieu propose et l'homme fait... ce que nous voyons trop souvent autour de nous et en nous...
La toute-puissance de Dieu ne signifie pas que Dieu veuille et puisse changer dans le monde n'importe quoi, de sa propre initiative et de son propre pouvoir. Sa toute-puissance est qu'il peut toujours et quelles que soient les circonstances nous renouveler une possibilité de vie et nous ouvrir des fenêtres.
Ainsi Dieu renouvelle-t-il les forces anéanties du prophète Élie sans pour autant le délivrer de ses ennemis 1 Rois 19. 1-8.

 

Prière

Seigneur, tu m'as toujours donné le pain du lendemain
et bien que pauvre aujourd'hui
je crois.

Seigneur, tu m'as toujours donné la force du lendemain
et bien que faible aujourd'hui
je crois.

Seigneur, tu m'as toujours donné la paix du lendemain
et bien qu'angoissé aujourd'hui
je crois.

Seigneur tu m'as toujours gardé dans l'épreuve
et bien que dans l'épreuve aujourd'hui
je crois.

Seigneur tu m'as toujours tracé la route du lendemain
et bien qu'elle soit cachée aujourd'hui
je crois.

Seigneur tu as toujours éclairé mes ténèbres
et bien que sans lumière aujourd'hui
je crois.

Seigneur tu m'as toujours parlé quand l'heure était propice
et malgré ton silence aujourd'hui
je crois.


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Dieu se trouve, donc, au coeur du monde comme « le levain qu'une femme a enfoui dans la pâte pour la faire lever » Matthieu 13.33
Il ouvre sans cesse l'avenir, introduisant des possibilités nouvelles dans nos pensées et dans le monde : mais il ne détermine pas de manière autoritaire celles qui seront acceptées ou refusées par les hommes. Il propose, appelle influence, enthousiasme ; il tient compte des résultats qui en adviennent pour modifier son action : c'est la joie qu'il veut pour ce monde « qu'il aime tant » Jean 3.16.
Il est créateur, non seulement au-dedans de nous les hommes, mais aussi des animaux, des plantes et peut-être aussi des minéraux ; Il est indispensable à la vie du monde ; il participe à tout ce qui se passe, à toutes les réalités auxquelles nous avons affaire et d'abord à nous-mêmes. Il agit en tout ce qui bouge ; rien n'échappe à son action de même que rien n'échappe aux rayons du soleil et à l'air qui nous baigne.

Il ne faut donc pas chercher Dieu dans des « miracles », dans des interventions extraordinaires, surnaturelles, modifiant de l'extérieur le cours des événements ; on le trouve dans le quotidien, l'habituel, le normal, le naturel.
Tout vient de lui, « tout est par lui et pour lui » Colossiens 1.16.
Rien n'est plus normal et plus simple que de croire en lui et de l'aimer, alors même que nous sommes conscients de ne pas profiter de lui autant que nous le pourrions, de ne pas suivre ses impulsions mais au contraire de nous en détourner trop souvent pour faire le mal.
Mais alors même que tous et chacun le suivent peu et que le Mal triomphe fréquemment, Dieu ne s'en décourage pas pour autant et nous conserve sa présence aimante et dynamique.
Comment pourrait-il en être autrement ? Il est le Créateur !

Dieu agit en douceur : il est plus « féminin » que « masculin » ! La femme, dit-on est plus souple que l'homme : elle accepte, discute, tolère, sourit, pousse doucement, attire par séduction. Dieu a de la tendresse.

Quand Israël était enfant, je l'ai aimé...
C'est moi qui lui ai appris à marcher
en le soutenant par les bras...
Je le tenais comme on tient un nourrisson contre sa joue
et je lui donnais sa nourriture...
Osée 11.4

Dieu a fait alliance avec le peuple hébreu, mais lorsque ce peuple ne saisit pas cet élan d'amour et d'espérance, Dieu fait subsister « un reste » Esaïe 10.21. Et lorsque le Reste lui même est décevant, Dieu trouve à Nazareth une jeune fille pour un nouveau commencement de son histoire divine.
Si la jeune Marie, au lieu de son « oui » fondamental avait répondu « je ne suis pas la servante du Seigneur, qu'il ne me soit pas fait selon ta parole » Luc 1.38, Dieu n'aurait cependant pas abandonné son dessein et aurait trouvé quelqu'un d'autre, ailleurs. Sa volonté créatrice ne cesse jamais.

 

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L'omniscience de Dieu

 

Affirmer que Dieu « connaît » toutes choses ne signifie pas qu'il en soit un observateur objectif et détaché ; encore moins un programmateur méticuleux de chaque événement. les hommes (et les animaux !) disposant librement des impulsions de Dieu, personne ne peut savoir d'avance ce qu'ils en feront. Nous sommes bien libres d'organiser nos vies avec son Esprit, sa puissance et son amour universel, ou au contraire de nous en détourner.
Mais aucune situation n'est tellement obscure, aucun avenir tellement sombre et bouché, aucune nuit tellement opaque que le regard de Dieu ne puisse les pénétrer. Dieu voit toujours ce que nos regards humains ne peuvent eux-mêmes percer.
Dans le passé, sa lumière a bien souvent chassé l'angoisse de nos ténèbres, de l'inconnu. C'est en nous en rendant compte que nous disons dans la foi : « Dieu est lumière, Dieu est omniscient »

 

Prière

Nous te remercions, ô Père
pour ta Présence tendre et forte
qui renouvelle en nos coeurs la paix,
le courage d'affronter la vie
la fraternité pour vivre avec nos contemporains.

Nous te remercions, ô Père
pour ce que Jésus-Christ a fait jadis, en Galilée
et qui gonfle nos coeurs d'espérance et de foi :
les aveugles voyaient
les boiteux marchaient
les infréquentables étaient invités...

Viens en nos vies, y faire aussi du nouveau :
réconfortés et rajeunis, apaisés, tonifiés,
nous entrerons toujours à nouveau
dans la danse que tu enseignes aux hommes.

Que ton Saint-Esprit, baignant notre esprit
nous rende semblables à Jésus-Christ
et qu'à son image nous soyons des rayons de lumière
dans un monde qui en a tant besoin.


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La prière

 

Qu'elle soit collective au culte du dimanche ou individuelle dans le secret du coeur, qu'elle s'exprime par des mots ou se vive dans une méditation silencieuse, la prière nous tourne vers Dieu, fondement de notre être ; la prière est de puiser en Lui dynamisme créateur et harmonie, fraternité et joie. Elle caractérise notre situation d'enfants de Dieu.
L'homme s'arrête un instant d'agir, de créer, et « se repose » (ce qui est le mot hébreu « sabbat »).
Dieu s'est « arrêté » le septième jour : « Le septième jour toute l'oeuvre que Dieu avait faite était achevée et il se reposa au septième jour de toute l'oeuvre qu'il avait faite. Dieu bénit le septième jour et le sanctifia, car en ce jour il se reposa de toute l'oeuvre qu'il avait créée. » Genèse 2.2.
L'homme s'arrête aussi : c'est le moment de la méditation.

Ce serait se conduire avec prétention, ce serait cause d'épuisement et de dépression que de se croire capable de renouveler soi-même son élan vital, de retrouver soi-même sa stabilité. C'est sans doute de cette absence de prière et de méditation, de cette accélération de la vie solitaire que proviennent chez tant de nos contemporains les sentiments d'échec, d'impuissance, de frustration, d'insécurité dont on souffre tant de nos jours. Comment un homme (qui n'est pas Dieu !) pourrait-il en effet subsister par ses propres forces ?
En même temps que l'énergie vitale, Dieu renouvelle en nos coeurs l'élan d'amour qui nous pousse vers les autres et que nous oublions si souvent en la période d'individualisme égocentrique que nous connaissons trop actuellement.
Jamais la prière ne fera abstraction des autres, car Dieu les fait également participer à la vie qu'Il donne :

Louez l'Éternel
animaux sauvages et domestiques,
reptiles, oiseaux,
rois de la terre et tous les peuples,
princes, juges de la terre,
garçons et filles,
vieillards et enfants !
Psaume 148

 

L'amour du prochain. Le Père universel qui aime tous les hommes (et aussi les animaux, les plantes, toute sa création), ne peut se contenter de renouveler la vie de l'un si l'autre doit en mourir. Cet élan d'amour que Dieu nous inspire n'est autre que son propre Esprit créateur de la vie universelle : il n'a rien d'égocentrique (on dirait aujourd'hui : pas de corporatisme !)
Nous ne pouvons, avec son aide, créer un monde inhumain où régneraient la désunion et l'angoisse, un monde peuplé seulement d'individus. En cela aussi la prière nous change, nous réoriente, nous restitue à notre place d'enfants de Dieu trop souvent oubliée.
La prière n'est donc pas un petit plus, un petit supplément d'âme que l'on insérerait le soir à la fin d'une journée, par ailleurs bien remplie, en ajoutant quelques demandes supplémentaires, et d'ailleurs facultatives !

La prière se résume à dire :

Sans ton élan je ne puis vivre,
renouvelle au plus profond de moi courage de vivre,
paix et amour pour mes prochain :
par Toi mon impossible devient possible.

Elle devrait toujours commencer ainsi :

Envoie en moi ton Saint-Esprit, afin que, devenant davantage semblable à Jésus-Christ, je...

 

Nous chez Dieu ou Dieu chez nous ? Jésus-Christ nous a bien montré que la préoccupation de Dieu est de nous communiquer sa divinité afin de nous rendre pleinement humains. En aucun cas cela ne signifie que nous devons nous détourner de la réalité du monde, de nos préoccupations, pour nous tourner vers un monde sacré, un au-delà spirituel. La vie chrétienne ne consiste pas à pénétrer dans l'au-delà par des litanies et des exercices spirituels.
C'est Dieu qui a quitté le ciel à Noël pour être « Emmanuel, Dieu-parmi-nous » Matthieu 1.23.
De même, à Pentecôte, il s'implique en tous les hommes de notre monde. Dieu-parmi-nous et non pas nous-dans-le-ciel.

Les protestants n'ont jamais vraiment compris les litanies, les chapelets, les cierges, les prières toutes faites qui ont comme résultat de créer une atmosphère sacrée, de donner le sentiment d'une relation avec le monde de l'au-delà où l'on rencontre (en plus de Dieu) la Vierge Marie, les saints, les martyrs, les anciens responsables de l'Église, dans une sorte de contact direct.
Il n'y a pas deux mondes, celui de l'au-delà et celui d'ici-bas. Il n'y a que le monde, dans lequel l'Esprit de Dieu est continuellement présent. Nous ne sommes pas destinés à être des anges appartenant à un au-delà, mais à être des hommes appartenant à notre monde.

La prière chrétienne. La prière n'est pas caractéristique du christianisme, et l'islam, l'hindouisme, le bouddhisme la pratiquent aussi. Il arrive aussi que des athées se recueillent et prient à leur manière.
L'acte de prier n'est pas non plus une garantie d'être dans le droit chemin : les pharisiens qui ont accusé Jésus, et Pilate qui l'a fait crucifier étaient des hommes de prière et de méditation.

Il faut parler ici de la méditation de la Bible qui oriente la prière.
On peut choisir un bref passage de la Bible ou dévorer plusieurs chapitres d'un seul mouvement ; on peut ouvrir sa Bible au hasard, lire un livre entier à la suite ; on peut choisir l'évangile de Luc ou un psaume. On peut encore suivre une liste de lectures bibliques. On est alors dans l'atmosphère qui convient pour prier : la prière ne sera ni égoïste ni superstitieuse.

La prière païenne. Les gréco-romains, ces « païens » du temps du Christ, priaient Jupiter tout-puissant. Ils se prosternaient humblement devant lui comme ils faisaient devant l'empereur, tentant dérisoirement de le fléchir pour modifier à leur profit le cours des événements.
Mais Jésus disait : « ne priez pas comme les païens » Matthieu 6.7. C'est « comme des païens » que les touristes et les footballeurs prient pour le beau temps et les agriculteurs pour la pluie...
Le Seigneur se voit ainsi sollicité pour mille petits services, à l'instar d'un député qui, pour satisfaire ses électeurs, fait sauter les contraventions ou intervient pour un passe-droit.
Cette attitude spirituelle tourne le dos au ministère du Christ dont chaque geste et chaque parole concrétisait la venue du Règne de Dieu parmi les hommes.
Elle néglige le ministère du Saint-Esprit dont le rôle est de développer en nous l'humanité que Dieu désire chez ses enfants.

La prière païenne n'a pas de vision d'ensemble pour le monde ; elle ne nous fait pas ressembler au Christ ; elle ne profite par de la présence du Saint-Esprit en nous.
La prière chrétienne amène l'homme à faire ce que Dieu veut. La prière païenne voudrait amener Dieu à faire ce que l'homme veut !
La prière chrétienne encourage l'homme à disposer droitement de ce que Dieu propose. La prière païenne voudrait amener Dieu à disposer positivement de ce que l'homme propose !

La « pitié » de Dieu. De plus, oubliant la tendresse et l'amour de Dieu révélés dans le ministère de Jésus-Christ, on se laisse entraîner à considérer Dieu à notre image :
« Seigneur, aie pitié ! » dit-on alors. Effectivement, à la place de Dieu, nous manquerions probablement de cette qualité. Mais, comme le remarque Louis Évely (« La prière d'un homme moderne ») : Est-ce l'homme ou Dieu qui manque le plus de pitié ?
Louis Évely remarque aussi avec raison qu'il est choquant de demander à Dieu d'avoir pitié des affamés, alors qu'il nous a poussés, par la multiplication des pains, par exemple à les nourrir nous-mêmes. Luc 9.10

La loi juive, déjà, ne disait pas autre chose :

Quand vous ferez la moisson, tu laisseras un coin de ton champ sans le moissonner,
et tu ne ramasseras pas ce qui reste à glaner.
Tu ne cueilleras pas non plus les grappes restées dans ta vigne,
et tu ne ramasseras pas les grains qui en seront tombés.
Tu abandonneras cela au pauvre et à l'étranger.
Je suis l'Éternel, votre Dieu.
Lévitique 19.9

Choquant aussi de supplier Dieu pour la paix, comme si c'était lui le coupable de la politique internationale !
Prière païenne encore, quand nous prions pour le Tiers-monde en laissant la Bourse de Paris, de Tokyo ou de New-York manipuler les prix des matières premières à notre avantage, comptant sur Dieu pour compenser notre attitude égoïste sans cependant léser nos intérêts !

 

La prière pour les morts. Prolongeons cette réflexion en remarquant que la prière pour les morts nous met doublement en situation fausse devant Dieu :
D'une part, comme la prière pour les affamés, elle semble considérer que nous sommes plus attentifs que Dieu aux divers besoins de l'humanité, que sans notre intervention, Dieu ne s'occuperait peut-être pas des défunts avec toute l'attention souhaitable. Alors que tout au long de la vie de chacun, c'est bien Dieu qui faisait monter la vie en lui et qui nous répétait inlassablement de l'aimer et de nous occuper de lui comme d'un frère à aimer.
D'autre part la prière pour les morts semble nous situer de leur côté, et ensemble face à Dieu. Or, c'est en réalité Dieu qui est de leur côté et face à nous : c'est Dieu qui a toujours été beaucoup plus proche d'eux, durant toute leur vie, comme il est proche de nous, d'ailleurs. Dieu a toujours été le fondement de leur être, leur soutien le plus, intime, qu'ils l'aient su ou l'aient ignoré. Il n'y a pas de solidarité d'hommes entre eux face à Dieu. Dieu est solidaire des hommes face à leurs prochains qui ne les soutiennent pas toujours.

 

La prière à la vierge Marie et aux saints. Nous ne la comprenons pas. D'une part en raison de la remarque précédente qu'aucune solidarité ne peut exister entre hommes qui soit plus étroite que la solidarité que le Dieu d'amour a établie entre lui-même et nous les hommes.
Nous ne la comprenons pas non plus car elle suggère l'existence de deux mondes distincts, comme nous l'avons dit plus haut : le monde d'en-bas se situant face au monde de l'au-delà auquel appartiennent, avec Dieu, le Christ, la vierge Marie, les saints, les anges etc.
Répétons inlassablement qu'il n'y a en fait qu'un seul monde, le nôtre, pénétré, animé, régénéré par la présence du Dieu créateur, à qui est la gloire, vers qui seul vont légitimement nos prières.

 

Le Notre Père. Le Notre -Père, qui résume toutes les prières, commence par nous situer dans l'état d'esprit qui convient, en tutoyeurs de Dieu, comme des fils s'adressant paisiblement et avec confiance à leur père, dans une atmosphère familiale et non pas, nous l'avons dit, comme les esclaves antiques.
Le « nous » de cette prière éloigne l'individualisme égocentrique (du style : « mon dieu, je te demande d'aider mon clan contre les autres » !) L'esprit fraternel introduit par le « nous » aide à entrer dans le grand fleuve d'amour qui est celui du Père de tous les hommes : le « Notre Père » n'est pas une succession de demandes de quémandeur. Il a plutôt le style d'une confession de foi :
« Que ton Règne vienne » signifie : ce Règne est celui que nous préférons à tout autre, dont nous avons besoin ; nous y collaborons.
« Que ta volonté soit faite » signifie que nous n'aimerions pas la volonté d'un autre qui serait plus autoritaire, plus égoïste ; ni non plus notre propre volonté si souvent pervertie. C'est celle de Dieu qui correspond à notre préoccupation fondamentale.
Il s'agit là d'une prière joyeuse, souriante et dynamique qu'il faudrait dire chaque jour avec enthousiasme.

 

Prière

Que ton nom retentisse si fort sur notre terre
que nous reconnaissions ta présence parmi nous.
Que ton règne d'amour et de joie
vienne réchauffer tes enfants.
Donne-nous aujourd'hui notre pain,
pour déloger l'angoisse, la souffrance, le péché.
Que ta volontéqui s'est manifestée dans le Christ
se fasse aussi à travers nos efforts de justice, de partage, de paix.
Donne-nous aujourd'hui notre pain, notre part d'affection
notre part de force pour vivre et en répandre la Bonne Nouvelle.
Pardonne-nous nos offenses,
comme nous essayons aussi de pardonner les offenses
de ceux qui nous blessent, nous ignorent, ne savent pas nous aimer.
Ne nous soumets pas à la tentation du refus,
de la passivité, de la facilité, de l'évasion.
Mais délivre-nous du mal
qui s'incruste dans le monde et en nous-mêmes.

 

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