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« Voici les
Paroles de Dieu »
Il faut les croire et
obéir sans discussion
17 décembre 2003
Selon cette conception, la Bible est
tout uniment la Parole de Dieu et
toutes les instructions qui y sont contenues doivent être
comprises à la lettre comme venant de Dieu. Aimer Dieu de tout
son coeur signifie tout simplement lui obéir
fidèlement.
- L'avantage de cette
conception est qu'elle est sans ambiguïté et ne permet
pas d'hésitation.
- Elle présente néanmoins deux
inconvénients. D'une part
elle peut conduire à une attitude rigide. D'autre part elle se
heurte à des problème considérables lorsque des
différences surgissent entre les textes de la Bible, notamment
entre l'Ancien et le Nouveau Testament.
Il est d'ailleurs paradoxal de constater que c'était justement
la conception de ceux qui reprochaient exactement à
Jésus et à Paul de ne pas la suivre !
De nombreux chrétiens
déclarent adhérer à cette
position, mais en
réalité la plupart y sont peu fidèles et
laissent forcément de côté un grand nombre de
commandements. Ils abandonnent notamment l'ordre de lapider les
adultères (Dt
22.22), de s'abstenir de viande
contenant encore du sang (Lév. 19.26), de ne pas manger des animaux
« impurs » (Lév.11), de ne
pas porter des vêtements tissés de deux fibres
différentes (Lév.19.19), de
respecter absolument le sabbat, de récuser le prêt
à intérêt (Lév. 25.27), de refuser la parole aux femmes dans
l'Église (1 Ti.
2.11-12), d'obliger les femmes à
porter le voile durant la prière (1 Co 11),
d'approuver l'esclavage (Col 3.22),
d'interdire tout divorce
(Mc 10.11) etc.
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« Voici la
Parole de Dieu »
Il faut
sélectionner
Selon cette conception, il faut
sélectionner dans la Bible les passages qui sont plus importants que les autres. Beaucoup de
ceux qui déclarent adhérer à la conception
précédente suivent en réalité celle-ci, y
compris, d'ailleurs, de nombreux fondamentalistes. Cette
sélection n'est pas arbitraire ou laxiste mais est à
faire dans l'esprit de la Bible.
C'était la position de Matthieu et
de Luc :
Malheur à vous, scribes
et pharisiens hypocrites ! Vous payez la dîme de la
menthe, de l'aneth et du cumin, et que vous laissez ce qui est le plus important dans la loi, la justice, la miséricorde et la
fidélité : c'est là ce qu'il faut
pratiquer, sans négliger les autres choses. Mat 23.23, Luc 11.42
De même Jésus dit :
Il ne disparaîtra pas de
la loi un seul iota ou un seul trait de lettre, jusqu'à ce que
tout soit arrivé. Mat 5.18
mais dans les passages suivants il
privilégie les thèmes de l'amour pour les ennemis, le
meurtre, l'adultère, le divorce etc.
L'inconvénient de cette
approche est qu'elle affirme la
pérennité de tous les commandements, même des
plus petits, tout en reconnaissant que Dieu peut en avoir
modifié certains.
C'est ainsi que Dieu commande la circoncision des païens qui se
joignent au peuple (Genèse 17),
alors que l'Église primitive a cru bien faire de supprimer
cette exigence, au grand scandale de certains des premiers
chrétiens (Actes 15)
Un exemple un peu
différent est celui du
respect du sabbat. Certains récits rapportent qu'il donnait
aux besoins humains une priorité sur le commandement de ne
rien faire ce jour-là. En plusieurs occasions il aurait
parfaitement pu remettre au lendemain son oeuvre de guérison,
mais il choisit de donner l'avantage à la compassion sur le
respect de la loi. Une loi l'emporte sur une autre, comme aujourd'hui
les ambulances transgressent les limites de vitesse.
- L'avantage de cette conception est qu'elle permet de décider de l'importance
relatives des diverses prescriptions.
- Son désavantage est qu'elle laisse penser que chacun peut
décider en fonction de son propre intérêt.
C'était d'ailleurs sur ce point que Jésus et Paul
étaient l'objet de critiques.
La question se pose donc de
décider dans quel cas une
prescription l'emporte sur une autre : la compassion à
l'égard des païens permet donc de renoncer pour eux
à la loi de la circoncision et la volonté de
guérir surpasse le repos du sabbat. Pourra-t-on de la
même manière dépasser les prescriptions
concernant les esclaves, les femmes, le divorce ? Et... les
conduites homosexuelles ?
Certains pensent que oui, dans tous les
cas. D'autres non. En ce qui
concerne l'homosexualité notamment, il est clair que les
positions prises dépendent des valeurs des uns et des autres
plutôt que des textes bibliques eux-mêmes, que chacune
des parties respecte également officiellement.
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« En ces
textes se trouve la Parole de Dieu »
Il faut être
critique et engagé
Les partisans de cette
approche reconnaissent comme les
autres que Dieu parle tout spécialement dans la Bible, mais
ils affirment aussi que la « Parole de
Dieu » a été
faite homme et non livre et que l'autorité des
Écritures demeure donc toujours au-delà
d'elles-mêmes. Ils vont plus loin que les tenants de la
deuxième manière dans leur critique des
Écritures : Lorsque des passages bibliques approuvent la
violence, la discrimination, les injustices, ils les déclarent
en opposition avec le message général d'ouverture et de
vérité de la Bible ; ils ne se sentent pas
obligés de les défendre comme « Parole de
Dieu ».
Un exemple de cette
manière se trouve dans
l'évangile de Marc où Jésus déclare,
à propos des lois bibliques concernant l'alimentation, que non
seulement elles ne doivent plus être appliquées, mais
encore qu'elles n'ont jamais été valides :
Il n'est hors de l'homme rien
qui, entrant en lui, puisse le souiller; mais ce qui sort de l'homme,
c'est ce qui le souille. Mc 7.15
Un exemple actuel de cette
approche est la question de
l'homosexualité. Les auteurs bibliques considéraient en
leur temps l'homosexualité comme une perversion
délibérée ou du moins comme la
conséquence d'une perversion délibérée.
On ne le pense généralement plus de nos jours et on
considère que la discrimination à l'égard des
homosexuels, qu'elle soit dans l'Église ou dans la
société, est injuste. ce qui contredit certains
passages de la Bible.
Mais dans la logique de cette troisième manière, tout
dépend du « on ne le
pense généralement plus de nos
jours ».
- L'avantage de cette conception est qu'elle donne tout son poids à la culture
et à la science contemporaines dans la réflexion sur la
Bible.
- Son désavantage est l'évident arbitraire des décisions
qui sont finalement prises, arbitraire plus important encore que dans
la deuxième approche..
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« Ta Parole
est une lumière
sur mon sentier »
Il faut dépasser
la question du bien et du mal
Lorsque nos contemporains ouvrent la
Bible ce n'est sans doute pas pour y
rechercher une morale : les récits des écrivains
religieux de l'ancien Israël témoignent, en effet, de la
présence divine auprès des hommes, suggèrent un
nouveau regard sur Dieu et sur nous-mêmes, de nouvelles
relations les uns avec les autres, ce qui touche évidemment
beaucoup plus au coeur que la seule question du bien et du mal :
c'est la Parole de Dieu lui-même qui nous interpelle à
travers ces textes ; c'est toute l'expérience des
premiers croyants qui nous atteint. Plus qu'une morale, c'est d'une
nouveau façon de vivre avec les autres hommes qu'ils
témoignent.
Par exemple, la parole de Jésus
Le sabbat a été
fait pour l'homme et non pas l'homme pour le sabbat
Marc 2.27
montre qu'aux yeux de Dieu les hommes sont
plus importants que les lois, même les lois des
Écritures. Aimer Dieu et son prochain résume tous les
commandements :
Un des scribes, qui les avait
entendus discuter, sachant que Jésus avait bien répondu
aux sadducéens, s'approcha, et lui demanda :
- Quel est le premier de tous les commandements ?
Jésus répondit :
- Voici le premier : Ecoute, Israël, le Seigneur,
notre Dieu, est l'unique Seigneur. Et : Tu aimeras le Seigneur,
ton Dieu, de tout ton coeur, de toute ton âme, de toute ta
pensée, et de toute ta force. Voici le second : Tu
aimeras ton prochain comme toi-même. Il n'y a pas d'autre
commandement plus grand que ceux-là.
Le scribe lui dit :
- Bien, maître ; tu as dit avec vérité
que Dieu est unique, et qu'il n'y en a point d'autre que lui et que
l'aimer de tout son coeur, de toute sa pensée, de toute son
âme et de toute sa force, et aimer son prochain comme
soi-même, c'est plus que tous les holocaustes et tous les
sacrifices. Marc 12.28-34
Paul disait aussi :
Toute la loi est accomplie dans
une seule parole, celle-ci : « Tu aimeras ton prochain
comme toi-même ». Galates 5.14
Ce ne sont donc pas des lois indiquant le
bien et le mal qui règle notre conduite les uns avec les
autres mais l'amour que nous inspire l'Esprit :
Le fruit de l'Esprit est amour,
joie, paix, patience, bonté, bienveillance,
fidélité, douceur, maîtrise de soi ; la loi
n'est pas contre de telles choses. Galates 5.22-23
Paul déclarait que ceci
dépasse même les lois bibliques :
Il n'y a donc maintenant aucune
condamnation pour ceux qui sont en Jésus-Christ. En effet, la
loi de l'Esprit de vie en Jésus-Christ m'a
libéré de la loi du péché et de la mort.
Car - chose impossible à la loi, parce que la chair la
rendait sans force - Dieu, en envoyant à cause du
péché son propre Fils dans une chair semblable à
celle du péché, a condamné le
péché dans la chair ; et cela, pour que la justice
prescrite par la loi soit accomplie en nous, qui marchons, non selon
la chair, mais selon l'Esprit. Romains 8.1-4
Et encore :
Nous servons sous le
régime nouveau de l'Esprit et non plus sous le régime
ancien de la lettre. Romains 7.6
Conclusion
L'Écriture est, certes,
« une lumière sur notre
sentier ». Mais il arrive
qu'à certains endroits la lumière ne soit plus
suffisante, on ne voit pas tous la même chose ou on n'y voit
plus rien, on ne sait plus où l'on va... Ce n'est pourtant pas
une raison pour nous réfugier dans la Première
manière.
Nous ne pouvons pas fuir la responsabilité qui demeure
toujours la nôtre.
Nous continuerons à lire
l'Écriture et, faillibles
mais responsables, nous déciderons courageusement du chemin
qui sera le nôtre.
Nous ne nous perdrons pas, car nos frères, comme nous, lisent la Bible,
nous écouterons ce qu'ils nous disent et nous y trouverons la
vérité.
Traduction Gilles
Castelnau
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