Question
Si ma spiritualité est vécue par l’être humain que je suis,
comment lui resterai-je connecté alors que la vie du monde est tellement chaotique et changeante ?
Réponse
Dans les périodes chaotiques on conserve sa vie spirituelle en demeurant conscient de notre présence physique sur la terre et dans le cosmos.
Le monde dans lequel nous vivons a 13,8 milliards d’années. Il compte 2000 milliards de galaxies qui ont, chacune, des centaines de milliards d’étoiles.
Il est notre maison, il le sein dans lequel nous baignons, où s’enracine notre être. « Levez les yeux vers les montagnes » dit le psalmiste, levez les yeux vers les étoiles, vers l’immensité de notre univers, u lieu de notre vie.
Chaque bouchée que nous mangeons, chaque gorgée que nous buvons vient du cosmos et est âgée de 13,8 milliards d’années. Notre nourriture est sacrée, comme notre respiration et notre existence entière. Elle est l'eucharistie du Christ cosmique, de la Nature du Bouddha, elle est image de Dieu. Soyons-en reconnaissants. Manifestons l’enracinement de notre être dans le monde en étant reconnaissants et admiratifs pour notre existence.
Maître Eckhard disait : « Si de toute votre vie, vous n’avez prononcé que la seule prière : "merci", cela suffit. »
Apprécions notre existence, notre présence physique, car elle porte en elle toute l’histoire de l’univers. On peut s’y exercer en marchant, en courant, en nageant, en pratiquant le yoga, en étant sensible à notre être chaque fois qu’on le peut.
Soyons conscients de notre enracinement dans la Terre. Laissons la Terre nous parler comme elle parle à toutes ses créatures, aux arbres, à l’herbe, aux plantes et naturellement aux animaux. Tous ont quelque chose à dire en notre temps.
Indignons-nous de l’indifférence, du mensonge, de la violence, de la folie. Mais ne nous détournons pas de la vie du monde. Au contraire, soyons créateurs, animons, redonnons vie à ce qui meurt et se sclérose. Ne nous imaginons plus dans l'ère moderne qui est finie, comprenosn que nosu sommes désormais dans un temps post-moderne.
Voyons les sagesses anciennes, pré-modernes, qui ne mettaient pas les hommes au centre mais le cosmos et la Terre : Hildegarde de Bingen, Maître Eckhart, François d’Assise, Thomas d’Aquin et naturellement Jésus et toute la tradition d’Israël.
D’autres traditions spirituelles aussi, dont les origines et la conscience sont pré-modernes peuvent nous apprendre beaucoup : le Tao te king, les Vedas, les Upanishads, l’enseignement bouddhiste, les sagesses indigènes sont tous riches d’enseignement.
Préférons la sagesse à la science. Dansons, peignons, rions, cuisinons, valorisons la fraternité, unissons l’amour à la mystique.
Abordons les exigences de justice que notre temps nous pose, que ce soit le racisme, le sexisme, les inégalités économiques ou naturellement le problème du réchauffement climatique et de l’extinction des espèces. Impliquons-nous dans ces questions. Voyons ce que nous pouvons faire. Voyons quels pourraient être nos alliés. Et agissons pour améliorer l'état de nos communautés, chacun selon ses possibilités, à sa place, dans sa profession.
Voyons quels talents et quelles idées créatrices nous allons pouvoir partager, comment nous pourrons nous impliquer dans la vie du monde actuel tel qu’il est.
Soyons généreux
Soyons courageux
Soyons souyriants
Poursuivons la vérité, excluons le mensonge et la malhonnêteté.
Marchez sur les quatre chemins de la spiritualité de la création : la via positiva (contemplation, joie, gratitude), la via negativa (silence et parfois tristesse), la via creativa (dynamisme créateur), la via transformative (justice, compassion, célébration).
Enracinons-nous dans ces quatre voies, nous y acquérons la stabilité. Nous plions, nous fléchissons aux vents des déserts de notre temps mais nous ne rompons pas. Nous grandissons et nous rayonnons.