La Réforme au-delà du christianisme
L’islam
Reformation outside Christianit
Article publié dans le quotiien anglais The Guardian
en octobre 2001.
Don Cupitt
Traduction Gilles Castelnau
16 août 2017
Nous sommes tous - particulièrement nous les protestants libéraux – fils de la Réformation.
Ce que nous avons surtout appris est que l’on peut critiquer et réformer la religion. Et s’il en est ainsi, tout le reste peut aussi être critiqué et réformé. L’individu peut avoir raison contre le monde entier. Il n’y a rien qui soit sacro-saint. L’autorité de la tradition a disparu. Comme l’a dit Marx, la critique de la religion est la base de toute critique. Une fois admise la légitimité de la pensée critique, c’est toute la modernité qui est en route. C’est le cas en occident. Cela ne l’est pas dans le monde islamique.
Jusqu’en 1550, le christianisme était depuis plus d’un millénaire, toute la civilisation en lui-même. La « chrétienté » était un fait, grandiose, objectif et incontournable. Dans le monde musulman il en est aujourd’hui encore de même. Mais en occident, depuis la Réformation, le christianisme, tant catholique que protestant, est devenu bien différent : c’est désormais une foi personnelle, un système où chacun construit sa propre vie spirituelle dans un univers aux structures profanes.
L’islam n’a jamais connu une telle évolution. Il n’a jamais admis la pensée critique ni qu’un individu puisse avoir raison contre le monde entier. Il ne peut pas accepter l’idée qu’une religion doit continuellement s’autocritiquer et se réformer. Il n’accepte pas l’idée d’un espace spirituel libre qui puisse fonctionner indépendamment des autorités ecclésiastiques.
Toutes les tentatives de modernisation de l’islam ont échoué dans la mesure où elles n’affrontaient pas la question : comment un mouvement analogue à la Réforme protestante pourrait-il surgir à l’intérieur de l’islam. Peut-être est-ce impossible. Même en occident sa doctrine demeure non réformée et la pensée religieuse n’y est pas libre.
Il est vrai que le protestantisme s’est largement laissé aller en s’enfonçant dans la fondamentalisme. Si nous ne sommes pas capable de respecter pleinement nos propres principes, comme pouvons-nous attendre de l’islam qu’il les accepte ? Peut-être qu’aucun de nous ne comprend vraiment l’importance de la révolution religieuse et culturelle dont le monde a aujourd’hui besoin.
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