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Parler de Dieu

 

présentation de la pensée de Paul Tillich

 

André Gounelle


professeur honoraire de l’Institut protestant de théologie, Faculté de Montpellier

 

Article publié dans l'hebdomadaire protestant Réforme
le 3 juillet 2014



L’Être de Dieu ne peut se dire car Dieu échappe à toutes nos définitions.
A partir de l’expérience de foi, Tillich utilise différentes images pour parler de Dieu :
l a tension entre la distance et la proximité, la terre qui soutient et nourrit, la puissance qui porte la vie.


6 juillet 2014

Tillich n'entend pas décrire l'être de Dieu, mais dire ce qu'il représente et signifie pour celui qui croit en lui. Il ne fait pas de la spéculation métaphysique, il analyse ce que vit la foi. Il donne trois indications. D'abord, Dieu est à la fois autre et intime ; ensuite, il est le sol de notre être ; enfin, il est la puissance qui anime notre vie.

 

L'autre et l'intime

Dieu est en même temps proche et lointain, semblable et différent. Ne pas maintenir ces deux aspects entraîne de graves déséquilibres.

Si on souligne trop son altérité, on fait de Dieu un étranger qui oblige notre personnalité et notre volonté à abdiquer pour se soumettre totalement à lui. L'hétéronomie (dépendance d'une loi extérieure comme celle dictée à Moïse sur le Sinaï) caractérise la foi. Dieu ressemble à un tyran qui asservit, d'où des refus et des révoltes.

Si on insiste trop sur son intimité, on réduit Dieu à la « voix de la conscience ». On le rencontre en « entrant en soi-même », tel le fils prodigue de la parabole. La foi est autonomie, soumission à la seule loi « écrite dans les cœurs » (Rm 2,15). Dieu s'identifie avec notre moi profond ou avec la vérité enfouie en nous, ce qui le rend inutile.

Tillich rejette aussi bien le supranaturalisme pour qui Dieu est un être en face et au-dessus de nous que le naturalisme qui ne distingue pas son être du nôtre. Dieu, écrit-il, est l' « être-même » (expression inspirée par la parole de Dieu à Moïse : « Je suis celui qui suis »). Il est l'être qui est présent en tout ce qui est, sans jamais se confondre avec ce qui est. Quand il nous interpelle du dehors, nous découvrons que nous le portons en nous. Ce paradoxe, difficile à comprendre et exprimer, structure la vie de la foi.

 

Le sol de notre être

« Sol » combine deux images le terroir (ou terreau) et le fondement.

La première renvoie à la végétation. Les plantes naissent dans la terre et en tirent de quoi s'alimenter ; elle leur permet d'exister et de se développer. Nous avons nos racines en Dieu et on peut le comparer à un humus qui enfante et nourrit. Le champ ne se confond pas avec la flore qu'il porte et sustente (il y a altérité), mais les racines se mêlent étroitement à sa terre (il y a intimité).

La seconde évoque des édifices. Toute construction s'appuie sur des fondations ; selon qu'elle est bâtie sur le roc ou le sable, la maison résiste ou non aux tempêtes. Dieu établit et maintient, pose et porte toute existence. Il est fondateur et fondement de tout ce qui est, ce que dit la doctrine de la création.

Cette image du sol nourricier et fondateur, à première vue paisible et rassurante, a aussi un côté inquiétant et déstabilisateur. Elle nous fait prendre conscience de notre fragilité. Être créé veut dire avoir besoin d'autre chose que soi pour exister. Si les fondations ne nous soutiennent plus, nous nous écroulerons ; si le terroir vient à nous manquer, nous dépérirons. Le sol qui rend possible l'existence peut aussi tuer. Pensons à un volcan en éruption qui à la fois produit et détruit la vie, féconde et ravage un pays. Dieu est certes réconfortant ; mais nous oublions trop aujourd'hui ce dont l'Ancien Testament a fortement conscience : qu'il est également redoutable. Tillich l'exprime en associant souvent ground (fondement) et abyss (abîme ou gouffre).

 

Puissance de vie

En nous et autour de nous, la vie et la mort ne cessent de s'affronter. Des forces destructrices s'en prennent à notre être, le détériorent et tentent de le détruire.

« Dieu nous interpelle du dehors, et nous découvrons que nous le portons en nous »

La vie résiste, se défend, surmonte plus ou moins bien les attaques dont elle est victime. Elle n'est pas un état statique, mais une dynamique. Dieu est la puissance qui anime cette dynamique.

Ne confondons pas puissance et pouvoir. Le pouvoir s'exerce sur les choses et les gens, la puissance dans les choses et les gens. On a souvent attribué à Dieu un pouvoir absolu, ce qui conduit à des impasses spirituelles et à des absurdités intellectuelles. La Bible dit, et l'expérience le confirme, que des forces démoniaques opposées à Dieu œuvrent en nous et dans le monde. Affirmer que Dieu est puissance, ne signifie pas qu'il dispose à son gré des choses et des gens, ce qui le rendrait responsable des détresses et des malheurs, mais qu'il agit en nous pour nous rendre capable de faire face à ce qui nous agresse.

Dans l'Évangile, les forces du mal n'auront pas le dernier mot. La puissance de Dieu, puissance de vie, l'emportera dans le monde (avec le Règne qui vient) et pour chacun de nous (avec la résurrection). Dieu n'est pas seulement le sol qui porte, il est aussi la dynamique qui suscite de l'énergie et donne du courage. Sa puissance nourrit une espérance qui combat le désespoir et la résignation.

 

 

 

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