Les catacombes de Priscille à Rome viennent d’être restaurées et rouvertes et cette image d’une femme datant des IIe - Ve siècles pose problème : était-elle « prêtre » ou serait-elle tout simplement une défunte arrivant au paradis ?
Je ne prends pas partie mais j’ajoute au débat la lecture, controversée elle aussi, de deux versets de l’épître de Paul aux Romains (datant des années 55-57 du 1er siècle de notre ère, donc beaucoup plus anciens).
Le titre de « diakonos » attribué à une femme
Romains 16.1
« Je vous recommande Phœbé, notre sœur, qui est « diakonos » de l'Eglise de Cenchrées, afin que vous la receviez en notre Seigneur d'une manière digne des saints, et que vous l'assistiez dans les choses où elle aurait besoin de vous, car elle a été une protectrice pour bien des gens et pour moi-même. »
Ce terme de « diakonos » est un masculin. On ne peut donc pas le traduire par « diaconesse ».
A l’époque les ministères de l’Eglise naissante n’étaient pas encore diversifiés comme aujourd’hui.
Ce titre de « diakonos » ne désigne pas dans l’Eglise naissante une fonction précise. Paul se l’attribue à lui-même régulièrement :
I Corinthiens 3.5
« Qu’est-ce donc qu’Apollos et qu’est-ce que Paul ? des diakonoi par le moyen desquels vous avez cru »
II Corinthiens 3.6
« (Dieu) nous a rendus capables d’être diakonoi d’une nouvelle alliance ».
II Corinthiens 6.4
« Nous nous rendons recommandables comme diakonoi de Dieu ».
Philipiens 1.1
« Paul et Timothée, serviteurs de Jésus-Christ, à tous les saints en Jésus-Christ qui sont à Philippes, avec leurs épiscopes (évêques ?) et leurs diakonoi ».
La Traduction Œcuménique de la Bible a donc raison de traduire ainsi ce verset :
« Je vous recommande Phœbé, notre sœur, « ministre » de l'Église de Cenchrées ».
On peut penser que si cette recommandation est intégrée à l’épitre aux Romains c’est que Phœbé porte elle-même l'épitre à l’Église de Rome. Cela fait penser qu’elle n’est pas seulement une « protectrice » (sans doute riche et influente) mais qu’elle est une théologienne capable d’expliquer la lettre dont elle est porteuse. La « diakonos » Phoebé a donc été la première interprète connue et recommandée par Paul lui-même de l’épitre aux Romains. (commentaire de Daniel Marguerat)
Le titre d’« apostolos » attribué à une femme
Romains 16.7
« Saluez Andronicus et Junia, mes parents et mes compagnons de captivité. Ils sont très estimés parmi les apôtres ».
Andronicus et Junia semblent bien être un couple, tous deux apôtres. Mais la TOB en fait un couple d'hommes ( ! ) en masculinisant le nom de Junia en Junias.
Il est clair que le titre d’apôtre inconnu des évangiles synoptiques et que Luc, pourtant disciple de Paul, n’attribuait qu’aux Douze, était très répandu dans l’Eglise naissante.
Katherine Schori
Qu'aurait dit de sa lointaine devancière l'évêque-présidente de l'Église épiscopalienne des États-Unis ?