Être
digne de Noël
Gilles
Castelnau
4 décembre
2012
Lorsque les
nuits sont les plus longues de l’année, lorsque survient le solstice
qui annonce que le soleil est invaincu et que
les jours vont rallonger, on fête depuis
toujours la lumière. Et l’obscurité qui
envahit nos vies et nos esprits se fait moins
noire car l’espérance est annoncée, on a foi
en la lumière et le souffle de l’Esprit saint
nous régénère, nous permet de tenir le coup.
Encore
faut-il ne pas étouffer ce Souffle, comme le
disait Paul, ne pas éteindre cette lumière sous
un boisseau comme le disait Jésus. Il faut
toujours à nouveau relire les évangiles et
laisser l’Esprit de Jésus nous animer à notre
tour.
Il ne posait jamais de question
embarrassante. Un dynamisme créateur dont nous
comprenons qu'il est celui de Dieu émanait de
lui et « sauvait »
les hommes et les femmes qu’il rencontrait.
C'est ainsi que les récits - sans doute pour
beaucoup mythologiques et symboliques - montre
les gens libérés de leurs souffrances et ouvert
à une vie plus épanouie, "sauvés" de la lèpre,
de la paralysie, de la culpabilité, de la mort
même, de l'observance pointilleuse des anciens
rituels de purification.
On ne
parlait pas, à cette époque, en Galilée des
malheurs qui nous frappent
aujourd’hui : le Covid bien sûr, les
licenciements, les délocalisations, la
récession, le sida, le racisme, le réchauffement
climatique, les jeunes des banlieues et leurs
problèmes, les pays en voie de développement
ruinés par les jeux de la Bourse et du prix des
matières premières.
On n'avait pas l'idée, en ce
temps, de critiquer le système politique de
l'Empire romain ou de refuser l'esclavage. Et
d'ailleurs, autant qu'on sache, Jésus ne s'est
jamais écarté de la Palestine rurale.
Mais l'élan vital qui l'animait
était celui du Dieu éternel, actif en tous
temps, dans tous les pays, sous tous les
régimes, renouvelant toujours la vie des hommes.
C'est évidemment à nous d'imaginer maintenant
sa présence dans notre monde et quel élan il
apporte à nos contemporains dans tous les
milieux sociaux et professionnels, familiaux,
avec les problèmes actuels de santé, de stress,
de solitude, ou... de bousculade.
Encore
faut-il ouvrir notre cœur à sa présence
créatrice. Le salut de Dieu est une
présence en nous qui est plus que nous mais qui
n'est pas sans nous. Comment le comprendre si
nous croyons ne pouvoir compter que sur nous.
- Comment
le comprendre si on prend des
euphorisants, de la drogue, de l'alcool, ou l'on
demande un congé maladie pour déprime ?
- Comment
le comprendre si on passe son temps à
calculer le « niveau du moral des
ménages » qui devrait
« normalement » augmenter
continuellement ?
- Comment
le comprendre si on oublie la foi et
l'espérance et qu'on répète « Moi je suis
déprimé »
et « quand on voit ce qu'on
voit et qu'on sait ce qu'on sait, on a bien
raison de penser ce qu'on pense ! »
Le
« péché » dont nous devons nous
prémunir, qui nous rend indignes de la
fête de Noël, c'est négliger l'énergie de Dieu
en nous. C'est ne pas être amoureux de la vie,
se dessécher, admettre la laideur, l'ennui, la
médiocrité.
C'est se réfugier dans une
immobilité sécuritaire, dans un pessimisme amer
et désabusé, s'enfermer dans un petit groupe
sectaire, ne pas transmettre à la jeune
génération la conscience de la vie agissante
dans le cosmos entier, l'amour de la beauté.
C'est laisser aux ténèbres, au pessimisme, à la
mort leur victoire sur la lumière, sur la joie,
sur la vie !
Jésus-Christ
qui nous a révélé le « salut » n'était
pas un être divin se promenant provisoirement
sur la terre sans être engagé dans les conflits
de l'existence et les ambiguïtés de notre vie
(on pourrait alors lui demander des miracles
sans nous sentir impliqués nous-mêmes dans son
dynamisme créateur puisqu'il ne serait pas, lui,
véritablement engagé dans notre détresse).