Que peut-on croire
aujourd'hui ?
Pentecôte, le saint Esprit
présence de Dieu en l’homme
Gilles
Castelnau
Jean 4.10-15
Jésus dit (à la femme samaritaine) :
- « Si tu connaissais ce que Dieu donne, et qui est celui qui te demande à boire, c'est toi qui lui aurais demandé de l'eau et il t'aurait donné de l'eau vive. »
La femme répliqua :
- « Maître, tu n'as pas de seau et le puits est profond. Comment pourrais-tu avoir cette eau vive ? Notre ancêtre Jacob nous a donné ce puits ; il a bu lui-même de son eau, ses fils et ses troupeaux en ont bu aussi. Penses-tu être plus grand que Jacob ? »
Jésus lui répondit :
- « Quiconque boit de cette eau aura de nouveau soif ; mais celui qui boira de l'eau que je lui donnerai n'aura plus jamais soif : l'eau que je lui donnerai deviendra en lui une source d'où jaillira la vie éternelle. »
La femme lui dit :
- « Maître, donne-moi cette eau, pour que je n'aie plus soif et que je n'aie plus besoin de venir puiser de l'eau ici. »
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Il y a trois images du saint Esprit dans le Nouveau Testament, présence de Dieu en l’homme qui renouvelle notre élan vital, nous donne la force de vivre et d’affronter la fatigue le découragement, les souffrances du monde.
1. L’évangéliste Luc, qui a écrit aussi les Actes de Apôtres, dans son récit de Pentecôte, parle des flammes de feu qui envahirent les disciples.
2.
L’évangéliste Jean raconte que le jour de Pâques Jésus a soufflé sur les disciples en leur disant : « Recevez le saint Esprit. » (Jean 20).
3. Dans le texte placé en exergue, l’évangéliste Jean met dans la bouche de Jésus le symbole de l’eau jaillissante.
Pour gérer nos vies humaines, leurs bons et leurs mauvais moments nous avons :
- Noël avec son atmosphère douce et fraternelle.
- Le Vendredi-saint avec le symbole terrible de la croix plantée dans le monde, comme elle est parfois aussi plantée dans nos vies.
- Pâques, la vie qui l’emporte sur la mort, la lumière qui jaillit dans les ténèbres.
- Pentecôte, la présence divine comme une eau jaillissante en nos cœurs qui nous donne l’autonomie et, comme dit la femme samaritaine : « que je n'aie plus soif et que je n'aie plus besoin de venir puiser de l'eau ici. »
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Dans le numéro de mai du magazine « Philosophie », le philosophe Philippe Nassif dit que nos contemporains ont le sentiment qu’ils ne contrôlent pas le cours des événements, que nous ne sommes pas vraiment en situation de gérer notre existence, que nous sommes comme les boules de loto dont on ne sait pas pourquoi celle-ci sort et non pas l’autre. A quoi tiennent les choses ?
Une partie du cours de notre vie nous échappe, appartient à un « Autre ». Et cet « Autre », cette « Influence Extérieure » n’est pas Dieu mais le Hasard.
Philippe Nassif dit que notre existence ressemble aussi au jeu de poker : les prévisions et les calculs des joueurs sont déjoués par le Hasard, imprévisible et mystérieux. Aujourd’hui, remarque-t-il, on prie moins et on joue davantage. Le Hasard rend imprévisible la trajectoire du ballon de football, des dés, la sortie de la bonne carte. Dans la vie, l’un a de la chance, l’autre non ! Le Hasard a pris la place de Dieu : « J’ai connu avec le poker une reprise du dialogue avec le Très-Haut », dit un joueur.
Le jeu est devenu l’opium des gens sans religion.
Naguère on comptait sur Dieu, sur la Vierge Marie ou sainte Rita. Aujourd’hui on croit moins. On prie néanmoins. Mais ce n’est plus Dieu qui intervient. c’est le Hasard.
Philippe Nassif voit juste et a certainement raison. Nos contemporains sont devenus fragiles, manquent d’assurance, ont besoin que des coups de pouce les remettent en route.
On est loin des années 1970 où l’on était volontiers matérialiste, marxistes : on ne jouait pas, on militait !
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Que penser de tout cela ? Mais prendre conscience que nous connaissons les flammes de feu de Pentecôte qui nous réchauffent le cœur, l’eau jaillissante, le Souffle du Christ de Jean 20, c’est-à-dire la force, l’élan vital, l’esprit fraternel qui nous unit à l’humanité entière.
Nous ne jouons pas, nous ne prions pas sainte Rita. Nous ne faisons pas de signes de croix à l’entrée des stades, nous ne portons pas de médaille bénie, nous ne conservons pas de flacon d’eau de Lourdes, nous n’avons pas dans notre poche de patte de lapin porte-bonheur, nous n’avons pas de statue de sainte Marie de Guadalupe ou de Ganesh le Dieu hindou à tête d’éléphant comme les dévots de Vishnou.
Car un enfant de Dieu ne se laisse pas infantiliser : Nous savons puiser en nous le Souffle, l’eau jaillissante, la flamme de feu. Nous savons nous enraciner dans le Terreau nourricier de Dieu, nous sommes des arbres plantés près d’un cours d’eau, comme dit l’auteur du Psaume 1.
Nous ne nous confions pas à des attitudes superstitieuses. Nous ne succombons pas à la tentation qui nous suggère que le cours de notre vie pourrait basculer de manière surnaturelle si nous accomplissons le geste absolu.
La prière à Dieu ne ressemble pas à la prière adressée à sainte Rita ou au Hasard : « pourvu que la bonne carte sorte et complète mon carré de rois, que le CAC40 ne faiblisse pas car j'ai investi dans l'Air Liquide... »
Nous ne disons pas non plus « Allahou akbar » (= Dieu tient tout fermement en mains.)
Nous croyons qu’il y a une force, un fluide, une vie, un élan, au-dessus de nos têtes ou plutôt en nous et en nos prochains. Tout vit et se développe dans le dynamisme créateur de Dieu, dans son Saint-Esprit.
Je ne voudrais pas être de ceux qui diraient à Dieu : Tout ceci est fort bien, j’affirme et je proclame ton Saint-Esprit, mais je ne quitte pas ma patte de lapin porte-bonheur, je prends mon billet de loto le vendredi 13, je passe mes soirées au poker, je boursicote et je prie le Hasard car je suis anxieux et je cherche ainsi mon assurance et ma paix
Car je sais bien que Dieu me répète – et c’est sa Bonne Nouvelle : « Bois l’eau jaillissante dont je suis, en toi, la Source et ne reviens pas sans cesse puiser des eaux qui ne désaltèrent pas vraiment »
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