Que peut-on croire
aujourd'hui ?
Jésus a
célébré Noël
Gilles
Castelnau
Ce n'était sans
doute pas exactement Noël que Jésus a
célébré puisque c’est
plusieurs siècles après lui, que l’Église a
commencé à fêter son anniversaire le
25 décembre. Mais il a sans doute célébré
les Fêtes de fin d’année.
A partir du 17 décembre et pendant une
semaine, jusqu’au 25 décembre, tout
l’Empire était en fête – comme aujourd’hui.
Et la Palestine était une province romaine comme
les autres.
Les Juifs entraient peut-être, avec tout le
monde dans la fête. Et Jésus avait des amis
« païens » qui n’avaient aucune raison
de s’en priver et qui l’invitaient peut-être
chez eux. Pourquoi aurait-il refusé d’aller, par
exemple, chez le centurion romain dont il avait
guéri le jeune serviteur. Il allait bien chez
les collecteurs d’impôts et les pécheurs.
Et je pense que Jésus aimait particulièrement
ces fêtes.
- D’abord parce que
c’était la fête de la lumière, le jour
où les nuits arrêtaient de rallonger et où le « Soleil
invaincu » semblait renaître.
L’obscurité grandissante des longues nuits de
décembre qui fatiguent et dépriment, cède alors,
les jours augmentent enfin et la « lumière brille dans
les ténèbres ». Le peuple se
répandait dans les rues avec des torches et des
chandelles et l'on échangeait des cadeaux.
- Il y avait les
Saturnales, une semaine du 17 au
24 décembre où l’on célébrait l’âge heureux
du Règne de Saturne plein de douceur et de
justice. C’était une fête d'inversion sociale :
les maîtres faisaient semblant de servir leurs
esclaves et leur permettaient une certaine
liberté de parole. Les hommes servaient les
femmes en signe de parfaite égalité du règne de
Saturne l’âge d’or.
On ne croyait pas vraiment au Dieu Saturne, mais
on se plaisait à rêver.
Je pense que Jésus partageait le rêve de ses
contemporains mais il pensait au Dieu vivant et
il disait : « que
ton Règne vienne ! »
- Le 25 décembre on
célébrait l'anniversaire de Mithra.
Jésus n’était pas non plus son adorateur !
Mais on peut participer à une fête sans adhérer
vraiment à tout son sens : aujourd’hui bien
des juifs et des musulmans, bien des athées
célèbrent Noël, sa lumière et sa Semaine de
Bonté sans s’attacher particulièrement à la
naissance du Christ.
D’ailleurs Mithra était loin d’être
antipathique. Il était un Dieu sauveur qui
permettait la victoire de la vie sur les forces
de mort. Il avait tué le taureau que l’on
mangeait avec du pain et du vin et dont le « sang éternel »
faisait vivre.
Il était chaste et saint, Dieu de l'effort, de
l'énergie humaine. Il était « invincible »
et soutenait ses fidèles dans leur lutte contre
le mal et ses démons.
Mithra était monté sur le char du soleil et l'on
disait qu'à la fin des temps il y monterait à
nouveau, reviendrait du ciel, embraserait le
monde, ressusciterait les hommes et donnerait
l'immortalité aux bons alors que les méchants
seraient anéantis avec le diable Ahriman, dans
le feu qui consumerait l'univers.
C'est tout naturellement que les premiers
chrétiens ont ensuite reporté ces festivités sur
le Christ : dans la nécropole sous le
Vatican, une mosaïque (antérieure au 4e siècle de notre ère)
représente le Christ environné de branches de
vigne commme Dionysos, auréolé de rayons du
soleil comme Mithra, et conduisant lui-même un
char tiré par des chevaux.
Je pense que Jésus devait,
comme nous d’ailleurs, beaucoup aimer
ces fêtes du solstice d’hiver, quel que soit le
nom qu’on leur donne et je comprends que les
premiers chrétiens aient jugé que c’était lui
qui nous faisait véritablement connaître leur
dynamisme créateur, leur paix et leur fraternité
que le Dieu vivant fait monter en nous lorsque
nous évoquons son nom.
Jésus se serait certainement senti véritablement
compris en apprenant qu’on célébrait ce jour-là
son anniversaire. Il aurait été sans doute
heureux parmi nous à cette occasion (et il
aurait certainement apporté son offrande aux
marmites de l’Armée du Salut ou aux Restaurants
du Cœur de Coluche).
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