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Le combat de

David et du géant Goliath


I Samuel 17.4

 

Gilles Castelnau

 

29 novembre 2010

Le soir, aux temps bibliques, à la veillée on racontait des histoires. On racontait l’histoire du petit David qui avait vaincu le méchant géant Goliath. Cela plaisait aux enfants. Cela plaisait à tout le monde. Le petit jeune homme si bien sous tous rapports, si croyant, si fidèle, si bon citoyen israélite, qui tua le géant et qui, autrefois, il y a très longtemps, disait-on, est devenu notre roi.
Cette histoire transmettait une bonne morale, une bonne religion, un bon exemple, disait-on au temps où elle a été écrite, sans doute vers la fin du 7e siècle av. JC. Et cette histoire était si bien qu’elle a fini par trouver place dans la Bible.

La voici dans la traduction en français courant.

Un soldat philistin s'avança hors des rangs, pour lancer un défi aux Israélites. Il était de la ville de Gath et s'appelait Goliath. Il mesurait près de trois mètres (six coudées et un empan) ; il avait mis un casque et des jambières de bronze, ainsi qu'une cuirasse pesant soixante kilos (5000 sicles d’airain). Il portait en bandoulière un sabre de bronze. Il avait une lance dont le bois était gros comme le cylindre d'un métier à tisser (je ne sais pas comment étaient à l’époque les métiers à tisser. On n’avait pas encore inventé les métiers Jacquard ! On comprend bien qu’il s’agissait d’une lance monstrueuse !) et dont la pointe de fer pesait plus de sept kilos (600 sicles de fer). Devant lui, marchait son porteur de bouclier.

Goliath s'arrêta et cria aux soldats israélites :
-  « Choisissez parmi vous un homme qui vienne me combattre. S'il peut me vaincre et me tuer, nous serons vos esclaves ; mais si c'est moi qui peux le vaincre et le tuer, c'est vous qui serez nos esclaves. Aujourd'hui, je lance un défi à votre armée, envoyez-moi donc un homme pour que nous nous battions. »
Lorsque Saül (le roi) et toute son armée entendirent ces paroles du Philistin, ils furent écrasés de terreur.

David était fils de Jessé, du clan d'Ephrata, qui habitait Bethléem de Juda ; Jessé avait huit fils, et, à l'époque de Saül, il était un notable respecté. Ses trois fils aînés, Éliab, Abinadab et Chamma étaient partis combattre avec Saül. Quant à David, le plus jeune, il s'occupait des moutons de son père, à Bethléem.
(David va à l’armée apporter à manger à ses frères)
David était en train de parler avec ses frères lorsque Goliath, le Philistin de Gath, sortit des rangs et répéta son défi habituel. David l'entendit. Tous les Israélites reculèrent quand ils virent Goliath, car ils avaient peur ; on disait :
-  « Vous voyez cet homm  ! C'est pour nous provoquer qu'il s'avance ainsi. Eh bien, celui qui réussira à le tuer, le roi le comblera de richesses, lui donnera sa propre fille en mariage et accordera des privilèges à sa famille en Israël. »
Tout le monde entendit parler de l'intérêt de David pour cette affaire. Le roi Saül lui-même en fut informé.

Le roi Saül fit aussitôt venir David, qui lui dit :
- « Personne ne doit perdre courage à cause de ce Philistin. J'irai, moi, me battre contre lui. »
- « Non, répondit Saül, tu ne peux pas aller le combattre. Tu n'es qu'un enfant, alors qu'il est soldat depuis sa jeunesse. »
- « Mais, reprit David, quand je garde les moutons de mon père, si un lion ou un ours vient et emporte un mouton du troupeau, je le poursuis, je le frappe et j'arrache la victime de sa gueule. S'il se dresse contre moi, je le saisis à la gorge et je le frappe à mort. C'est ainsi que j'ai tué des lions et des ours.
Eh bien, je ferai subir le même sort à ce Philistin païen, qui a insulté l'armée du Dieu vivant. Le Seigneur qui m'a protégé des griffes du lion et de l'ours saura aussi me protéger des attaques de ce Philistin. »
- « Vas-y donc, répondit Saül, et que le Seigneur soit avec toi. »

Saül prêta son équipement militaire à David : il lui mit son casque de bronze sur la tête et le revêtit de sa cuirasse. David fixa encore l'épée de Saül par-dessus la cuirasse, puis il essaya d'avancer, mais il en fut incapable, car il n'était pas entraîné. Alors il déclara qu'il ne pouvait pas marcher avec cet équipement, par manque d'habitude, et il s'en débarrassa.

Il prit son bâton et alla choisir cinq pierres bien lisses au bord du torrent ; il les mit dans son sac de berger, puis, la fronde à la main, il se dirigea vers Goliath. De son côté, Goliath, précédé de son porteur de bouclier, s'approcha de David.
Il regarda David et n'eut que mépris pour lui, car David était jeune encore, il avait le teint clair et une jolie figure. Goliath lui cria :
-  « Me prends-tu pour un chien, toi qui viens contre moi avec un bâton ? Maudit sois-tu, par tous les dieux des Philistins ! Viens ici, que je donne ta chair en nourriture aux oiseaux et aux bêtes sauvages. »
- « Toi, répondit David, tu viens contre moi avec une épée, une lance et un sabre ; moi je viens armé du nom du Seigneur de l'univers, le Dieu des troupes d'Israël, que tu as insulté. Aujourd'hui même, le Seigneur te livrera en mon pouvoir ; je vais te tuer et te couper la tête. Aujourd'hui, je donnerai les cadavres des soldats philistins en nourriture aux oiseaux et aux bêtes sauvages.
Alors tous les peuples sauront qu'Israël a un Dieu, et tous les Israélites ici rassemblés sauront que le Seigneur n'a pas besoin d'épée ni de lance pour donner la victoire. Il est le maître de cette guerre et il va vous livrer en notre pouvoir. »

Goliath marcha droit sur David. Celui-ci courut rapidement à la rencontre du Philistin, il prit une pierre dans son sac, la lança avec sa fronde et l'atteignit en plein front. La pierre s'y enfonça et l'homme s'écroula, la face contre terre.
David courut jusqu'à Goliath, lui tira son épée du fourreau et lui coupa la tête.
Ainsi David triompha de Goliath et le tua, sans épée, grâce à sa fronde et à une pierre.
Alors les Philistins, voyant que leur héros était mort, s'enfuirent.

 

Confiance en Dieu de David. Estime pour le peuple de Dieu, que Dieu ne peut pas abandonner. Présence d’un Dieu puissant et qui aide. Ce texte est typique de cette pensée ancienne qu’on aimait rappeler, de l’alliance de Dieu avec les hommes. C’est une pensée que les rabbins ont systématisée sous la forme d’abord du livre du Deutéronome qui a été écrit à peu près en même temps qu’on mettait par écrit ce récit du combat de David et Goliath et les livres que l’on appelle « historiques » : Josué, Juges, Samuel et Rois. On est à la fin du 7e siècle.

Le Deutéronome systématise l’idée que Dieu fait une alliance avec le peuple d’Israël. Dieu promet de protéger par sa puissance son peuple qu’il aime contre ses ennemis, comme on le voit dans ce récit. En échange, l’autre versant de l’alliance est que le peuple aura confiance en Dieu et respectera sa Loi. Le peuple ne devra pas mettre sa confiance en sa propre force, c‘est pourquoi le récit montre bien que David ne se confiera pas en la cuirasse et dans les armes que lui propose le roi Saül : rien de tout cela ne doit compter. David ne gardera que ces armes dérisoires que sont une pierre du torrent, une fronde et un bâton. Il était lui-même jeune, faible, il n’était pas entraîné au combat. Seule comptait la puissance de Dieu.
En échange de la protection de Dieu, on ne doit avoir confiance en rien d’autre.

Cette idée d’alliance entre Dieu et les hommes est concrétisée dans le livre du Deutéronome. La phrase centrale en est le « chema » mot hébreu qui signifie « écoute » :
« Écoute Israël, l’Éternel notre Dieu, est le seul Seigneur et tu aimeras l’éternel ton Dieu de tout ton cœur, de toute ton âme et de toute ta force. » (Dt 6.5).
Aimer Dieu signifie clairement ici ne pas « aimer » son armure, ses jambières de cuivre, sa lance si puissante, ses défenses, sa propre force. Avoir confiance Dieu lui-même. On était à l’époque du roi Josias, qui était un grand roi en Israël, très fidèle, fin 7e siècle av. JC.

Josias avait réussi à éliminer tous les autres temples d’Israël, pour ne conserver que celui de Jérusalem. Il avait détruit les statues de Baal, d’Astarté et suscité un grand mouvement de conversion du peuple, qui nous est rapporté en 2 Rois 22. Avec l’aide du prophète Jérémie.
C’était aussi le moment où l’on mettait par écrit d’autres récits du même genre qui avaient pour but de nous réconforter, de raviver notre foi et notre fidélité.
Par exemple le Passage de la mer Rouge avec Moïse où là aussi la puissante armée égyptienne n’avait pas pu empêcher la libération des Hébreux qui, comme David, étaient eux-mêmes sans armes. On disait naguère que ces récits étaient d’un auteur que l’on nommait le Yahviste, car il nommait toujours Dieu de son nom propre Yahvé. On pense aujourd’hui que ces récits yahvistes étaient eux aussi influencés par la pensée de l’alliance deutéronomiste.
Les rabbins, les théologiens de l’époque ont systématisé cette pensée deutéronomiste. C’est une pensée tonique, enthousiasmante : puiser en nous l’espérance, le courage d’affronter les forces de mort qui nous effrayent : Goliath le géant invincible qui nous menace et nous humilie, ces Égyptiens qui veulent nous garder esclaves alors que la mer Rouge nous barre la route.

Mais évidemment, les théologiens deutéronomistes sont allés un peu loin dans l’élaboration de leur système, comme le font souvent les théologiens et sans vraiment se rendre compte des conséquences de cette idée de l’alliance.
Par exemple, ils disent que lorsque les ennemis nous ont vaincu – ce qui arrive évidemment souvent – ce n’est pas la faute de Dieu, c’est notre faute : qu’avons-nous fait à Dieu pour que ces malheurs nous arrivent. Ils ont vraiment beaucoup systématisé cette idée : Un peu plus loin, dans les livres de Samuel et des Rois – qui ne faisaient qu’un seul livre avant d’être partagés ainsi en quatre – on trouve l’envers de cette théologie deutéronomiste :

« Le Seigneur envoya contre Joaquim (qui était considéré comme un roi infidèle) des bandes de pillards babyloniens, syriens, moabites et ammonites, qui dévastèrent le royaume de Juda, conformément à ce que les prophètes avaient annoncé de la part du Seigneur. Ce fut le Seigneur qui provoqua ces malheurs dans le royaume de Juda, parce qu'il ne voulait plus le voir devant lui. En effet, le roi Manassé avait tellement péché, il avait fait mourir de si nombreuses personnes innocentes et avait rempli la ville de Jérusalem de tant de crimes, que le Seigneur ne voulut plus rien pardonner. » (Dt 24.2)

Lorsqu’on répète la phrase traditionnelle :
« qu’ai-je fait au bon Dieu pour que malheur m’arrive », on est tout à fait dans la pensée deutéronomiste la plus radicale. Si un malheur arrive c’est qu’on a été infidèle car Dieu ne supporte pas les crimes comme ceux du roi Manassé qui avait, dit le passage cité, « fait mourir de si nombreuses personnes innocentes et avait rempli la ville de Jérusalem de tant de crimes ».

Dieu ne supporte pas la domination écrasante du géant Goliath, du puissant pharaon d’Égypte. C’est assez juste finalement et pourtant un peu inquiétant, à tel point que d’autres théologiens se sont opposés à cette pensée. Surtout pendant l’Exil à Babylone qui a suivi la période dont nous parlons (il a duré de 587 av. JC à 538). Nabuchodonosor, le féroce roi de Babylone avait vaincu Israël et l’avait déporté. Les deutéronomistes expliquaient ce malheur en affirmant qu’il était la conséquence de l’infidélité des rois et du peuple d’Israël.
L’auteur du livre de Job qui écrivait sans doute à ce moment-là, s’insurge contre cette explication. Son personnage, Job, représente sans doute le peuple d’Israël dont le livre dit qu’il était absolument juste, observait la Loi de Dieu de manière parfaite, ce qui ne l’avait pas préservé de la ruine la plus totale. L’auteur met alors en scène les trois « amis » de Job, rejoints par un quatrième, qui sont des penseurs deutéronomistes. Ils disent à Job que ce dont il souffre est une punition de Dieu. Il doit se repentir du péché qui l’a provoquée afin d’obtenir pardon et délivrance. Mais Job se refuse à admettre cette alliance « rétributive ». A la fin du livre, Dieu intervient, lui donne raison et récuse la théologie de ses « amis »deutéronomistes.

Plus tard, durant la période grecque d’Alexandre le Grand, l’Ecclésiaste (Qohêlet) écrit directement que le deutéronomisme rétributif ne fonctionne pas :
« Tout arrive également à tous ; même sort pour le juste et pour le méchant, pour celui qui est bon et pur et pour celui qui est impur, pour celui qui fait des sacrifices et pour celui qui ne sacrifie pas ; il en est du bon comme du pécheur, de celui qui jure comme de celui qui craint de jurer. » (Eccl 9. 2)

Néanmoins, dans le dynamisme créateur de l’histoire du petit David vainqueur de l’horrible géant Goliath, il y a une bonne nouvelle d’espérance. On peut y puiser le courage qui nous fait souvent défaut. Il y a le salut, l’élan vital qui nous relance. D’ailleurs pendant l’Exil à Babylone, le prophète Esaïe (le Second Esaïe, celui des chapitres 40 à 55) certainement influencé par l’histoire du passage de la mer Rouge et du combat de David contre Goliath s’exclamait :
- « Qu'il est beau de voir venir, franchissant les montagnes, un porteur de bonne nouvelle qui annonce la paix, le bonheur et le salut et qui te dit, Jérusalem : "Ton Dieu est roi".
Ruines de Jérusalem,
(Jérusalem était en ruine durant toute la période de l’Exil ; c’étaient les plus humbles du peuple que Nabuchodonosor y avait laissés. C’est parmi eux que se lève le Second Esaïe) qui y étaient demeurés lancez des cris de joie : le Seigneur réconforte son peuple, il libère Jérusalem. Aux yeux de toutes les nations le Seigneur s'est donné les mains libres pour réaliser son œuvre divine. Et jusqu'au bout du monde on pourra voir la délivrance que nous apporte notre Dieu. » Esaïe 52. 7
Dans ce dynamisme de joie et de confiance en Dieu qui est dans la pensée deutéronomiste et donc dans l’histoire de David, il y a l’Esprit de renouveau, de passage des ténèbres à la lumière, de la mort à la vie que nous retrouvons dans les récits des évangiles et notamment de la Résurrection de Jésus.

Aujourd’hui, en 2010 nous pouvons nous réjouir comme dans les veillées du soir du 7e siècle av. JC lorsqu’on racontait l’histoire des temps très anciens ou le petit David avait vaincu le géant Goliath et était devenu le premier grand roi d’Israël. Nous qui pensons quelque fois que notre religion nous paraît inadaptée et n’a plus rien à dire dans le monde actuel, nous pouvons laisser remonter en nous cet Esprit de dynamisme, de courage et de joie qui animait David : Quand l’angoisse nous étreint devant une puissance géante qui nous menace avec orgueil, puisons en nous cette Présence qui est en nous, qui n’est pas sans nous mais qui est plus que nous.
Puisons en nous un humanisme qui nous rend capables de nous tenir debout et d’affronter les problèmes insurmontables qui ne sont, justement pas, insurmontables, parce que nous avons un Dieu.
Et arrêtons de nous demander si nous sommes pécheurs, coupables, si nous allons être jugés : David ne se demandait rien du tout. Il savait bien qu’il n’était pas un ange ni un guerrier. Il acceptait d’être un simple homme, responsable de lui-même avec au fond de son cœur un épanouissement, une personnalité qui donnait un sens à sa vie.

Collaborons comme David à la beauté de la vie du monde. Aujourd’hui où beaucoup de gens manquent de force intérieure, de courage, de cette capacité de bouger car on a l’impression que l’on arrivera à rien et que tout va mal, où l’on est déprimé, la capacité que l’on peut puiser en soi demeure. Lorsque l’angoisse, l’anxiété nous déstabilisent, souvenons-nous de la Présence de Dieu qui est en nous, qui n’est pas sans nous, mais qui est plus que nous et qui nous rend capables de vivre.

 

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