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Parole de Dieu
et préoccupations humaines

 

 

 

Gilles Castelnau


sermon

 

23 mars 2009

 

Psaume 72

O Dieu, donne tes jugements au roi, et ta justice à ce fils de roi !
Il jugera ton peuple avec justice et tes malheureux avec équité.

Les montagnes porteront la paix pour le peuple et les collines aussi,
par l'effet de ta justice.

Il fera droit aux malheureux du peuple,
il sauvera les enfants du pauvre et il écrasera l'oppresseur.

On te craindra, tant que subsistera le soleil
tant que paraîtra la lune, de génération en génération.
En ses jours le juste fleurira et la paix sera grande
jusqu'à ce qu'il n'y ait plus de lune.

Il dominera d'une mer à l'autre et du fleuve aux extrémités de la terre.
Devant lui, les habitants du désert fléchiront le genou
et ses ennemis lécheront la poussière.
Les rois de Tarsis et des îles paieront des tributs
les rois de Séba et de Saba offriront des présents.
Tous les rois se prosterneront devant lui, toutes les nations le serviront.

Car il délivrera le pauvre qui crie, le malheureux qui n'a pas d'aide.
Il aura pitié du misérable et de l'indigent, il sauvera la vie des pauvres ;
Il les affranchira de l'oppression et de la violence,
leur sang aura du prix à ses yeux.

Ils vivront, et lui donneront de l'or de Séba,
ils prieront pour lui sans cesse, ils le béniront chaque jour.

Les blés abonderont dans le pays au sommet des montagnes,
leurs épis s'agiteront comme les arbres du Liban.

Les hommes fleuriront dans les villes comme l'herbe de la terre.
Son nom subsistera toujours,
aussi longtemps que le soleil son nom se perpétuera ;
Par lui on se bénira mutuellement et toutes les nations le diront heureux.


.


Ce Psaume est une liturgie de couronnement des rois d’Israël en usage pendant la période royale, aux 8e et 7e siècles av. JC, à Jérusalem. Il est intéressant d’y discerner une importante préoccupation sociale :

O Dieu, donne tes jugements au roi, et ta justice à ce fils de roi
Il jugera ton peuple avec justice et tes malheureux avec équité...
Car il délivrera le pauvre qui crie, le malheureux qui n'a pas d'aide.
Il aura pitié du misérable et de l'indigent, il sauvera la vie des pauvres;
Il les affranchira de l'oppression et de la violence,
leur sang aura du prix à ses yeux.

La « justice », les « jugements », l’« équité », qualités espérées du roi, le rendent capable de prendre soin des pauvres et de les protéger de tout oppression.

Une autre préoccupation présente dans cette prière concerne l’écologie, la fécondité de la nature qui était sans doute négligée à l’époque :

Les blés abonderont dans le pays au sommet des montagnes
leurs épis s'agiteront comme les arbres du Liban.

La troisième préoccupation de l’époque était celle des relations internationales et singulièrement de l’excellente réputation dont on voudrait que le nouveau roi puisse jouir aux yeux des autres souverains, proches ou lointain  :

Devant lui, les habitants du désert fléchiront le genou
et ses ennemis lécheront la poussière.
Les rois de Tarsis et des îles paieront des tributs
les rois de Séba et de Saba offriront des présents.
Tous les rois se prosterneront devant lui,
toutes les nations le serviront.

Il est intéressant de constater que le prêtre qui prononçait cette prière l’adressait, certes, à Dieu :

O Dieu, donne tes jugements au roi...

certain que Dieu ne manquerait pas de prendre en compte les préoccupations des hommes. Dieu n’est-il pas celui qui répond aux prières, qui soutient les hommes et est sensible à leurs préoccupations ? Mais la place donnée à cette prière dans la Bible - la Bible qui nous fait connaître Dieu et son attitude envers les hommes - suggère que plus encore que les hommes, Dieu se préoccupe de la justice sociale, de l’écologie et de la bonne entente internationale des peuples.
Préoccupation humaine, prière montant vers Dieu ou préoccupation divine, Parole de Dieu descendant vers le roi, son entourage et son peuple ?

Le théologien Paul Tillich disait que la Parole de Dieu touche toujours l’homme en plein cœur, au centre de ses préoccupations les plus fondamentales, les plus vitales. Et que si une Parole de Dieu n’intéressait pas l’homme, ne le touchait pas vraiment, s’adressait à un domaine qui ne le préoccupait pas, c’est qu’elle n’était pas une « Parole de Dieu ».
Les préoccupations sont dites « fondamentales » (Tillich disait « ultimes ») lorsqu’elles touchent à notre vie.
L’enfant qui s’inquiétait de penser qu’on ne demande à Dieu que « notre pain de ce jour » sans demander un peu de confiture dessus pensait que Dieu devait juger qu’on peut se contenter de vivre de pain sec.
Mais le « pain » demandé dans le Notre Père symbolise la nourriture qui nous fait vivre, comme on dit « gagner son pain ».

Au 8e siècle av. JC ce dont les Israélites avaient besoin pour vivre, leur « préoccupation fondamentale » était donc la justice sociale, l’écologie et la paix internationale. Et réciproquement la préoccupation de Dieu, sa « Parole » était précisément la même. D’ailleurs à cette époque le prophète Amos disait de la part de Dieu :

Vous dites :
Nous falsifierons les balances pour tromper ;
Nous achèterons les misérables pour de l'argent,
Et le pauvre pour une paire de sandales,
Et nous vendrons la criblure du blé.
L'Eternel l'a juré par la gloire de Jacob :
Je n'oublierai jamais aucune de leurs œuvres.
(Amos 8. 5-7)

Il est à noter que Dieu ne se préoccupe pas de rétablir lui-même la justice, ce qui est le rôle du roi. Dieu inspire les hommes et ceux-ci agissent. Dieu préoccupé par le sort du monde inspire les hommes : la Bible dit volontiers : « la Parole de Dieu est adressée aux hommes » et les hommes écoutent, reconnaissent leurs propres préoccupations fondamentales dans la préoccupation divine et... agissent en conséquence.
Le roi, s’il est un bon roi, un « messie », comme on disait en hébreu, un « christ » en grec, un « fils de Dieu » accordera sa préoccupation à celle de Dieu et rétablira la justice, agira pour l’agriculture et se fera apprécier des autres rois.
L’homme préoccupé par le sort du monde, prie Dieu, lui demande son aide. Et Dieu écoute, reconnaît sa propre préoccupation fondamentale dans la préoccupation des hommes et... inspire les hommes.
Quelqu’un demandait : Est-ce Dieu qui a créé l’homme ou l’homme qui a créé Dieu ? Est-ce Dieu qui oriente la vie et l’action de l’homme ? Ou est-ce l’homme qui pense que Dieu pense comme lui ?

Les fidèles du 8e siècle étaient des hommes de Dieu véritablement inspirés, qui pensaient que Dieu était préoccupé de leur sort et qui se laissaient inspirer par lui. Ils nous ont laissé leur texte : serons-nous dignes de le lire ?
Serons-nous sensibles à la préoccupation de Dieu à l’égard de notre monde ?
Saurons-nous transcrire dans nos prières ce que Dieu veut nous inspirer ?
Jésus disait dans la parabole du semeur que ceux qui représentent un bon terrain permettant à la semence de vie de se développer superbement lui ouvrent un « cœur honnête et bon » (Luc 8.15).

Un internaute demandait : « Y a-t-il des prophètes, encore aujourd’hui ? ». Y a-t-il des prédicateurs inspirés ? Des auditeur inspirés ? Sait-on au 21e siècle, mettre Dieu en rapport avec le monde et le monde avec la créativité divine ?

Au 8e siècle le problème des hommes et de Dieu était donc la question sociale.

Au 1er siècle de notre ère, au temps de Jésus et de saint Paul, le problème était celui de la fidélité à Dieu : sa préoccupation était-elle, comme le prétendaient les pharisiens, que l’on suive de manière minutieuse les prescriptions de la loi de Moïse (circoncision, nourriture cachère, ablutions rituelles, respect du sabbat etc.) ou l’important était-il de se préoccuper du dynamisme créateur renouvelant la vie de l’homme ?

Au moyen-âge la préoccupation fondamentale de tout le monde était celle de la peur généralisée de la peste, de l’enfer, des danses macabres et pour y échapper des pèlerinages à Saint-Jacques de Compostelle, à Jérusalem ou ailleurs.

Au 16e siècle la préoccupation fondamentale était de se libérer de la pensée unique, obligatoire, asphyxiante du pape et de l’empereur.

Au 19e siècle la misère atroce générée par la nouvelle industrialisation dans les milieux ouvriers, la question posée par le Capital de Marx et la réponse du christianisme social, l’instruction du peuple, la création des « écoles du dimanche » où les enfants apprenaient à lire, écrire et compter. L’instruction des pasteurs et des prêtres qui devaient connaître l’étude historique et critique de la Bible (Ernest Renan, Alfred Loisy dans le monde catholique) et opter entre le modernisme-libéralisme et l’orthodoxie.

Dans la première moitié du 20e siècle la réponse aux fascismes, au nazisme, à l’antisémitisme : le pasteur Marc Boegner, président de la Fédération Protestante de France allant rencontrer le maréchal Pétain pour l’adjurer d’arrêter son action malfaisante, la Cimade et son souci des évacués, des déportés, des emprisonnés, les réseaux de protection des Juifs du Chambon sur Lignon, de Dieulefit et des Cévennes, le pasteur Roland de Pury, prédicateur anti-nazi arrêté à Lyon par la Gestapo en plein culte.

Dans la seconde moitié du 20e siècle la découverte de la faim dans le monde, la fondation de l’ACAT contre la torture, le Planning Familial, la décolonisation et l’indépendance des Églises d’Outre-mer.

Nous sommes désormais au 21e siècle et c’est à notre tour de repenser les préoccupations fondamentales de Dieu envers le monde, les préoccupations fondamentales du monde adressées à Dieu telles que les fonde le témoignage intérieur du Saint Esprit. Nous prendrons garde à l’image de Dieu que nous véhiculons.

Le Dieu du Psaume 72 est plus actif, plus dynamique, plus impliqué dans la vie du monde, plus créateur de vie, que le « grand horloger » auquel on le réduit parfois.

Dieu est plus paternel, plus ouvert que le grand moraliste dont on parle parfois, focalisé sur les « péchés du monde » et obsédé par l’idée que pour être « pardonnés » ceux-ci doivent impérativement et uniquement placés au pied de la croix du Christ.

Dieu est plus chaleureux envers les hommes que le grand gérant des Institutions religieuses hanté par certaines idées fixes comme celle de l’exactitude doctrinale, de l’homosexualité, de l’organisation des mariages ou de l’organisation rituelle des célébrations du dimanche.

Les « a-thées » ont raison de refuser de croire de tels « Dieux » : les faux Dieux nous détournent des préoccupations fondamentales de la vie, ils ne méritent pas qu’on croie en eux. Certaines préoccupations ne sont pas fondamentales, ne sont pas de Dieu car elles ne concernent pas notre vie fondamentale et la créativité divine.

Heureux les fidèles du 8e siècle capables de proclamer, de répéter et de conserver comme Parole active de Dieu

Les hommes fleuriront dans les villes comme l'herbe de la terre.
Son nom subsistera toujours,
aussi longtemps que le soleil son nom se perpétuera.
Par lui on se bénira mutuellement
et toutes les nations le diront heureux.

 

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