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Le vieux Noé parle du Déluge

 

Noah's address to the human race

 

Colin Gibson

 

Églie méthodiste de Dunedin, Nouvelle Zélande

 

 

11 mars 2010

Je suis un vieil homme, un très vieil homme, je suis Noé. Le Noé du Déluge. On a écrit que j'ai vécu jusqu'à l'âge de 950 ans. Si cela vous paraît incroyable, sachez qu'à mon époque cela n'avait rien d'extraordinaire. Adam a vécu jusqu'à presque 1000 ans, mon grand-papa Mathusalem a été jusqu'à 969 ans ; quand je suis né, mon père Lamek avait déjà 182 ans et il a vécu ensuite encore 195 ans. Dans ma famille on vit vieux ! Remarquez que nous n'en sommes pas plus fiers que ça à cause des rois sumériens qui vivaient jusqu'à 10 000 ans - c'était longtemps avant un autre déluge (ou peut-être le même déluge que le mien, je n'en suis pas très sûr). Certains de ces rois ont même atteint l'âge de 72 000 ans. Vous imaginez les bougies sur leurs gâteaux d'anniversaire !

Avant que j'oublie, il faut que je vous dise : mon nom veut dire « Consolation ». Mon papa m'a appelé « Noé » parce qu'il a dit que je l'avais réconforté après tout le travail qu'il avait eu à défricher une nature sauvage.

Alors il y a eu le Déluge. C'était horrible. On a vraiment pensé que toute la terre était noyée ; si vous aviez été là vous auriez eu la même impression. Nous n'avons été que quelques uns à réussir à nous accrocher à des radeaux et à d'autres choses et à sauver nos animaux les plus importants. C'était une énorme inondation ; on en a reparlé bien souvent et chaque fois on racontait l'histoire de façon plus impressionnante. C'est toujours comme ça ! On a dit que j'avais construit un grand bateau. Vous vous rendez compte, moi qui ne suis qu'un simple fermier ! On a raconté que j'y avais emmené Mme Noé, nos trois fils et leurs femmes. On a dit aussi, mais vous ne pourrez jamais le croire, que j'y avais aussi fait entrer un couple de tous les animaux qui existent, les oiseaux, les serpents etc. On n'a pas raconté que j'avais aussi sauvé les poissons : ils n'en avaient évidemment pas besoin. Quand on y pense, c'est incroyable comme on grossit le plus petit événement !

En fait mon histoire n'était pas très originale. Les savants vous diront qu'ils connaissent au moins cinq autres récits tous bien plus anciens que la Bible, qui parlent d'un Déluge, avec des dieux en colère qui voulaient détruire le monde. Des récits égyptiens, babyloniens, sumériens, hittites et akkadiens qui racontent tous des histoires semblables à la mienne. Celui que je préfère est le babylonien, où les dieux s'énervent à cause du bruit qu'on fait sur la terre. Ils préviennent un gars - un gars pas particulièrement remarquable - un gars comme moi, qui s'appelait Utanapishtim. Ils lui murmurent un avertissement tout doucement à travers le mur en roseaux de sa hutte. Alors il emmène sa famille et ils résistent à l'inondation pendant seulement six jours (moi c'était quand même 40 jours et 40 nuits !). Ensuite il lâche une colombe, une hirondelle et un corbeau. Ils vont se poser sur le mont Nisir. Il fait un sacrifice aux dieux, comme moi j'ai aussi fait. Et la Reine du ciel jure sur la tête de son collier en lapis-lazuli qu'elle n'oubliera jamais le Déluge. Alors les dieux babyloniens lui donnent la vie éternelle, à lui et à sa femme.

Moi je n'ai pas eu ça. Cette histoire là est quand même plus romantique que la mienne ! Le Dieu qui envoie le Déluge dans mon histoire est si atrocement moral qu'il est décidé à noyer toute la création juste parce que nous, les hommes, nous sommes mal conduits ! Je me demande même si Dieu n'a pas été pire que nous. Sous prétexte d'être super juste, il a quand même failli liquider le monde entier. Après ça, il ne faut pas s'étonner qu'on le rende responsable de toutes les horreurs qui arrivent. Surtout que nous, les Hébreux, nous sommes quand même un peu obsédés par les péchés, la morale et tout ça et dès qu'il nous arrive un malheur nous pensons que nous avons attiré sur nous la colère de Dieu.

Est-ce que je vous ai dit qu'on a encore parlé de moi, bien plus tard dans un autre livre. Dans le Coran, qui est le livre sacré de l'islam. Les musulmans disent que Mohammed l'a écrit sous la dictée d'Allah - c'est comme ça qu'ils appellent Dieu - Le Coran dit bien que je suis un vrai croyant. Mais il raconte que Mme Noé et un de mes fils n'ont pas voulu entrer dans l'arche parce qu'ils n'étaient pas de vrais croyants comme moi. C'est pourquoi ils ont été noyés et envoyés en enfer comme tout le reste de l'humanité. Allah est encore plus impitoyable que Dieu à l'égard des non-croyants.

J'en reviens à mon histoire du Déluge, celle qui est dans la Bible. Elle n'est donc pas la seule ; ni même la plus ancienne. Comme on le sait maintenant, elle a été composée par plusieurs auteurs. Pour s'en rendre compte, il suffit de chercher combien d'animaux de chaque sorte il y avait dans l'arche. Dans un passage on dit un couple de chaque (à condition qu'ils puissent faire des petits, un couple devrait suffire pour perpétuer l'espèce) ; mais dans un autre passage il est dit que j'ai pris dans l'arche sept couples de chaque animal « pur » et un seul des « impurs ». Je ne vais pas vous dire combien cela faisait en tout à bord (je ne sais plus après tout ce temps). Mais on en revient encore à cette histoire de « pur » et « impur »...

En pensant à toutes ces versions différentes de mon histoire, dont la plupart sont plus anciennes que celle de la Bible, vous allez dire que Dieu n'a pas réservé sa révélation de l'histoire des origines à un seul peuple et dans un seul livre. Je sais bien que certains disent que Dieu a réservé l'exclusivité des droits de publication aux seuls Hébreux et qu'il faut croire à la lettre tout ce qui est écrit dans la Bible parce que c'est la « Vérité », toute la « Vérité » et rien que la « Vérité ». Mais je dois dire que cela me paraît difficile à accepter. Je ne suis pas tellement sûr d'y croire moi-même.

Quand on est finalement tous sortis du bateau, qu'on a tout nettoyé et qu'on a recommencé le travail de la ferme, je dois dire que j'ai fait une bêtise que je regrette bien. Je me suis lancé dans la culture de la vigne et ... vous savez la suite. Un jour j'ai bu un peu trop de mon propre vin - il faut reconnaître qu'il se laisse boire - et mon fils Cham m'a surpris alors que j'étais nu comme un ver. Il est allé appeler mes deux autres fils ; ils sont venus et on fait la seule chose décente : ils m'ont couvert. Je me suis senti stupide et honteux. Il faut dire que nous les Hébreux, nous sommes un peu puritains en ce qui concerne la nudité ; surtout à l'intérieur de la famille. Ne souriez pas : j'en connais d'autres qui sont comme ça !
Mais je regrette surtout la manière dont les choses ont tourné ensuite. Je me suis énervé contre Cham (En fait il n'avait rien fait. Sauf qu'il est arrivé au mauvais moment et naturellement il est allé chercher ses frères pour voir leur bête père ivre et tout nu). Je l'ai « maudit ». J'ai dit qu'il ne serait jamais rien comparé à ses frères Sem et Japhet. Alors dans la suite des temps des gens ont dit que, bien sûr, Cham était l'ancêtre des Noirs et que, sur ordre de Dieu, tous ses descendants devaient être considérés comme inférieurs et ne rester que des esclaves. Même des chrétiens ont dit cela (alors qu'ils auraient dû mieux savoir comment Dieu voit les choses).
Mais ils disaient que la Bible est la Parole de Dieu, que mon histoire est dans la Bible et que par conséquent Dieu leur avait donné le droit de rendre les Noirs esclaves et de s'en faire servir. Ces histoires sont finalement dangereuses si vous les prenez au pied de la lettre. Je comprends que j'ai suscité plein d'ennuis - c'est d'ailleurs plutôt la manière dont on a raconté mon histoire - et j'entends déjà les femmes qui m'accusent de machisme. Mesdames, mesdames, pardonnez-moi. Je ne suis qu'un vieil homme qui a fait les choses comme l'histoire dit que je devais les faire.

Je sais bien que ça n'est pas une réponse, mais quand mon histoire a été écrite, seuls les hommes avaient la parole. Les hommes disaient que Dieu ordonnait « croissez, multipliez et remplissez la terre » mais les femmes faisaient les enfants ! Les hommes sont prétentieux. Ils ont cru que Dieu leur donnait tous les droits pour dominer la terre et pour la soumettre. On en voit les conséquences : des milliers d'espèces animales en danger de disparition, la pollution...
Bien sûr il faut se rappeler qu'à l'époque, après le Déluge, on était plein de foi et d'espérance...

Bon. Pour avancer un peu et avant que vous disiez que je ne suis qu'un mythe et même un vieux mythe poussiéreux, je vous ferais remarquer que j'ai quand même un ou deux motifs de fierté. Après tout cela fait plus de trois mille ans qu'on parle de moi. C'est bien la preuve qu'il y a dans mon histoire quelque chose qui touche l'imagination, qui donne à penser et ne laisse pas indifférent. Et c'est précisément le genre d'histoire qui aide à réfléchir, à penser à la vie du monde et... à soi. De plus, l'histoire d'un désastre naturel est quelque chose qui intéresse tout le monde car on est toujours impressionné par ces énormes forces devant lesquelles nous nous sentons petits et démunis. Et justement mon histoire montre qu'il y a toujours de un « espoir ». Dieu est toujours là, rien ne peut nous séparer de lui, nous ne sommes pas à la merci d'un univers chaotique et irrationnel. Il y aura toujours un avenir pour nous.

Vous savez, il y a en fait deux Dieux dans mon histoire du Déluge. Celui qui a voulu détruire toute vie sur la terre, punir les innocents en même temps que les pécheurs. Dieu de colère et du châtiment. L'autre est le Dieu du salut et de la patience. C'est lui qui prend la parole à la fin de mon histoire et promet :

« Tant que la terre subsistera
les semailles et la moisson
le froid et la chaleur
l'été et l'hiver
le jour et la nuit
ne cesseront pas »

Genèse 8.22

C'est celui-là qui nous a accompagnés dans l'arche, moi et tous les autres vivants ; c'est lui qui a établi son alliance avec moi, avec tous mes descendants et tout être vivant sur la terre, qui a mis son arc-en-ciel en souvenir de sa promesse qu'il n'y aurait plus jamais de déluge pour détruire la terre :

« Quand j'aurai rassemblé des nuages au-dessus de la terre
l'arc paraîtra dans la nue
et je me souviendrai de mon alliance entre moi et vous
et tous les êtres vivants, de toute sorte
et les eaux ne deviendront plus un déluge pour détruire toute vie.
L'arc sera dans la nue
et je le regarderai
pour me souvenir de l'alliance perpétuelle
entre Dieu et tous les êtres vivants
de toute vie qui est sur la terre »
Genèse 9.14

Et d'ailleurs cette promesse a été tenue jusqu'à maintenant ! Chacun doit décider quel Dieu il choisit. Celui du Jugement ou celui de l'Amour. Ce choix révèle notre personnalité ! Mais ne nous égarons pas. Les vieux qui radotent sont ennuyeux ! Je ne dirai rien de ceux qui ont cherché à tirer de mon histoire des révélations sur la nourriture cachère ou non-cachère à partir de la parole :

« Vous ne mangerez point de viande avec son âme, avec son sang » Genèse 9.4

(ils en ont tiré la conclusion que le sang est sacré). Il y a aussi ceux qui justifient par mon histoire la légitimité de la peine de mort : ils se disent que leur idée aura plus de poids s'ils réussissent à la fonder sur une histoire de la Bible, surtout aussi ancienne. Je voudrais que vous gardiez surtout trois images en mémoire, parce qu'elles sont si belles :
. La colombe qui vole sur les eaux et rapporte dans l'arche un rameau d'olivier. .
. La grande arche transportant toute la famille humaine et toutes les bêtes de la terre en sécurité. .
. L'arc-en-ciel symbolisant la bienveillance universelle de Dieu pour moi, pour ma famille et pour toute vie sans discrimination.

Que la bénédiction du vieux Noé soit sur vous tous et que son histoire vous apporte courage et réconfort

 

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