Je crois en Dieu
The Lloyd Geering Reader
Sir Lloyd Geering
théologien néo-zélandais
9 décembre 2009
Je ne crois pas que la vie ait un but ni que l’univers – si mystérieux et étonnant soit-il – ait le moindre sens. L’univers est comme il est. Si nous voulons trouver un sens à la vie, si courte, que nous avons ici, nous devons le lui donner nous-même. Et nous le faisons tout simplement par la manière dont nous vivons.
Dieu est le symbole commode, hérité du passé, qui justement donne un sens à notre vie, à nos valeurs. C’est pourquoi dire « je crois en Dieu » revient à peu près à dire : « Dieu est le symbole qui donne son unité à ma compréhension du monde et à toutes les valeurs qui comptent pour moi, comme l’amour, la justice et la compassion. »
Plus je réponds positivement, plus j’apprends à vivre avec mes compagnons les autres hommes et dans le monde en général, plus je prends conscience de la valeur de la vie et plus je comprends son sens.
Je constate avec surprise que la Bible et la tradition chrétienne ne cessent pas de m’aider à vivre : Dieu - tel que je le comprends désormais - se rencontre dans les gens, dans les relations humaines, dans ma propre pensée ainsi que dans le mystère de tous les êtres vivants, dans les étoiles et dans les galaxies.
Finalement quand je dis que je crois en Dieu, j’embrasse quantités de choses différentes : je vis en confiance avec mes compagnons les autres hommes. Je vis en confiance avec le monde. Je dis « oui » à la vie. Je vis chaque nouvelle journée dans l’espérance et dans la foi.
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Il faut distinguer la foi des croyances.
Les croyances sont des constructions intellectuelles qui ne peuvent jamais être définitives et absolues en raison de notre esprit humain qui ne peut embrasser l’infini divin. Elles sont forcément marquées par leur époque et la culture où elles ont pris naissance. Les croyances naissent et disparaissent.
La foi est plus profonde. On peut changer de croyances durant sa vie et conserver néanmoins sa foi. La foi est la réponse que l’on apporte de tout son esprit, de tout son cœur et de toute sa volonté aux épreuves de la vie. C’est la foi qui rend la vie acceptable. C’est elle qui nous épanouit.
Mais la foi en quoi ?
Dans le cas des croyances on ne se pose pas la question : on n’a pas le choix de croire des choses différentes. On analyse en permanence ses croyances et on ne s’autorise à en changer que lorsqu’on grandit dans la foi et dans la compréhension des choses.
Parler de Dieu n’est pas se référer à un être personnel surnaturel qui tiendrait l’univers dans sa main et auquel on pourrait adresser des prières de demandes pour obtenir la réalisation de nos vœux (même s’ils sont tout à fait excellents).
Parler de Dieu est utiliser un langage symbolique, sanctifié par une longue tradition, qui nous réfère au mystère de l’univers, à l’origine de la vie, à la source de la vérité et au sens de l’existence humaine.
Quand j’affirme que « je crois en Dieu », je veux dire que je fais confiance au monde dans lequel je suis né, malgré toutes ses menaces et ses désillusions, malgré le mal et les drames que j’y rencontre si fréquemment. Je veux dire que je crois qu’il y a un sens à la vie du monde et que je récuse l’idée selon laquelle le monde n’est qu’un chaos absurde et la vie une horrible aberration.
Rendre grâces à Dieu signifie exprimer de la gratitude pour la vie même. Adorer Dieu désigne l’émerveillement éprouvé devant l’éternel mystère de la vie du monde.
Traduction Gilles
Castelnau
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"théologie radicale"
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