Protestants dans la Ville

Page d'accueil    Liens    

 

Gilles Castelnau

Images et spiritualité

Libres opinions

Spiritualité

Dialogue interreligieux

Hébreu biblique

Généalogie

 

Claudine Castelnau

Nouvelles

Articles

Émissions de radio

Généalogie

 

Libéralisme théologique

Des pasteurs

Des laïcs

 

Roger Parmentier

Articles

La Bible « actualisée »

 

Réseau libéral anglophone

Renseignements

John S. Spong

 

JULIAN MELLADO

Textos en español

Textes en français

 

Giacomo Tessaro

Testi italiani

Textes en français

Connaissance de la Bible

 

« La Reine de la nuit », plaquette de terre cuite

 

Babylone

 

 

Gilles Castelnau

 

28 mars 2008
L'histoire et la culture de la Mésopotamie
, entre l'Euphrate et le Tigre (l'actuel Irak), ont exercé une profonde influence sur la vie et la pensée du peuple de l'Ancien Testament.

Au sud, le royaume de Babylone avec la ville du même nom (près de l'actuelle Bagdad), Uruk, la ville du fameux Gilgamesh et Ur, où le livre de la Genèse situe la naissance d'Abraham (près de l'actuelle Bassora) ainsi que la ville de Suze.

Au nord, le royaume d'Assyrie avec les villes d'Assour et Ninive (près de l'actuelle Mossoul) et Mari (aujourd'hui en Syrie).

 

- Au 18e siècle av. JC, Babylone était la grande puissance religieuse et culturelle de Mésopotamie avec son roi Hammourabi. Le code qu'il publia aura une grande importance et on en retrouvera les traces dans la Loi israélite :

« Si un homme a crevé l'oeil d'un homme libre, on lui crèvera un oeil » § 196.

 

 


Le Code de Hammourabi, musée du Louvre

.

 

Au 8e siècle av. JC, l''Assyrie, supplanta Babylone. Le roi Salmanassar (on dit aussi Sargon II) envahit le nord d'Israël (Actuelle Galilée-Samarie) et en déporta la population en 721 av. JC. (2 Rois 15.29 et 17.5). Il commença la même année la construction d'un grand palais à Khorsabad (au nord du pays, près de l'actuelle Mossoul). Les malheureux déportés y ont peut-être participé. On pensera à eux en admirant les énormes et magnifiques taureaux à têtes humaines gardiens des abords, dont certains sont actuellement au Louvre.

 

Taureaux du palais de Khorsabad au Louvre

Plus tard, Assurbanipal (Sardanapale) roi d'Assyrie de 669 à 627 av. J.-C. fut un homme de grande culture et fonda une splendide bibliothèque dans sa capitale de Ninive. C'est là que l'on a, en particulier, retrouvé les tablettes écrites en cunéiforme du récit de la création du monde d' « Enuma Elish » et de l' « Épopée de Gilgamesh » qui contient notamment le récit du Déluge avec le personnage d'Uta-Napishtim équivalent de Noé.

.

 

A la mort d'Assurbanipal, Babylone redevint la puissance dominante de Mésopotamie. Nabuchodonosor, roi de 605 à 562 av. JC, fonda l'empire néo-babylonien. Il fit construire le palais royal de Babylone, les temples, la grande ziggourat (la « tour de Babel ») et la « Voie processionnelle » partant de la « Porte d'Ishtar ».

 

La porte d'Ishtar reconstituée au musée de Berlin

C'est lui qui envahit Jérusalem et Juda et en déporta la population, en un Exil qui dura de 587 à 538 av. JC. Il faut imaginer la foule des déportés pénétrant dans Babylone par la porte d'Ishtar et la voie processionnelle, impressionnés par sa grandeur et la beauté de ses briques vernissées.

 

Le Psaume 137 chante le désespoir et la haine des exilés :

Sur les bords des fleuves de Babylone,
Nous étions assis et nous pleurions,
En nous souvenant de Sion.
Aux saules de la contrée
Nous avions suspendu nos harpes.

Là, nos vainqueurs nous demandaient des chants,
Et nos oppresseurs de la joie :
Chantez-nous donc des cantiques de Sion !
Comment chanterions-nous les cantiques de Éternel
Sur une terre étrangère ? ...
Babylone, heureux qui saisira tes enfants,
Et les écrasera sur les rochers !

 

Il est vrai que l'identité nationale et spirituelle israélite était menacée dans la mesure où elle était centrée sur deux monuments qui venaient d'être détruits par les Babyloniens : le Temple de Jérusalem, symbole de la présence de Dieu et le palais royal, résidence du roi qui était l' « oint » de Dieu (« messie » en hébreu, « christ » en grec). Le Dieu de Babylone, Mardouk, semblait supplanter Yahvé ! C'est alors que des théologiens juifs élaborèrent une religion transportable partout, centrée sur la circoncision, l'alimentation cachère, les lois de pureté rituelles, les fêtes.

Les grands mythes babyloniens de la Création du monde, du Déluge furent repensés en une théologie fidèle à la tradition hébraïque. On expliqua par le récit de la Tour de Babel l'existence de la grande ziggourat. On raconta qu'Abraham était originaire de la ville d'Ur et n'avais jamais lui non plus possédé la Terre d'Israël.

On rédigea notamment les livres bibliques de la Genèse de l'Exode, les livres dits « historiques » de Josué, Juges, Samuel, Rois. Voir l'introduction à l'Ancien Testament.
Voici, par exemple un passage de l'Épopée de Gilgamesh racontant comment Utanapishtim (le Noé de la Bible) ayant échappé au Déluge indiqua à Gilgamesh comment se procurer l'immortalité.

Pourquoi les hommes doivent-ils mourir ?

Le récit de la Genèse dit qu'Adam et Ève ont été expulsés du Jardin d'Eden où l'on peut manger les fruits de l'arbre de vie procurant l'immortalité (fruits dont l'auteur du livre de l'Apocalypse dira qu'ils pousseront à profusion dans la « nouvelle Jérusalem ») car ils ont « mangé le fruit défendu », c'est-à-dire se sont conduits comme la Loi l'interdit.

L'Épopée de Gilgamesh dit que celui-ci s'est laissé dérober stupidement et par étourderie le fruit procurant l'immortalité qu'il avait pourtant acquis avec une habileté et un courage remarquable. On comprend que l'auteur de la Genèse ait voulu réagir au mythe de Gilgamesh et en ait donné une version plus théologiquement correcte.

Voici le récit découvert dans la bibliothèque du roi Assurbanipal.

 Utanapishtîm dit :
- Gilgamesh tu es venu ici, tu a peiné, as fait grand voyage.
Que te donnerais-je pour t'en retourner au pays ? J
Je vais te révéler cette chose cachée, t'informer, toi, d'une chose réservée aux dieux.
Il est une plante, une sorte d'épine,
Qui te meurtrira les mains comme une rose,
Mais qui, si tes mains s'en emparent, te donnera la vie.

À ces mots Gilgamesh creuse à ses pieds pour trouver de lourdes pierres, dont il s'empare et qui l'entraînent jusqu'au fond de la mer, où il trouve la plante, qui lui pique les mains.
S'étant libéré de ses pierres il remonte et la mer le repousse au rivage.
Il brandit la plante et dit :
- Voici la plante qui guérit de la peur de la mort.
Grâce à elle on retrouve la vitalité.
Je l'emporte à Uruk,
Je verrais si cela marche sur un vieillard
Et j'en absorberais moi même
Pour retrouver ma jeunesse�

Ils partent pour Uruk.

Gilgamesh, ayant aperçu un trou d'eau fraîche
S'y jeta pour se baigner.
Un serpent, attiré par l'odeur de la plante,
Sortit furtivement de son terrier, l'emporta et en s'en retournant, rejeta ses écailles.

Gilgamesh demeura là, prostré, il pleura,
Les larmes ruisselant sur ses joue, il dit :
- Pour qui mes bras se sont ils épuisés ?
Pour qui le sang de mon coeur a-t-il coulé ?
Je n'en ai tiré aucun avantage.

.

 

En 539 av. JC, le roi des Perse, Cyrus, attaqua et envahit Babylone en ainsi que tout le Moyen-Orient. Il libéra les peuples déportés et fit lui-même reconstruire le temple de Jérusalem. Dans son enthousiasme, le prophète Ésaïe lui donne le titre de Messie :

Ainsi parle l'Éternel à son messie, à Cyrus, qu'il tient par la main...
Je marcherai devant toi...
afin que tu saches que je suis Éternel
et que je t'appelle par ton nom,   (Es. 45.1)

 

La tolérance de l'immense Empire perse, centralisé mais acceptant la diversité des différents cultes ouvrit l'esprit des théologiens à l'idée nouvelle du monothéisme : jusque là il était admis (c'était l'hénothéisme) que chaque peuple avait son Dieu et ne devait pas adorer les autres Dieux : « Tu n'auras pas d'autres Dieux devant ma face », disait le premier des Dix Commandements. Désormais on comprit qu'il n'y avait qu'un seul Dieu, le même pour tous les hommes.

 

En fait le retour des Juifs en Palestine ne fut pas triomphal. Le pays était occupé par des populations étrangères, la reconstruction du Temple avec Esdras et Néhémie ne fut pas facile et nombreux furent les Juifs qui préférèrent demeurer à Babylone où finalement ils ne se trouvaient pas si mal. Plus tard la partie la plus importante du Talmud y fut même écrite.

C'est à ce moment que l'on rajouta dans l'histoire d'Abraham que celui-ci n'avait pas voulu que son fils Isaac épouse une fille du pays et qu'il avait envoyé Eliézer à Babylone pour en ramener celle qui deviendrait sa belle-fille. (Genèse 24)

 

En 332 c'est Alexandre le Grand qui envahit Babylone et établit son empire jusqu'à l'Égypte, l'Afghanistan et à l'Indus. Il aimait Babylone et l'agrandit encore. C'est là qu'il mourut à l'âge de 33 ans.

 

Babylone la ville maudite

.

 Au premier siècle de notre ère encore, le Voyant de l'Apocalypse surnommait « Babylone » la ville de Rome persécutrice des chrétiens et en annonçait sa destruction :

Elle est tombée, elle est tombée, Babylone la grande !
Elle est devenue une habitation de démons,
un repaire de tout esprit impur,
un repaire de tout oiseau impur et odieux, (Apo 18.2)

 Et les peintres s'en donnaient à coeur joie de peindre la « Tour de Babel » symbole de l'orgueil humain.

 

Bruegel l'Ancien, La Tour de Babel, vers 1563

 

Retour vers Connaissance de la Bible
Retour
Vos commentaires et réactions

 

haut de la page

 

 

Les internautes qui souhaitent être directement informés des nouveautés publiées sur ce site
peuvent envoyer un e-mail à l'adresse que voici : Gilles Castelnau
Ils recevront alors, deux fois par mois, le lien « nouveautés »
Ce service est gratuit. Les adresses e-mail ne seront jamais communiquées à quiconque.