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Les textes sacrés ne sont pas

des comptes-rendus historiques

 

Israël Finkelstein

directeur de l'Institut d'archéologie de l'université de Tel-Aviv.
Coresponsable des fouilles de Megiddo

Propos recueillis à Megiddo par Bernadette Arnaud

Extrait de la revue Sciences et Avenir


En 721 av. JC  la puissante Assyrie envahit Israël du Nord (l’actuelle Galilée-Samarie) et en déporte la plus grande partie de la population. Une autre part se réfugie en Israël du Sud, Juda, dont la capitale était Jérusalem.
En 587 av. JC, c’est Babylone, avec le roi Nabuchodonosor qui envahit Juda et en déporte l’essentiel de la population jusqu’en 538 av. JC.
A cette date la Perse (l’actuel Iran) domine tout le Moyen Orient (elle ira jusqu’à Marathon en 499 av. JC) et libère Israël dont une grande partie retourne en Israël, mais sans avoir la possibilité de se redonner un roi. Gilles Castelnau


.

17 décembre 2008

Vous considérez que le VIIe siècle av. J.-C. est une période fondamentale ?

Israël Finkelstein. Les villes ont commencé à naître dès l'âge du bronze récent (1550-1150 avant J.-C) et les premiers royaumes royaumes à l'âge du fer (1150-587 avant J.-C). C'est durant cette dernière période que se sont déroulés les principaux événements qui figureront ensuite dans la Bible.


En effet, l’essentiel de l'Ancien Testament (la Bible hébraïque) est né à Jérusalem, principalement au VIIe siècle, sous le règne du roi Josias, immédiatement après le retrait des Assyriens. L’Ancien Testament va s’élaborer en quelques générations dans le tout petit royaume de Juda.
 
Il y a donc au départ deux royaumes, et non une monarchie unifiée, comme le raconte la Bible ?

Israël Finkelstein. En effet, dès la fin du Xe siècle avant J.-C., existent déjà deux entités. Dans les plaines fertiles du nord se trouve le puissant royaume d'Israël, avec de grandes cités telles Samarie ou Megiddo, tandis qu'au sud, dans les régions arides, s'est développé celui isolé de Juda. L'archéologie a démontré qu'il n'y a pas eu de grand royaume unifié établi à Jérusalem régnant sur l'ensemble du territoire, avant la fondation de ces deux royaumes.

 Pourquoi alors ce mythe de la monarchie unifiée ?

 Israël Finkelstein. Pour le royaume de Juda, la récupération des terres qui avaient été occupées par les Assyriens est fondamentale. Jérusalem considère que les terres du nord, c'est-à-dire les ex-territoires de l'ancien royaume d'Israël, lui appartiennent. C'est à ce moment-là qu'émerge l'idée du pan israélisme territorial et cette volonté farouche de vouloir créer un grand royaume unifié, en particulier après le retrait assyrien. Afin de donner à ces aspirations territoriales une légitimité, il fallait les lier idéologiquement aux grands rois David et Salomon... C’est alors que s’est faite la collecte des traditions orales, des histoires populaires, des prophéties, des chants épiques et des textes de propagande royale et que les traditions des deux royaumes du sud et du nord ont été combinées en une seule source écrite.

En quelques années à peine, les fouilles archéologiques nous montrent que la surface de Jérusalem passe de six à plus de soixante hectares ! Que les villages du royaume de Juda multiplient leur superficie par cinq ou six et que leur nombre s'accroît fortement. C'est très spectaculaire. Seule l'archéologie pouvait montrer l'ampleur de cette soudaine expansion! Confirmant une fois de plus que c'est seulement à partir de la fin du VIIIe siècle avant J.-C. que la Jérusalem prospère a existé, et pas dans des temps mythiques antérieurs.

La Bible est donc le reflet de l'âge du fer ?
 
Israël Finkelstein. C'est fondamental à comprendre. Quand on regarde les textes de près, comme la Genèse ou l'Histoire deutéronomiste et que l'on confronte ces données à la réalité du terrain, on comprend que la part « historique » de la Bible a été  « constituée » à l'âge du fer.
Deux types de processus se mettent en place: d'une part, un remodelage d'une réalité contemporaine replacée dans un passé mythique « ancien », celui des Patriarches ou des célèbres rois ; d'autre part, l'utilisation de traditions orales anciennes appartenant aux corpus israélite ou judéen actualisés et adaptés à la réalité contemporaine. Par exemple, ce qui se trouve dans certaines parties de la Genèse ne présente pas une réalité ancienne. La description géographique qui y est faite appartient à la réalité de la fin de l'âge du fer. L'idéologie et la théologie sont celles du royaume de Juda au VIIe siècle avant J.-C. On pourrait comparer cela aux poèmes d'Homère - l'Iliade et l'Odyssée -, écrits plusieurs siècles après l'époque à laquelle ils se réfèrent.

Si la Bible ne peut être considérée comme un livre d'histoire, certains de ses éléments sont-ils néanmoins historiques ?
 
Israël Finkelstein. D'un côté, certains éléments démontrent qu'il ne s'agit pas que d'une fable sans fondement historique. De l'autre, les données archéologiques sont parfois contradictoires avec ce qui figure dans le texte. Il a fallu comprendre la réalité humaine et historique qui se dissimulait derrière les écrits. Si je n'accepte pas que tout soit historique, je ne prétends pas non plus que tout soit une fiction! J'irai même jusqu'à dire que le cadre est souvent historique, en particulier pour les phases tardives de l'âge du fer, mais que le contenu est théologique. C'est pour cela que c'est problématique et que l'on ne peut considérer ce livre comme un livre d'histoire, au sens moderne du terme.

Quels sont les faits célèbres détournés de la réalité ?
 
Israël Finkelstein. Plusieurs grands épisodes de la Bible, spécialement ceux qui peignent l'histoire formative de l'ancien Israël, ne se sont pas déroulés tels qu'ils sont décrits, et parfois n'ont tout simplement pas existé. Ce sont des allégories. Et il faut les prendre comme telles.
La conquête de Canaan, par exemple. La campagne éclair qui est censée avoir été menée par Josué à la fin de l'âge du bronze, n'a laissé aucune trace archéologique. Au contraire, les fouilles indiquent que le processus de ruine des cités-États cananéennes s'est déroulé de façon très graduelle, et que nombre de sites prétendument conquis par Josué n'existaient pas à l'époque.

Et l'Exode vers l'Égypte ?
 
Israël Finkelstein. Nous savons bien qu'à l'âge du bronze, des peuples sémitiques venant de Canaan se rendaient dans le delta du Nil. Égypte a toujours constitué un débouché pour Canaan quand il fallait affronter des guerres ou des famines. Mais il n'y a pas eu de déplacement massif de population à l'époque où cet épisode aurait dû se dérouler.

Comment êtes-vous arrivé à cette conclusion ?
 
Israël Finkelstein. Au XIIIe siècle avant J.-C., l'Égypte étant la plus grande puissance du monde, son autorité s'étend sur tout le pays de Canaan, et rien ne peut s'y dérouler sans qu'elle ne soit alertée. L'important système de fortifications égyptien dans le Sinaï et en Canaan est archéologiquement bien connu. Il est impossible qu'un peuple ait pu passer entre les mailles du filet... Or les innombrables documents égyptiens contemporains de cette période ne font aucune mention d'un passage de grande ampleur d'Israélites traversant leurs frontières fortifiées. Ensuite, l'interminable périple dans le désert du Sinaï d'autant de population aurait dû laisser des traces. Imaginez des dizaines de milliers de personnes errant pendant quarante ans... Les fouilles archéologiques menées des années durant n'ont jamais livré le moindre tesson de poterie, ni aucune trace de campement !

Comment interpréter ces contradictions ?

Israël Finkelstein. Les lieux mentionnés dans la Bible ont réellement existé, sauf qu'ils n'étaient pas habités à l'époque où auraient dû se dérouler ces événements anciens. Nous revenons toujours à la même chose. Écrits à la fin de l'âge du fer, les textes sacrés racontent un événement qui se serait déroulé à une époque ancienne, mais en le situant dans un contexte géographique et parfois même une réalité politique contemporains. L'Exode n'est pas un événement historique. C'est une métaphore. Celle de la résistance et de la victoire d'un petit peuple contre un grand empire. Cela grâce à l'aide divine. Elle est écrite au moment où le peuple de Juda doit à son tour affronter de grands empires.

Et qu'en est-il du roi David ?
 
Israël Finkelstein. Il s'agit d'un petit chef de clan sans grande envergure. Son règne dans les hautes terres du sud va être complètement magnifié par l'auteur ou les auteurs de l'histoire deutéronomiste. Quand on étudie l'épopée de David, elle est pleine de contradictions. C'est absolument impressionnant. Si vous lisez certains passages du Livre de Samuel, vous assistez à la description d'un puissant souverain, qui défait toutes les armées voisines. Par contre, d'autres parties du livre présentent un tout autre personnage. On y décrit un chef de bande agissant principalement dans les zones marginales. Un hors-la-loi échappant à l'autorité centrale. Et dans le Livre des Chroniques, vous n'en croyez pas vos yeux. Il est passé à la lessiveuse ! Blanchi comme neige. C'est un roi merveilleux et magnanime. Tous les aspects négatifs ont été gommés ! C'est ce David céleste que l'on retrouve dans les cathédrales du monde chrétien.
 
 
Êtes-vous aussi sévère avec le roi Salomon ?

 
Israël Finkelstein. C'est exactement pareil. Car il existe plusieurs personnages très différents. D'abord le grand souverain du Livre des Rois. Riche, puissant, équitable, qui fait commerce des chevaux. Puis dans le chapitre suivant, Salomon est déjà moins parfait. Sur ses vieux jours, il est même devenu un personnage peu recommandable. Il a épousé des étrangères... et rapporté des cultes lointains à Jérusalem... Il est traité comme un apostat! En fait, ce que l'on voit ici est l'oeuvre de plusieurs « plumes ». Chacune représente différentes époques ou différentes tendances au sein de la société judéenne de la fin de la monarchie.

Qui sont les auteurs de cette oeuvre biblique ?
 
Israël Finkelstein. La compilation des divers matériaux a été opérée par un groupe de scribes autour du roi Josias, à la fin du VIIe siècle avant J.-C. Il est important de noter qu'il n'y a aucune trace d'écriture dans la région avant la fin du VIIIsiècle avant J.-C. A Juda, les premiers et seuls textes gravés sont les inscriptions retrouvées dans le tunnel de la ville, et ceux du cimetière de Siloé: elles ont toutes deux été écrites vers 700 avant J.-C. Ce n'est qu'après, à partir du VIIe siècle avant J.-C, sous les rois Manassé et Josias, que le nombre d'inscriptions, de sceaux et d'ostraca (tessons portant des écritures) augmente. Le royaume de Juda a alors atteint un niveau significatif d'alphabétisation.


Pourquoi le temple de Jérusalem est-il devenu si important dans la Bible ?
 
Israël Finkelstein. Parce que selon l'idéologie deutéronomiste, c'est là, et là seulement, sous les rois de la lignée davidique, que va se mettre en place un culte entièrement dévolu à Yahvé, le Dieu d'Israël. Ce sont « le » ou « les » auteurs de ce mouvement deutéronomiste qui racontent l'histoire d'Israël depuis leur « arrivée » en Terre promise jusqu'à l'exil de Babylone, dans la perspective de la relation entre Dieu et son peuple, condamnant sans appel le culte d'autres divinités.

Et le monothéisme ?
 
Israël Finkelstein. A Jérusalem, ce sera principalement Yahvé. Mais les auteurs bibliques connaissent l'existence d'autres dieux mineurs, auxquels des cultes sont également rendus : par exemple Milkom, le dieu des Ammonites, ou Kemosh, dieu des Moabites. A ce stade, on doit donc plutôt parler de monolâtrie que de monothéisme. La lutte a dû être âpre pour le clergé du temple de Jérusalem, qui ne souhaitait voir qu'un culte rendu à Yahvé. Là, on assiste à une centralisation du culte, que l'on peut regarder aussi comme un choix politique pour renforcer le pouvoir royal.


En quoi l'édification du second temple de Jérusalem est-elle déterminante ?

Israël Finkelstein. Avec la disparition du dernier grand roi assyrien Assurbanipal (669-627 avant J.-C.) l'hégémonie de l'Empire décline. Ce sont les Babyloniens qui entrent en scène : les armées de Nabuchodonosor détruisent Jérusalem et son premier temple dédié à Yahvé en 587 avant J.-C. Une partie de la population et l'élite judéennes sont alors exilées à Babylone, pendant qu'une partie des habitants continue à vivre sur place, comme le prouvent les fouilles archéologiques, et contrairement à ce qu'indique la Bible. Il ne s'agit pas d'un exil total. Ce n'est qu'au retour de certains groupes, après 539 avant J.-C., quand Cyrus, roi des Perses, vainqueur des Babyloniens, passe un décret en faveur de la restauration de Juda et de son temple détruit, que les choses changent complètement.
La monarchie de Juda disparue, Jérusalem est alors dominée par une communauté de prêtres. Le second temple rebâti devient le lieu où se rassemble l'élite de Yehoud. C'est là où l'on va se retrouver autour des textes sacrés. A la place de l'identité politique éliminée, apparaît alors une identité religieuse. Il n'y a dès lors plus qu'un seul Dieu, Yahvé. Le terme de monothéisme ne peut donc être employé qu'« après » la première destruction. Avec le second temple, quand le Dieu d'Israël devient le Dieu universel. Mais absolument pas avant.

Yahvé n'aurait été auparavant qu'une divinité locale ?
 
Israël Finkelstein. Longtemps, les divinités sont en effet territoriales. Yahvé n'a de pouvoir que sur le territoire d'Israël. Or après la destruction du premier temple, il y a une véritable crise théologique: si Babylone a détruit Jérusalem, serait-ce parce que son Dieu est plus puissant que Yahvé ?
Dans la réponse réside tout le génie des auteurs judéens. C'est un tour de passe- passe magistral. Une idée brillantissime. Les Babyloniens ont en fait été manipulés par le Dieu d'Israël ! Ils sont le bras de sa vengeance ! Du point de vue de Juda, Dieu n'a fait que châtier le peuple d'Israël qui a violé ses commandements. Donc c'est à cet instant, aux VIe-Ve siècles avant J.-C, que Yahvé est investi d'un pouvoir universel, et que débutent le judaïsme et le monothéisme. Tout cela se constate d'ailleurs à travers l'étude fine des niveaux archéologiques. Dès ce moment, on ne trouve plus aucune figurine ni représentation d'autres cultes!

Existe-t-il des preuves archéologiques de pratique d'autres cultes ?
 
Israël Finkelstein. Aux temps monarchiques, il y avait des pratiques païennes. Il suffit pour cela de lire attentivement les prophéties de Jérémie et Ézéchiel. Sur le terrain, même à Jérusalem, à quelques centaines de mètres du Temple, nous avons découvert des figurines de terre cuite ou encore des vases à libations. Elles prouvent des pratiques religieuses variées et le fait qu'au départ, il n'y avait pas qu'un culte exclusif à Yahvé. Au VIIe siècle avant J.-C, il est sans doute la divinité principale d'un panthéon. Il est décrit comme le plus puissant.
Il existait aussi des rites envers d'autres divinités empruntées aux peuples voisins. Des inscriptions retrouvées dans le nord- est du Sinaï datées du VIIIe siècle avant J.-C. font même référence à une certaine «Ashéra, épouse de Yahvé»... Mais après le tournant du VIe-Ve siècle et le retour d'exil de Babylone, tous ces détails disparaissent.

Existait-il d'autres temples ?
 
Israël Finkelstein. Bien sûr. Jérusalem n'était pas la seule cité à en posséder un. Le temple de Béthel, sur le territoire de l'ex-royaume du nord, à quelques kilomètres de la ville actuelle de Ramallah, était également dédié à Yahvé. Il est d'ailleurs vécu comme un concurrent par Jérusalem. Seuls 18 kilomètres séparaient les deux sanctuaires rivaux. A l'époque perse, ce temple n'existe déjà plus.

Jusqu'à quand les textes qui composent la Bible hébraïque ont-ils été rassemblés pour constituer le canon que nous connaissons aujourd'hui ?

Israël Finkelstein. C'est une grande question. Si nombre de ces écrits sont déjà rassemblés au moment de la destruction de Jérusalem et de son temple en 587 avant J.-C, beaucoup ont certainement été composés entre le VIe siècle et le IIe siècle avant J.-C. C'est-à-dire sous la domination perse, mais aussi celle des dynasties grecques Égypte, les Ptolémées, puis ensuite les Séleucides de Syrie, après la conquête d'Alexandre le Grand en 332 avant J.-C. Entre-temps, la province de Yehoud est devenue Judée.


Vous considérez aujourd'hui cette période tardive comme fondamentale...

Israël Finkelstein. Je dirai plutôt importante. Il s'agit d'un des thèmes de ma recherche actuelle. J'essaie de déterminer quel a été l'effet de la période hellénistique et l'impact de la dynastie asmonéenne (une brève dynastie sacerdotale juive issue des Maccabées, aux alentours de 167 avant J.-C.) sur la formation de la tradition biblique. Je suis de plus en plus intéressé par les périodes qui s'étendent entre la destruction du temple de Jérusalem et le deuxième siècle avant l'ère chrétienne. Ces périodes de compilations finales des textes bibliques qui seront directement liées aux racines du judaïsme. Dans ces recherches, l'étude des textes des Chroniques d'Esdras et de Néhémie est à mon avis fondamental.


Que répondez-vous aux attaques parfois portées par certains de vos confrères ?

Israël Finkelstein. D'abord, dans les cercles universitaires, il est regrettable que nombre de scientifiques qui travaillent sur les textes bibliques ne s'intéressent absolument pas aux résultats archéologiques, et qu'inversement, la plupart des archéologues ignorent le contenu de la recherche biblique... Dire que les choses ne se sont pas exactement passées comme elles sont décrites dans la Bible ne signifie en rien nier le caractère extraordinaire de ce livre. Contrairement aux biblistes issus d'un milieu théologique, et contrairement à beaucoup d'archéologues, je ne me contente pas de l'aspect strictement technique des travaux de terrain.

Mais vous êtes aussi attaqué par certains membres de la société civile...
 
Israël Finkelstein. En Israël, les choses prennent tout de suite une dimension politique, culturelle, religieuse et de civilisation. C'est très compliqué. En même temps, les réactions sont assez diverses. La société israélienne est très segmentée.
Pour les religieux orthodoxes et ultraorthodoxes, je n'existe pas. Ce que je peux raconter ne saurait être mis en parallèle avec une vérité divine, ce que je conçois très bien. Ce qui me touche en revanche, c'est l'incompréhension que je rencontre parfois chez une certaine catégorie de population pour qui le récit biblique constitue le fondement de l'idéologie politico-religieuse. Quant aux autres segments de la société israélienne, ils sont soit indifférents, soit prêts à entendre de nouvelles idées. Beaucoup comprennent que les résultats de la recherche sur l'ancien Israël ne sont pas moins extraordinaires ni émouvants que l'interprétation traditionnelle de l'histoire biblique classique. Ce texte magnifique est fondateur de notre culture.
De toute façon, il est complètement absurde d'utiliser les données scientifiques d'une histoire remontant aux temps bibliques pour soutenir ou dénier une réalité contemporaine! Et au-delà d'Israël, l'opposition a été beaucoup plus farouche aux États-Unis dans certains cercles biblistes, où l'archéologie est directement liée à la théologie.

Que souhaiteriez-vous que l'on retienne de votre travail ?
 
Israël Finkelstein. Que dans la recherche scientifique, la vérité est au-dessus de tout ! Lorsque l'on touche aux domaines de la théologie, de l'idéologie et de la propagande, il faut conserver une intégrité à toute épreuve... Il n'y a pas de « bureau de l'histoire authentique » ! C'est valable pour tous les pays et toutes les cultures dans le monde. Seule la science, la rigueur, et le respect absolu de tous les points de vue exprimés avec honnêteté et intégrité scientifique pourront faire avancer les choses.

 

 

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