Spiritualité
Connaissance de la Bible
Le veau d'or
Deutéronome 9.7-18
Le Dieu Baal
9 février 2005
Quand on mentionne le « veau
d'or », tout le monde
pense d'abord à l' « or » et s'imagine que Dieu reproche au peuple d'avoir
trop aimé la richesse. Mais il n'est pas question de richesse
dans ce récit, mais de l'alliance de Dieu avec les hommes
centrée sur l'amour du prochain et de sa colère de Dieu
lorsque cette alliance d'amour est oubliée par ceux qui
construisaient un veau d'or.
Lorsque le livre du Deutéronome
qui contient ce récit du veau d'or est
publié, on est à la
fin du 7e siècle av. JC. Un récit
écrit par un membre de l'école deutéronomiste
rapporte les circonstances de cette publication. Il s'agit d'une
grande manifestation de tous les juifs qui se sont rassemblée
sur l'esplanade du Temple de Jérusalem. Le roi Josias se
tenait lui-même sur une estrade construite spécialement
pour l'occasion. Il présidait la rencontre :
Le roi Josias fit assembler
auprès de lui tous les anciens de Juda et de Jérusalem.
Puis il monta à la maison de l'Éternel, avec tous les
hommes de Juda et tous les habitants de Jérusalem, les
prêtres, les prophètes, et tout le peuple, depuis le
plus petit jusqu'au plus grand. Il lut devant eux toutes les paroles
du livre de l'Alliance, qu'on avait trouvé dans la maison de
l'Éternel.
Le roi se tenait sur l'estrade, et il traita alliance devant
l'Éternel, s'engageant à suivre l'Éternel, et
à observer ses ordonnances, ses préceptes et ses lois,
de tout son cœur et de toute son âme, afin de mettre en
pratique les paroles de cette alliance, écrites dans ce livre.
Et tout le peuple entra dans l'Alliance. 2 Rois 23.1-3.
Le prophète Jérémie
figurait sans doute en bonne place parmi les prophètes
mentionnés. On ne le nomme pas car il était peu
populaire.
Alors ils prirent
Jérémie, et le jetèrent dans la citerne de
Malkija, fils du roi, laquelle se trouvait dans la cour de la prison;
ils descendirent Jérémie avec des cordes. Il n'y avait
point d'eau dans la citerne, mais il y avait de la boue; et
Jérémie enfonça dans la boue. Jér 38.6
On le trouvait pessimiste et négatif.
Mais il était néanmoins un grand prophète qui
conseillait le roi Josias dans la grande réforme de la
spiritualité et des moeurs qu'il entreprenait.
Le roi avait dû sentir l'ambiance
dans le peuple. Il avait
réuni tout le monde, les
habitants de Jérusalem, les prêtres, les
prophètes, et tout le peuple, depuis le plus petit jusqu'au
plus grand. Et tout le monde
était venu manifester et écouter la lecture du nouveau
livre, celui que nous nommons Deutéronome et qui contient
notamment le récit du veau d'or.
On disait que ce livre était de la
plus grande importance dans la mesure où il remontait à
la plus haute antiquité, qu'il avait été
oublié et venait d'être redécouvert par hasard
dans les archives du temple (2 Rois 22.8), qu'il avait sans
doute été écrit par le grand Moïse
lui-même.
En réalité, le
Deutéronome répondait exactement à ce que pensaient les gens à ce
moment là : on en avait assez. On ne supportait plus
globalement l'ambiance délétère qui
régnait alors. On se rend compte de cela à la lecture
du Deutéronome : c'est un livre à la fois chaleureux,
plein d'amour et d'enthousiasme, de souci pour le prochain et en
même temps chargé de menaces.
Si la réforme de Josias a si bien réussi c'est qu'elle
correspondait à ce que l'on devait penser :
Les jeunes n'ont plus de morale, ils sont inconscients de leur style
de vie et de pensée.
Les patrons ne respectent pas leurs employés et surtout pas
les immigrés qu'ils maltraitent et qui se trouvent
discriminés.
Les lois sociales ne sont pas appliquées. Les veuves et les
orphelins sont spoliés de leur patrimoine légitime et
exploités par des individus immoraux et sans
scrupules :
L'Éternel, votre Dieu
fait droit à l'orphelin et à la veuve, il aime
l'étranger et lui donne de la nourriture et des
vêtements. Vous aimerez l'étranger, car vous avez
été vous-mêmes étrangers dans le pays
d'Égypte. Dt10.18
En résumé on manquait,
à cette époque de fraternité et
d'égalité. Le peuple s'en rendait cruellement compte.
Le Deutéronome est un livre qui donne, si on le met en
pratique, un important coup de gouvernail à la vie collective
du peuple.
Evidemment le compte rendu que le
récit biblique nous donne correspond à la conception
à l'école que nous appelons aujourd'hui l'école
deutéronomiste, celle « des prêtres et des
prophètes » qui ont
rédigé le Deutéronome et qui ont suscité
la grande réforme du roi Josias. L'école
deutéronomiste a également produit les livres bibliques
de Josué, des Juges, de Samuel et des Rois.
.
On rendait le culte des Baals absolument
responsable des dérapages et
des déviations religieuses, politiques, sociales,
économiques, culturelles dont souffrait le peuple.
C'était donc de ce culte qu'il fallait le libérer et
reprendre les choses en main au nom de l'égalité et de
la fraternité selon l'Esprit du grand Moïse.
On aimait les Baals. Baal était le
Dieu sauveur, libérateur, le Dieu qui renouvelle la vie et
donne la prospérité. On a retrouvé en Syrie
l'ancienne cité d'Ougarit et tous les textes religieux du
culte de Baal. Baal était associé à la figure du
taureau, dont il avait la force et le dynamisme.
Le culte de Baal est participation
passionnée et émotionnelle aux forces de la nature par
des rites et des prières. Essentiellement « religieux » il est sans connotations éthiques. Le
fidèle de Baal s'implique dans l'action du dieu qui agit
indépendamment de lui.
Les prophètes bibliques ont un
message fortement social et politique. Ils appellent les hommes
à créer eux-mêmes le monde heureux et fraternel
voulu par Dieu.
.
Le roi Josias a donc lu à la foule
qui était venue pour cela
dans une ambiance de révolution conservatrice, de
rétablissement des vérités traditionnelles dont
on manquait, le texte censé avoir été
prononcé par Moïse lui-même au peuple de son
époque, dans le désert :
Souviens-toi, n'oublie pas de
quelle manière tu as excité la colère de
l'Éternel, ton Dieu, dans le désert. Depuis le jour
où tu es sorti du pays d'Égypte jusqu'à votre
arrivée dans ce lieu, vous avez été rebelles
à l'Éternel.
A Horeb, vous avez excité la colère de
l'Éternel, l'Éternel s'est irrité contre vous,
et il a eu la pensée de vous détruire.
Lorsque je fus monté sur la montagne (c'est Moïse
lui-même qui est censé parler), pour prendre les tables
de pierre, les tables de l'Alliance que l'Éternel a
traitée avec vous, je demeurai sur la montagne quarante jours
et quarante nuits, sans manger de pain et sans boire d'eau et
l'Éternel me donna les deux tables de pierre écrites du
doigt même de Dieu, et contenant toutes les paroles que
l'Éternel vous avait dites sur la montagne, du milieu du feu,
le jour de l'assemblée.
Ce fut au bout des quarante jours et des quarante nuits que
l'Éternel me donna les deux tables de pierre, les tables de
l'Alliance.
L'Éternel me dit alors : Lève-toi, descends en
hâte d'ici car ton peuple, que tu as fait sortir
d'Égypte, s'est corrompu. Ils se sont promptement
écartés de la voie que je leur avais prescrite; ils se
sont fait une image de métal. Dt 9.7-12.
Cette « image de
métal » en forme de
taureau était un symbole de Dieu. Un symbole de Dieu vu
à la manière de Baal.
L'Éternel me dit :
Je vois que ce peuple est un peuple au cou roide.
Laisse-moi les détruire et effacer leur nom de dessous les
cieux. Dt 9.13-14
Les gens qui étaient venus devaient
penser que c'était bien vrai : les patrons ne respectent
plus leurs employés, surtout les immigrés, les lois
sociales ne sont pas appliquées, les veuves et les orphelins
méprisés ! en effet tout au long du livre ces lois
sociales sont réaffirmées avec la plus grande force,
montrant ainsi à quel point il était nécessaire
de les rappeler.
Les gens devaient sans doute se dire que puisqu'à
l'époque le peuple méritait un tel châtiment pour
avoir suscité à tel point la colère de Dieu,
cela devait être la même chose aujourd'hui où la
société était visiblement laxiste et corrompue.
Les mots « colère » et « détruit » sont répétés.
Je retournai et je descendis de
la montagne toute en feu, les deux tables de l'alliance dans mes deux
mains.
Je regardai, et voici, vous aviez péché contre
l'Éternel, votre Dieu, vous vous étiez fait un veau de
fonte, vous vous étiez promptement écartés de la
voie que vous avait prescrite l'Éternel. Dt 9.15-16.
Le terme employé pour dire
« veau » est l'hébreu « eguel » par lequel les Cananéens désignaient
le Dieu taureau, le Dieu Baal.
Je saisis les deux tables, je
les jetai de mes mains, et je les brisai sous vos yeux. Dt 9.17.
En nous conduisant comme nous le faisons, se
disaient les gens, en développant une religion purement
rituelle et basée sur le seul succès et la richesse,
sans amour, sans égalité ni fraternité, nous
nous détournons effectivement de l'Alliance du Dieu d'amour.
Du moins c'était là le but du Deutéronome
à l'intention de ceux qui voulaient bien
écouter.
.
Le reproche adressé au peuple par
le roi de la part de Moïse,
n'était pas celui de la banale idolâtrie qui aurait
consisté à abandonné tout uniment le vrai Dieu,
Yahvé au profit du faux Dieu totalement imaginaire, Baal.
Il n'y avait pas de différence vraiment claire entre celui que
l'on appelait Yahvé et celui que l'on a progressivement
appelé Baal. En effet, le mot Baal, en hébreu, signifie
tout simplement « Seigneur » et c'était le titre naturel pour
Yahvé. D'autant plus qu'il ne fallait pas prononcer le nom de
Yahvé qu'il convenait de remplacer par « Adonaï » (seigneur) ou par « Baal » (seigneur également).
Ceci est clair dans le récit
parallèle d'Exode 32 qui a sans doute été
écrit au siècle suivant durant l'Exil à Babylone
ou même un peu après le Retour en Palestine qui eut lieu
en 538. Dans ce récit d'Exode 32 on trouve la phrase
suivante :
Fais-nous des Dieux qui
marchent devant nous
Et celle-ci qui est
répétée deux fois :
Israël, voici
tes Dieux qui t'ont fait sortir du pays
d'Égypte.
Cela signifie que ce veau d'or
n'était pas un autre Dieu, conçurent de Yahvé.
Le veau d'or était l'image représentant le Dieu
libérateur d'Égypte, c'est-à-dire
Yahvé.
Curieusement le terme est au
pluriel : « les Dieux », toutes les traductions françaises ne
respectent pas le pluriel hébreu et certaines transcrivent un
singulier.
La même phrase se retrouve dans
1 Rois 12. 29 dans la bouche de Jéroboam :
Jéroboam fit deux veaux
d'or et dit au peuple : Israël, voici tes Dieux qui t'ont
fait sortir du pays d'Égypte.
Les Baal étaient pluriels. Il y en
avait un par lieu, un par ville, un par troupeau, un par famille.
C'était une religion animiste. Dans l'animisme africain ou
indien il y a la divinité de la forêt, du fleuve, de
l'ouragan. Le shintoïsme japonais y ajoute la divinité de
l'usine, du camion etc...
Il y avait donc deux conceptions de Dieu
que l'on confondait.
- La conception
« style Yahvé » : Yahvé nous a libérés
d'Égypte et nous a donné la loi de la liberté,
de la fraternité et de l'amour. Yahvé se
préoccupe de notre façon de nous conduire les uns avec
les autres.
- La conception « style
Baal » : Baal ne se
préoccupait pas de notre conduite mutuelle. Les prières
que l'on a retrouvées à Ougarit ne mentionnent pas
d'éthique en rapport avec la foi en Baal. Il y avait certes
une éthique courante dans le peuple, mais elle était
promue par le roi, par sa loi et non par Dieu. Baal était la
divinité du succès, de la vie présente dans le
sang et le souffle de l'individu. En pratiquant des incisions et en
faisant couler un peu de sang, on montrait à Baal qu'on lui en
sacrifiait un peu pour en obtenir plus de sa part. On pratiquait
aussi des rites sexuels destinés à le motiver pour
qu'il accroisse le nombre d'enfants, de brebis, la pousse du
blé. Le Dieu donnait le succès sans se
préoccuper des relations morales que l'on pouvait avoir ou ne
pas avoir avec son prochain.
C'est ainsi que lorsque le roi Achab et la
reine Jézabel ont fait mourir injustement Naboth pour lui
prendre sa vigne, Baal adoré par le roi devait faire pousser
sa vigne aussi bien pour lui que pour Naboth 1 Rois 21
Au siècle
précédent, du temps
des prophètes Esaïe, Michée, Osée et Amos,
c'est Osée qui dit :
En ce jour-là, dit
l'Éternel, tu m'appelleras « mon mari » et tu ne m'appelleras plus « mon Baal » (mon seigneur) ! J'ôterai de ta bouche
les noms des Baals, afin qu'on ne les mentionne plus par leurs noms.
Osée 2.18.
Il est donc clair qu'au temps du
prophète Osée, Yahvé était couramment
appelé « Baal », seigneur. C'est Osée qui a proposé de
changer de vocabulaire afin de disjoindre clairement ces deux
conceptions différentes de Dieu.
Aujourd'hui encore bien des
gens confondent vraiment
l'Éternel, le Dieu judéo-chrétien avec une
conception de Dieu qui n'a jamais été celle de la
Bible, qui est le tout-puissant Dieu du succès, de la
réussite, des petits miracles, des coïncidences heureuses
et des protections inattendues. On demande au Dieu-Baal des
interventions avantageuses, des guérisons, des protections
particulières, des succès, une mutation, une
augmentation, l'amour d'un tel ou d'une telle etc...
Voici un exemple de prière
à Baal.
Que le coeur en fureur de mon
Dieu s'apaise
Que le Dieu, je ne sais lequel, s'apaise
Que la Déesse, je ne sais laquelle, s'apaise
Que le Dieu qui, dans sa colère, s'est détourné
de moi, s'apaise
Que la Déesse qui, dans sa colère, s'est
détournée de moi, s'apaise.
La faute que j'ai dû commettre, je ne la connais pas
J'ai dû enfreindre sans le savoir la volonté de mon
Dieu
J'ai dû toucher sans le savoir ce que réprouve ma
Déesse.
Mon Dieu, mes fautes sont certainement nombreuses, grands sont mes
manquements.
Mon Dieu, mes fautes sont certainement nombreuses, grands mes
manquements.
Dans l'Alliance de Yahvé, par contre,
on sait très bien ce qui excite sa colère et sa
réprobation : il n'y a qu'à lire le
Deutéronome. Ce sont toujours les manquements à
l'amour, au respect du prochain.
.
Parlons de cette
« colère » de Dieu que nous avons déjà
mentionnée.
Je me prosternai devant
l'Éternel, comme auparavant, quarante jours et quarante nuits,
sans manger de pain et sans boire d'eau, à cause de tous les
péchés que vous aviez commis en faisant ce qui est mal
aux yeux de l'Éternel, pour l'irriter.
Car j'étais effrayé à la vue de la colère
et de la fureur dont l'Éternel était animé
contre vous jusqu'à vouloir vous détruire. Mais
l'Éternel m'exauça encore cette fois.
L'Éternel était aussi très irrité contre
Aaron, qu'il voulait faire périr, et pour qui
j'intercédai encore dans ce temps-là.
Je pris le veau que vous aviez fait, ce produit de votre
péché, je le brûlai au feu, je le broyai
jusqu'à ce qu'il fût réduit en poudre, et je
jetai cette poudre dans le torrent qui descend de la montagne.
A Tabeéra, à Massa, et à Kibroth-Hattaava, vous
avez excité la colère de l'Éternel.
Et lorsque l'Éternel vous envoya à
Kadès-Barnéa, en disant : « Montez, et
prenez possession du pays que je vous donne » vous avez
été rebelles à l'ordre de l'Éternel,
votre Dieu, vous n'avez pas eu foi en lui, et vous n'avez pas
obéi à sa voix.
Vous avez été rebelles contre l'Éternel depuis
que je vous connais.
Je me prosternai devant l'Éternel, je me prosternai quarante
jours et quarante nuits, parce que l'Éternel avait dit qu'il
voulait vous détruire.
Je priai l'Éternel, et je dis : « Seigneur
Éternel, ne détruis pas ton peuple, ton
héritage, que tu as racheté dans ta grandeur, que tu as
fait sortir d'Égypte par ta main puissante ».
Dt 9.18-26
Aujourd'hui encore nombreux sont les
fidèles
« deutéronomistes » sans le savoir qui considèrent que lorsqu'on se
détourne de sa Loi, la colère de Dieu s'abat sur vous
pour vous punir ; que Dieu devient dangereux.
Je suis bien d'accord qu'un Dieu qui aime les hommes comme Dieu le
fait, se met en colère lorsqu'il voit que nous leur faisons du
tort, que nous les traitons sans amour, sans joie, sans
fraternité. Je suis néanmoins embarrassé devant
la violence et l'aspect menaçant du Dieu décrit dans le
Deutéronome. Le Dieu qui parle de « détruire » les hommes dans sa colère.
D'autant plus que dans le récit
parallèle du veau d'or dans le livre de
l'Exode qui se laisse en grande
partie inspirer par le deutéronomisme, les choses se terminent
mal :
Ainsi parle l'Éternel, le
Dieu d'Israël : « Que chacun de vous mette son
épée au côté; traversez et parcourez le
camp d'une porte à l'autre, et que chacun tue son
frère, son parent. »
Les enfants de Lévi (les prêtres) firent ce qu'ordonnait
Moïse; et environ trois mille hommes parmi le peuple
périrent en cette journée.
Moïse dit : « Consacrez-vous aujourd'hui à
l'Éternel, même en sacrifiant votre fils et votre
frère, afin qu'il vous accorde aujourd'hui une
bénédiction. Je vais maintenant monter vers
l'Éternel: j'obtiendrai peut-être le pardon de votre
péché. »
Moïse retourna vers l'Éternel et dit : Ah ! ce
peuple a commis un grand péché. Ils se sont fait un
Dieu d'or. Pardonne maintenant leur péché !
L'Éternel dit à Moïse : au jour de ma
vengeance, je les punirai de leur péché.
L'Éternel frappa le peuple, parce qu'il avait fait le veau,
fabriqué par Aaron. Exode 32.27-35.
Bien sûr on peut se demander comment
il pouvait se faire que les esclaves récemment
libérés d'Égypte soient ainsi armés. Mais
ces textes ont été écrits des siècles
après les événements racontés et on peut
bien excuser leurs auteurs d'ignorer la manière dont les
choses s'étaient réellement passées !
Il apparaît aussi contradictoire que Dieu frappe et fasse
mourir tant de gens du peuple juste après avoir dit qu'il
pardonnait :
Et l'Éternel se repentit
du mal qu'il avait déclaré vouloir faire à son
peuple Ex 32.14.
.
L'idée demeure d'une Alliance
d'amour et de fraternité humane qui, lorsqu'elle est transgressée, suscite
à juste titre la colère de Dieu. Dieu se transforme en
Dieu de massacre.
Je comprends que tous les théologiens israélites
n'aient pas été d'accord avec cette conception.
Le livre de Job, par exemple a dû être écrit,
autant qu'on puisse le supposer pendant l'Exil à Babylone et
présente le malheureux Job comme symbolisant le malheureux
peuple israélite déporté par le féroce
Nabuchodonosor : les amis de Job qui viennent le visiter
prennent des positions parfaitement deutéronomistes : ils
s'efforcent de démontrer à Job que ses souffrances ne
peuvent être que des punitions infligées par Dieu en
punition de péchés dont Job devrait se repentir. Mais
Job récuse cette fausse justice rétributive et se
déclare innocent de ce dont on veut l'accuser. A la fin du
livre, c'est bien à Job et non à ses visiteurs
deutéronomistes que Dieu donne raison.
Le livre de
l'Ecclésiaste n'accepte pas
non plus d'entrer dans cette doctrine de la rétribution,
constatant :
Il y a des justes auxquels il
arrive selon l'oeuvre des méchants, et des méchants
auxquels il arrive selon l'oeuvre des justes. Eccl. 8.14
Tout arrive également à
tous ; même sort pour le juste et pour le méchant,
pour celui qui est bon et pur et pour celui qui est impur, pour celui
qui offre des sacrifices et pour celui qui n'en offre pas ; il
en est du bon comme du pécheur, de celui qui blasphème
comme de celui qui s'abstient de blasphémer.
Ceci est un mal parmi tout ce qui se fait sous le soleil, c'est qu'il
y a pour tous un même sort Eccl. 9.2-3.
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