Connaissance de la Bible
Historicité de
la Bible
Israël
Finkelstein
directeur de l'Institut
d'archéologie de l'université de Tel-Aviv.
Coresponsable des fouilles de Megiddo
7 août 2004
La foi et la recherche sont à mes yeux des domaines bien séparés qu'il faut
complètement distinguer. Je ne pense pas que le domaine de la
foi soit ébranlé en aucune façon par les
avancées actuelles de la recherche scientifique.
J'insiste : la richesse du message biblique n'est pas
liée à son exactitude historique mais à son
contenu philosophique et religieux. Le pouvoir de la saga biblique
repose sur le fait qu'elle est l'expression cohérente et
irrésistible de thèmes universels : la
libération d'un peuple, la résistance à
l'oppression, la quête de la justice.
.
La démarche qui consiste à
donner une explication scientifique ou rationnelle aux événements extraordinaires
rapportés par la Bible est, à mon avis, très
datée. Je vois la marque et l'influence du XIXe siècle dans certaines tentatives pour
faire coïncider la Bible avec les phénomènes de la
nature. Et je pense, quant à moi, que ces tentatives, d'une
part ne sont pas nécessaires, et d'autre part qu'elles sont
vouées à l'échec. A quoi bon expliquer la
destruction des murailles de Jéricho par un tremblement de
terre ou tout autre phénomène de cette
nature ?
Selon moi, les événements
extraordinaires rapportés par la Bible peuvent porter la trace ici et là de
fragments de souvenirs, mais totalement transformés,
déformés de générations en
générations et recouverts d'intentions et de
significations diverses dont le but était toujours le
même : témoigner de la toute puissance de
Dieu...
Donc interpréter les
événements décrits par la Bible à la lumière des
phénomènes naturels est un contresens [...]. La
démarche (des scientifiques qui s'efforcent de justifier le
récit biblique) est très ambigüe :
apparemment ils déconstruisent le récit biblique en
recourant à des phénomènes naturels, mais en
fait ils le justifient.
Par certains côtés, c'est une attitude de croyant. Mais
de croyant tenté par le doute, ou même le
blasphème : en toute logique, si vous êtes croyant,
vous ne devez pas avoir besoin de recourir à ce type
d'explication. Pour un vrai croyant, point n'est besoin d'explication
à l'aide de tempêtes, de pluies ou de raz de
marée : Dieu est tout puissant, un point c'est
tout.
Il y a en tout cas dans cette
démarche l'idée naïve d'une toute-puissance de la science... Même en
matière de foi qui est tout à fait paradoxale.
En conclusion, je voudrais dire que ces tentatives d'expliquer la
Bible par la science m'ont toujours plus amusé que
convaincu...
Les Cahiers de Science et
Vie. N° 75.
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