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Gabriel Vahanian


Penseur de l’utopie chrétienne

 




Philippe Aubert



Edition Olivétan
120 pages – 14 €




Recension Gilles Castelnau


30 avril 2016

La pensée de Gabriel Vahanian est très difficile à comprendre. Cela ne décourage pas le pasteur Philippe Aubert qui la juge d’une grande importance pour notre monde moderne et qui propose de nous y introduire. Le lecteur en jugera à partir des extraits de son livre reproduits ci-dessous.
Il est clair, en tous cas, qu’en publiant en 1962 un ouvrage sous le titre de « la Mort de Dieu » Vahanian se situe dans la même ligne résolument « non théiste » d’un John Robinson (« Dieu sans Dieu », 1963), c’est-à-dire dans le refus d’un Dieu tout-puissant, dominateur, extérieur au monde.

Cela ne signifie – loin de là - pas qu’il récuse la foi en Dieu.

Mais il affirme que les Églises ne doivent pas répéter de manière fondamentaliste les métaphores et les images employées par les auteurs bibliques, ni rejeter le Royaume de Dieu dans un au-delà surnaturel.

Il invite aussi à se garder du défaut, fréquent chez le anciens libéraux, de réduire le ministère du Christ à son exigence morale et la réalité de Dieu à une tendresse immobile.

Il veut participer à l’effort humain de construire ici et maintenant un monde meilleur et notamment de développer la technique qui rend la nature plus favorable à l’homme.

Le lecteur pourra être sensible à son langage dont André Dumas disait qu’il était poétique et lyrique et qui exprime une conviction indéracinable d’être à la fois et d’une même mouvement, un croyant lecteur de la Bible et un humain participant pleinement à l’utopie de la vie technique actuelle.

En voici quelques passages

 


.

 


page 20

Une vie au service de la théologie

[...]
La période américaine

[...]
Notre culture n'accepte plus la transcendance, mais l'immanence, même dans ses mutations les plus subtiles, le sacré a laissé la place au profane et la vision mythologique du monde portée par le christianisme est maintenant remplacée par une vision scientifique totale. Pour la théologie, il s'agit plus d'une aubaine que d'un drame, c'est parce qu'il n'est plus nécessaire que Dieu devient de plus en plus inévitable. Toute la difficulté consiste à en parler comme étant tout à la fois entièrement autre et entièrement présent.

 


La mort de Dieu ou le malentendu

[...]
La foi biblique

[...]
Notre culture contemporaine a remplacé la transcendance par un immanentisme absolu et un anthropocentrisme sans partage, c’est cette situation qu'il appelle la mort de Dieu. Il ne s'agit pas d'un phénomène passager ou accessoire. La disparition du Dieu biblique dans la conscience des hommes, est la conséquence de notre vision globale du monde et elle touche les fondements de notre culture. Les théologiens et les responsables religieux se trompent lourdement lorsqu'ils pensent que le déclin de la foi chrétienne pourrait être enrayé par quelques adaptations plus ou moins importantes aux modes du temps. Il ne suffit pas de dépoussiérer la sacristie pour rendre son éclat à l'église. A dire la même chose en français courant plutôt qu'en latin, la messe ne gagne rien, il est même probable qu’elle y perde un peu sa patine. Dans : Wait Without ldols, Vahanian illustre son propos par l'exemple d'un arbre tropical qui serait transplanté au Pôle Nord, il est difficile d'espérer qu'il y croisse.

Le malentendu
[...]
En 2006, dans American Vertigo, Bernard-Henri Lévy fait exactement le même constat que Vahanian en 196l : « Ce qui est (criticable) est la puissance d'une religion (qui enseigne) un Dieu qui se montre tout le temps ; un Dieu qui ne s'arrête jamais de parler ; un Dieu qui est là derrière la porte ou le rideau, et ne demande qu'à se manifester, un Dieu sans mystère; un Dieu good guy (chic type) ; un presque humain, un bon Américain, un qui vous aime un à un, vous entend si vous lui parlez, vous répond si vous le lui demandez. Dieu, l'ami qui vous veut du bien. »

 

 


La théologie a-t-elle un avenir ?

La pauvreté de la théologie
[...]
Pour Vahanian, la théologie doit s'élaborer autour de trois axes qui sont la démythologisation, la désacralisation et la reconstruction.
[...]

La démythologisation met l'accent sur l'incapacité du mythe à rencontrer l'homme moderne dans l'expérience qu'il fait de sa réalité. Il ne s'agit pas d'une réfutation du mythe en tant que tel, mais d'une interprétation qui met en évidence que le sens véhiculé n'est pas lié à la forme et que, par exemple, on peut croire aujourd'hui sans adhérer aux représentations cosmologiques des temps bibliques.
[...]

La désacralisation récuse l'idée selon laquelle toute conception religieuse du monde se fonde sur une séparation et surtout une opposition entre le sacré et le profane. Si tel est le cas, le sacré finit toujours par l’emporter, il assigne Dieu dans les cieux, ou alors, ce qui n'est pas la moindre de ses contradictions, parvient à englober la totalité du monde. Dans un cas comme dans l'autre, Dieu devient inutile, c’est le sacré qui en tient lieu, qui le fait taire comme il fait taire les hommes. Le sacré est au langage ce que la raison est à l'amour, son éteignoir. Mais le pire avec le sacré, c’est sa fixité : incapable d'innover, il fige l’ordre des choses et rend impossible tout nouvel ordre du monde.

[...]

Comment déconstruire l'idolâtrie si ce n'est avec des mots ? Cette déconstruction s’applique tout d'abord à la Bible en évacuant l'idée d'un texte originel afin de la remplacer par celle qui consiste à penser que l'Écriture s'accomplit par de nouvelles écritures. Certes, il existe bien un texte, mais il ne devient une parole vivante que par les perpétuelles interprétations qu'on en donne. Plus le texte s'offre à l'interprétation, plus il s'accomplit. Au risque d'une formule, on peut dire que l'herméneutique fait d'un texte une source d'eau vive, le littéralisme une source asséchée. La déconstruction empêche la religion de se transformer en codification du réel pour laisser place à l'imaginaire et à l'invention.

 

 


L’Église et la technique. L’incompréhension

La critique de la technique
[...]
L’homme a toujours eu tendance à sacraliser son environnement. Lorsqu'il se limitait à la nature, il a sacralisé la nature et maintenant, c’est au tour de la technique. On assiste à un transfert qui vient confirmer le besoin de sacré et surtout sa permanence. La nature a été désacralisée par la technique qui a été elle-même sacralisée.
[...]

page 74
[...]
Le religieux et la technique

Si la technique est aujourd'hui le phénomène majeur de la culture occidentale au sens où elle apporte un changement radical des mentalités et des comportements, mais surtout au sens où c'est elle qui détermine l'avenir bien plus que les gouvernements et même la voix des peuples, elle est alors, du même coup, le problème majeur de l'Église.
[...]

Le salut étant traditionnellement compris comme une réalité future et individuelle, dont l’avènement est lié à la fin de l'histoire, alors que le règne de Dieu consiste à transformer le monde sans que cette transformation soit pour autant subordonnée à la venue d'un monde supra naturel. Cette analyse peut paraître compliquée, pourtant, toutes les personnes fréquentant encore les Églises, prédicateurs comme auditeurs, en font l’expérience plus ou moins sensible. En effet, la prédication du salut est-elle audible, aujourd'hui, en dehors d'implications séculières comme la justice, la liberté des peuples, les questions économiques, ou encore la préservation de la planète ? A quoi correspondrait un salut totalement étranger à ces réalités à la fois individuelles et collectives ?
[...]

La technique est l'expression de la vocation de l'homme telle qu'on la trouve dans la Bible, car dans le récit biblique, ce n’est pas seulement la nature dans sa réalité originelle qui est bonne, mais la nature telle que l'homme la transforme. La culture et l'élevage sont emblématiques de cette transformation nécessaire afin que la nature puisse assurer les besoins alimentaires des populations, c'est vrai aussi, de l’optimisation des produits naturels dans les médicaments grâce aux synthèses chimiques.
[...]

La foi et la technique
[...]
Même si, à tort, l'Eglise pense que la technique n’est pas son problème, tout en passant son temps à prendre position sur les conséquences politiques, économiques ou écologiques d'une société technicienne, elle devrait au moins avoir le courage de revisiter la tradition biblique en dépassant l'idéologie. Il est possible, aussi, que certaines formes de détestation de l'Occident lui jouent un tour dont elle ne se remettra pas. Croire ou faire croire que la technique n'est que la fille monstrueuse du capitalisme, c'est oublier qu'elle est surtout la fille née de la rencontre amoureuse entre la Bible et la philosophie grecque, entre l'abondance de la grâce et le sens de la mesure. Le tiers-mondisme est politiquement plus porteur, pour combien de temps encore ?

 

 


Épilogue

[…]
Les Églises doivent prendre conscience de la vacuité de leur langage, mais il ne s’agit pas simplement de dépoussiérer la sacristie en tombant dans la supercherie qui consiste à vouloir changer les formes, du culte par exemple, mais tout en continuant à tenir le même langage. Ou alors, cerise sur le gâteau, changer le langage, en général en l'appauvrissant, mais en utilisant toujours les mêmes catégories éculées depuis longtemps. En effet, on peut parler avec élégance de la parousie dans son acception classique du retour du Christ, on peut aussi en parler sans prendre ses responsabilités et avec désinvolture. Dans un cas comme dans l'autre, c'est la parousie qui fait problème, même si dans le deuxième cas) on a en plus introduit dans l'Église les mauvaises habitudes du monde.
[...]

 


Confession de foi


Je crois en Dieu,
le Tout Proche, plus que l'homme ne l'est de lui-même et que le ciel ne l'est de la terre.

Je crois en Jésus-Christ,
en qui l'homme est la condition même de Dieu, plus que l'homme ne l'est de lui-même et que l'absolu de l'est du divin.
Arrhes* et vertu de l'Esprit, il est natif de l'humain né de la chair de Marie.
Crucifié et mort sous Ponce Pilate, il accepte la mort mieux que nous n'acceptons la vie et nous fait don de sa vie au lieu d'en mourir.
Et il vit.
Il vit là où, événement de Dieu, l'Autre radical, l'homme est à portée de l'homme.
Face humaine de Dieu, seule espérance des vivants et des morts,
il vient pour libérer l'homme de ses idoles et lui rendre un visage divin.

Je crois en l'Esprit Saint,
Le Vivant, en qui faisant corps avec nous-mêmes nous sommes agrégés au Corps du Christ.

Je crois l'Église,
Prolepse* du Dieu qui vient et renouveau du monde ;
L'homme, prolepse* de l'homme nouveau et avent du Dieu qui règne.

* prolepse ou aussi : « anticipation »

_________

Choix de textes de Gabriel Vahanian sur le site de l’Église réformée de Mulhouse

 



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