Protestants dans la Ville
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A.C.T.U.E.L.
Transcriptions actualisantes
Pasteur Roger Parmentier
8 septembre 2001
Travail
préparatoire
Il s'agit d'abord
de synthétiser les apports
des lectures critiques et de quelques
travaux théologiques contemporains souvent
inaccessibles aux lecteurs non spécialisés.
C'est dire que non seulement la méthode ne
s'oppose pas aux lectures critiques
analytiques (historico-critique,
structurale, matérialiste, psychanalytique,
sociologique) mais qu'elle a l'espoir de
regrouper quelques unes de leurs
observations et conclusions.
On peut donc parler d'une méthode de
synthèse, nécessairement articulée sur les
apports des méthodes d'analyse.
C'est dire aussi
qu'un long travail préparatoire est
indispensable, mais aussi que
la volonté de ce travail préparatoire
aboutisse à une parole et non à un
mutisme ; et plus précisément que le
regard sur le texte ne soit pas celui d'un
entomologiste, mais le regard d'hommes qui
cherchent à comprendre quel combat a été
livré ; d'hommes aussi qui se croient
appelés à poursuivre ce combat.
Hommes
d'aujourd'hui
En second lieu, il
s'agit d'un essai déterminé de
transculturation ou
d'aculturation : tenter d'acclimater
dans l'une ou l'autre des cultures
d'aujourd'hui ce qui a été vécu, pensé,
exprimé dans une culture tout autre (ou dans
plusieurs). Il faudrait pour bien faire être
pleinement homme du passé et pleinement
homme d'aujourd'hui. C'est pourquoi il
semble indispensable que de telles
recherches soient poursuivies dans des
groupes où les compétences et les capacités
de chacun soient complémentaires.
Et puisqu'il faut être hommes d'aujourd'hui,
je crois utile que les théologiens soient
immergés dans le monde du travail, le monde
syndical, le monde scientifique, le monde
politique, les diverses sensibilités et
cultures d'aujourd'hui.
Bien entendu, il faudra qu'autant plus se
défendre contre toute lecture étroitement
partisane ; mais en se souvenant que toute lecture est
partisane, même et surtout celle
qui s'en défend.
Re-création
du texte biblique
Il s'agit en
troisième lieu d'une réécriture du texte
biblique, ce qui est une
démarche insolite. On préfère habituellement
les commentaires en marge, l'interprétation
ou la prédication parfois la paraphrase,
toutes démarches jugées plus respectueuses
du texte biblique.
Ici il est cherché la re-création du texte
(généralement la recréation de tout un livre
de la Bible) ou la création d'un nouveau
texte prenant en compte l'inspiration
originelle (dans la mesure où l'on a pu s'en
approcher).
Le résultat ne sera jamais donné comme « parole
d'Évangile » (ce que font
pourtant bien des prédicateurs)
La transcription est doublement dépendante
du texte originel : d'une part parce
qu'elle vise à le servir (ou celui qu'il l'a
inspiré) et d'autre part, parce qu'elle y
renvoie : il est réjouissant de
constater que le lecteur des transcriptions,
estimé « croyant »
ou
« non-croyant » se
précipite sur le texte originel pour voir
d'où proviennent ces textes fous.
J'ai découvert avec surprise combien la
nécessité de la réécriture rendait proche du
rédacteur initial et permettait sans doute
de mieux le rejoindre dans ses
préoccupations fondamentales que par une
simple lecture.
Analogies
ou correspondances
En quatrième lieu,
il s'agit d'un travail de recherche
d'analogies ou de
correspondances. Il faut trouver d'abord, en
effet, « l'analogie
directrice » d'un livre
biblique, celle à laquelle viendront se
subordonner toutes les autres analogies
particulières. Cette recherche peut durer
des années. Et être un jour donnée comme une
illumination.
Par exemple, pour Jonas, je cherchais depuis
longtemps l'analogie directrice et c'est une
information à la radio qui m'a mis sur la
piste : l'annonce de la découverte dans
les ruines du tremblement de terre de
Bucarest d'un jeune homme encore vivant sept
jours après. J'ai su ce jour-là qu'il
deviendrait Jonas.
Ce n'est pas pourtant par hasard si le
principe de l'analogie joue un si grand rôle
dans ce travail. On se souvient de la place
centrale que lui donnent bien des théologies
depuis des siècles. Ils 'agit certainement
pour l'Évangile d'un mode d'expression
privilégié.
Parole
prophétique
Elle recherche une
parole prophétique pour notre temps,
fondée sur la conviction qu'à cet égard la
parole de Jésus est des prophètes est
indépassable, mais qu'il convient d'en
discerner toutes les virtualités, toutes les
nécessités d'actualisation.
Nous sommes-là devant un paradoxe
évident : personne ne dispose de la
parole prophétique et, en même temps, les
communautés chrétiennes n'ont pas d'autre « cahier des
charges » que la recherche du
discernement et de l'écoute de cette parole
à l'oeuvre, et sa proclamation.
La parole prophétique est d'autant plus
nécessaire aujourd'hui que les Églises
paraissent refuser systématiquement sa
dimension contestataire et sa dimension
utopique.
Évangélisation
et catéchèse
C'est pourquoi les
transcriptions actualisantes sont une
tentative pour prêcher l'Évangile
en dehors des murs des Églises.
D'abord par ce que c'est à cela que
l'Évangile est destiné.
Ensuite parce que dans les Églises on ne
supporterait pas le quart des
interpellations critiques contenues dans les
transcriptions.
Et enfin parce que la recherche d'une parole
vraie d'évangélisation (et pas seulement une
activité d'avant-garde) semble le cadet des
soucis de beaucoup y compris de quelques « préposés à
l'évangélisation ».
Encore trois visées
Un effort de
catéchèse d'adultes : si
complexe que soit l'entreprise (et parfois
hélas, aussi, les textes auxquels ont
aboutit), l'actualisation n'en vise pas moins
à rendre accessible aux contemporains des
textes parfois ardus. En se gardant en même
temps d'imaginer qu'il suffit qu'un texte soit
clair pour être accepté. Il en est parfois
d'autant plus insupportable.
.
La recherche d'un autre
langage de la foi qui
emprunterait beaucoup aux divers langages
d'aujourd'hui.
.
La nécessité de multiplier
les transcriptions
actualisantes d'un même texte.
.
Cette
entreprise rejoint des efforts
tentés en bien des lieux, par
exemple les « Cotton
Patch Version » et
l'actualisation des Petits
prophètes par le mennonite Peter
Edinger ; les Psaumes
de la Savane au Bénin ; les
ouvrages d'Ernesto
Cardenal au Nicaragua ; bien
d'autres aussi en France.
On lira avec intérêt
« l'actualisation
du Nouveau Testament » de
Marcel Dumais, éd. Cerf, 1981.
« Une Bible
agraire pour un monde industriel »
de Rohrbaugh, éd. Cerf, 1981, préface de J-P. Bagot.
.
Textes
« actualisés »
en archive : à
demander à
gilles@castelnau.eu
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