Libres opinions
La prière, la
méditation des enfants de Dieu
savez-vous
prier ?
Gilles
Castelnau
8 novembre 2009
Si quelqu'un est en Christ il est
une nouvelle créature
Les choses anciennes sont passées
voici, toutes choses sont devenues
nouvelles.
2 Corinthiens 5.17
Evidemment, si l'on est un vrai enfant de
Dieu, si l'on sait être « uni au
Christ », si on se sent,
comme dit Paul, « une
nouvelle créature », le problème de la prière doit
être éclairé d'une lumière nouvelle. Nos
méditations doivent être franchement surnaturelles. On
dit même que les vrais mystiques vivaient des miracles
quotidiens : saint François savait parler aux oiseaux et
aux poissons, sainte Thérèse d'Avila lévitait,
paraît-il, jusqu'au plafond de son église !
Et nous en sommes loin. C'est décourageant et même un
peu culpabilisant !
Mais pourtant nous sommes nous aussi
un peu « unis au
Christ ». Nous connaissons
bien le récit delà femme adultère qui n'est pas
lapidée, celui de la multiplication de pains où les
disciples nourrissent, unis à Jésus, la foule des
affamés alors qu'ils pensaient n'avoir rien, le
paralysé à qui Jésus dit « lève-toi et
marche » et qui part tout
heureux dans sa maison, les pèlerins d'Emmaüs qui
reconnaissent la présence de Jésus lors du partage le
pain...
Nous sommes familiers de ces récits
(si vous ne l'êtes pas, lisez-les dans les évangiles,
ils sont saisissants !) nous savons les raconter, ils sont
nôtres, ils nous paraissent vrais et forts. A travers eux nous
sommes vraiment unis au Christ. Ils nous changent les
idées.
Imaginez que, parce que nous sommes
conscients de nos limites, de nos
insuffisances, du mécontentement que nous avons parfois de
nous-mêmes, nous nous laissions aller à
chantonner : « Seigneur aie pitié, Christ aie
pitié, Seigneur aie pitié ». Unis au Christ dans cette atmosphère des
évangile, vous savez bien que Jésus nous
répondrait : « Arrête ! on va maintenant chez Zachée,
le collecteur d'impôts haï de la foule de Jéricho.
Et on va lui dire que le salut est entré dans sa maison car il
est aussi un fils d'Abraham et il n'en est pas conscient. Il nous
recevra certainement avec joie. Et les choses iront mieux pour
lui. »
Imaginez aussi que vous voyez les pauvres
en Israël qui se
désespéraient, sans espoir de sortir de leur
misère et qui attendaient de César, ou du moins du
gouverneur Ponce Pilate qu'il arrête de construire des
théâtres et d'organiser les jeux du cirque pour
s'occuper un peu de leur niveau de vie. Et rappelez-vous, on
entendait Jésus leur dire :
- « heureux vous qui
êtres pauvres, le Royaume de Dieu est à vous, mais
malheur à vous qui êtes riches car vous avez
déjà votre
récompense ».
Et ces paroles, le Souffle qui les animait,
donnait à tous, naturellement, de l'espérance et un
regard plus clair !
Car partout où l'on s'est ouvert
à cet Esprit créateur, chaque fois qu'on s'est
regardé fraternellement les uns les autres, des
espérances sociales, ont surgi, un regard nouveau s'est ouvert
sur le monde.
Finalement, Paul l'avait bien
vu, quand on est uni au Christ, on
acquiert un nouveau regard, les choses deviennent nouvelles, on est
comme une nouvelle créature, Les choses anciennes sont
passées ! Une présence, une force, un Esprit
nouveau surgit.
.
Dans cet Esprit, la prière des
amis de Jésus, ceux qui sont « en
Christ » ne se
réduit pas à des litanies répétitives,
insignifiantes et médiocres du genre
« Seigneur, aie
pitié ! »
« bénis tout le monde »
« protège mes enfants »
Bavardages hasardeux à un Dieu qui,
du haut de son ciel, évite un accident à l'un mais
laisse mourir l'autre, dans des décisions
incompréhensibles et finalement peu sympathiques. Un Dieu de
toutes façons bien différent de ce que Jésus
nous avait fait révélé.
La prière n'est pas forcément
récitation de formules toutes faites auxquelles on essayerait
de donner un sens et dans lesquelles ont s'efforcerait de
s'impliquer. Elle n'est pas une suite de demandes plus ou moins
stéréotypées. Elle n'est en tout cas pas
indication donnée à Dieu de ce qu'il serait bien
inspiré de faire à l'égard d'un pauvre monde
dont il s'occuperait de manière trop distraite, trop peu et de
trop loin.
La prière peut être
l'arrêt tranquille que l'on
fait un moment dans nos activités de la journée,
instant de méditation paisible, de contemplation silencieuse
de la vie du monde, de réflexion sereine sur nous-mêmes
et ce que nous voyons, ce que nous vivons, recueillement confiant
dans la compagnie bienveillante de Jésus-Christ qui nous fait
voir les choses à sa manière et souffle en nos coeurs
le Souffle de Dieu. Moment de calme, de silence, de paix, où
l'on lit la Bible ou un autre livre, où on pense calmement
à soi, à la vie, aux autres, à Dieu...
- Prise de conscience du dynamisme
créateur que la
présence de Dieu fait monter en nous et qui renouvelle en
nous, malgré notre faiblesse et notre découragement, le
courage de continuer à vivre, d'affronter les forces mauvaises
qui nous tirent vers le bas, force qui nous rend un peu semblables
à Jésus-Christ et nous libère de notre
pessimisme et de l'angoisse destructrice.
- Prise de conscience de
l'harmonie, de la paix
intérieure, de la « grâce » bienveillante mobilisatrice en encourageante
- Prise de conscience de la
fraternité universelle qui
nous unit dans le regard paternel de Dieu aux autres hommes, aux
animaux aussi et aux plantes, à la nature, et comme dit le
psaume : « à
tout ce qui respire ».
.
On ne dit pas :
« Sois avec moi, sois avec
les miens » car il l'est,
bien plus encore que nous ne le sommes nous-mêmes.
On ne dit pas : « Vois les
pauvres » alors que c'est
lui qui nous les fait voir. Mais, animé par son Esprit on
dit : « je vois
les pauvres », je connais
le CASP, la Cimade, le Secours catholique, le Secours
Populaire.
On ne dit pas : « Nourris le Tiers-Monde », mais éclairé par son Esprit on
dit : « je vois les
dictateurs et la corruption, les jeux de la Bourse et les subventions
à nos agriculteurs qui ruinent le
Cameroun ».
On est au courant car Dieu est au courant,
on sait voir les choses car Jésus voyait le paralysé et
le démoniaque dans la foule de la synagogue.
.
On ne cherche pas non plus à élever nos âmes jusqu'au monde
céleste de Dieu, à pénétrer dans le monde
du sacré en nous laissant entraîner par les chants
religieux, la fumée de l'encens, la lumière des
cierges, la demi-obscurité des églises, les litanies,
les signes de croix, qui sont des détachements de la vie
réelle, l'idéalisation de la vie monastique, finalement
une dé-incarnation, mouvement contraire à celui de
Jésus qui se voulait homme intégré à la
vie des hommes.
Dieu est en nous, il n'est pas sans nous,
il est plus que nous.
Le théologien Paul Tillich
disait :
« Affronté
au non-sens, à la finitude, à la culpabilité, au
mépris de soi,à la répression morale, le croyant
réagit par l'affirmation de la puissance vivante que nous
renouvelle la Présence spirituelle de Dieu qui nous
permet de surmonter les attaques du
néant. »
.
Ce serait se conduire avec
prétention, ce serait cause
d'épuisement et de dépression que de se croire capable
de renouveler soi-même son élan vital, de retrouver
soi-même sa stabilité.
C'est sans doute de cette absence de
méditation que proviennent chez tant de nos contemporains les
sentiments d'échec, d'impuissance, de frustration,
d'insécurité dont on souffre tant de nos jours. Comment
un homme (qui n'est pas Dieu !) pourrait-il en effet subsister
par ses propres forces ?
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