Protestants dans la Ville

Page d'accueil    Liens    

 

Gilles Castelnau

Images et spiritualité

Libres opinions

Spiritualité

Dialogue interreligieux

Généalogie

 

Claudine Castelnau

Nouvelles

Articles

Émissions de radio

Généalogie

 

Libéralisme théologique

Des pasteurs

Des laïcs

 

Réseau libéral anglophone

Renseignements

John S. Spong

 


gl1785.couv.png

Méditations insolites
sur les Évangiles

Jésus, un chemin d'humanisation
 
   


Bruno Mori

théologien catholique canadien

 

 

Éd Karthala

188 pages - 22 €

 


recension Gilles Castelnau


6 mai 2024

Le Père Bruno Mori (1939-2023) était un prédicateur très écouté dans sa paroisse du Canada. Il présentait toujours l’essentiel du message chrétien de manière à toucher le cœur de ses auditeurs et répondre à leurs préoccupations fondamentales. Connaisseur de la lecture historico-critique de la Bible, il savait expliquer comment les textes anciens sont tissés d’éléments surnaturels aujourd’hui incrédibles et sources de rejet pour en retrouver le sens profond créateur de vie spirituelle.

Cet ouvrage nous offre 32 de ces homélies, dont deux ci-dessous.

 

Voici, de plus, comment sa paroissienne et étroite collaboratrice Suzanne Emery les présente elle-même dans un remarquable avant-propos :

 


Avant-propos

Suzanne Emery

 

[…]

Il rêvait d'eucharisties qui seraient de véritables communions fraternelles voire cosmiques : « Je pense que nos "eucharisties" chrétiennes devraient devenir des célébrations "cosmiques" de communion profonde avec l'ensemble de la création » (Pour un christianisme sans religion - http://protestantsdanslaville.org/gilles-castelnau-libres-opinions/gl1563.htm)

[…]

Alors, « dans ces nouvelles liturgies célébrées en solitaire ou en petits groupes, dans la nature, dans les champs, les pars, les bois, aux bords d’une rivière, sur une plage, face à l'immensité de l'océan, au cours d'une randonnée en haute montagne, devant un lever ou un coucher de soleil, dans le silence d'une nuit étoilée, dans un laboratoire de recherche, dans une clinique de maternité..., dans ces liturgies naturelles donc (mais, oh, combien sublimes et "sacrées" !), il est possible que chacun de nous puisse entendre, avec une intensité particulière, la voix de Dieu qui parle à notre esprit et à notre cœur à travers l'émerveillement, la fascination et l'adoration que suscite en nous la perception de tant de merveilles et de "divines" beautés » (p. 249). C'est dans cet esprit que les commentaires d'évangiles (homélies) que vous allez lire ont été pensés et élaborés.

 

[…]

 

Lui-même un peu contestataire (souvent il omettait le Credo durant la messe), il aimait souligner le côté révolutionnaire et rebelle de Jésus, surtout son amour des femmes, un brin subversif pour l'époque. Bruno tenait aussi à nous sensibiliser à l'importance du soin à apporter à notre maison commune, la planète Terre, l'enjeu étant urgent et crucial. De manière plus générale, il avait à cœur de montrer la véritable portée et la profondeur des évangiles au-delà d'une interprétation littérale et il ne se gênait pas pour critiquer toute forme de pouvoir ou d'asservissement (fût-il celui de l'Église), ainsi que le capitalisme sauvage et l'accumulation excessive de richesses au détriment des plus pauvres.

Ayant beaucoup souffert de I 'éducation religieuse stricte et rigide de l’époque de son enfance, qui lui avait inculqué l'image d'un Dieu courroucé par le moindre écart de conduite. qui voit le « péché » partout, Bruno n'a eu de cesse de prêcher un Dieu d'Amour ct de miséricorde. qu'il appelait Père, Mère, Source de l'Amour, Mystère Originel ou Réalité Ultime. Influencé par le courant post-théiste issu entre autres de lu théologie de la libération, Dieu pour Bruno n'est pas à considérer en tant que « Theos » qui siège et règne là-haut dans le ciel, c'est-à-dire en dehors de la réalité. L'Amour Originel est plutôt à chercher dans les profondeurs du cœur humain et dans la réalité qui nous entoure. Dieu est un Dieu profane qui se révèle dans le quotidien et dans le naturel, plutôt que dans les églises el le surnaturel, dans la fragilité et l'indigence plutôt que dans le pouvoir et la puissance.

 

[…]

A mesure que la vie reprend, il y fait de plus en plus sombre. Je me réjouis néanmoins que ce livre posthume de Bruno sorte au printemps. Comme le printemps, il est annonciateur de renouveau. Il est le testament spirituel que Bruno nous offre et qu'il laisse au monde. Il contient toute la profondeur de sa pensée et la sensibilité de son esprit qui continueront à germer, en trouvant leur chemin vers nos cœurs. Je vis dans la gratitude de ce cadeau et dans l'espérance que, assis à la droite de son Jésus de Nazareth, au creux de la Tendresse infinie de son Dieu tout-Amour, Bruno puisse s'en réjouir avec nous.

 


Note pour le lecteur

Bruno Mori

 

À l'école de Jésus de Nazareth, instruits, éclairés et sensibilisés par son enseignement et soutenus par son esprit, nous croyons que nous sommes sur cette Terre non pas pour détruire mais construire ; non pas pour saccager mais pour soigner ; non pas pour causer de la souffrance mais pour apporter du bonheur ; non pas pour nous entretuer mais pour nous entraider ; non pas pour nous haïr mais pour nous aimer ; non pas pour nous avilir dans la violence comme des brutes sans cœur et sans cerveau, mais pour nous épanouir dans la fraternité de l'amour, comme de véritables êtres humains porteurs d'un souffle intérieur divin.

 



Manger la chair, boire le sang... ?!?

Qu'est-ce que cela peut bien vouloir dire ?

Jean 6, 51-58

[…]

C'est ce que l'évangéliste Jean veut enseigner lorsqu'il dit de Jésus que nous devons manger sa « chair » et boire son « sang ». Le mot « chair », que Jean utilise et qu'il met dans la bouche de Jésus, a perdu pour nous aujourd'hui la résonance qu'il avait pour les Juifs de son temps, habitués au langage et à la symbolique de la bible hébraïque. Une certaine théologie chrétienne a compris et interprété ce mot d'une façon littérale, matérialiste et donc absurde, comme si nous devions manger, en cannibales, la chair « organique biologique » de Jésus !

[…]

Lorsqu'on est épuisé et assoiffé et que l'on est proche d'une source, on ne peut que boire ; lorsque l'on a froid et que l'on est proche du feu, on ne peut que se réchauffer ; lorsque l'on est égaré et perdu dans l'obscurité et que l'on perçoit un chemin, une trace, une lumière, on ne peut que les suivre ; lorsque l'on rencontre un être humain de la trempe de Jésus, rempli de Dieu et modelé par son Esprit, on ne peut que s'attacher à lui, s'asseoir à sa table et manger et boire de l'abondance de ses richesses…

C'est cela que l'évangéliste Jean veut nous faire comprendre, à travers ces vieilles expressions et cette étrange - et pour nous aujourd'hui, surprenante et incompréhensible - terminologie qu'il met sur les lèvres de Jésus : « Ma chair est vraie nourriture et mon sang est la vraie boisson... Celui qui me mangera vivra par moi... Le pain que je donnerai, c 'est ma chair, donnée pour que le monde ait la vie... Celui qui mange de ce pain vivra éternellement ».

 

Voulez-vous avoir une forme de vie valable, significative, solide et durable ? Voulez-vous vous mettre en contact avec quelqu'un qui est l'un des exemplaires le plus perfectionné des êtres que l'évolution cosmique a produits ? Désirez-vous avoir une qualité de vie humaine qui ressemble à la qualité de vie que Jésus a incarnée au cours de son existence ? Eh bien, calquez votre humanité de chair, sur l'humanité de chair de cet homme ! Vous devez boire de lui, de son sang, c'est-à-dire de ses valeurs intérieures, de son esprit, qui lui ont permis de réaliser la qualité de vie qu'il a eue.

 

Si vous suivez Jésus, si vous mangez et buvez de lui, vous lui ressemblerez, vous deviendrez comme lui : des humains accomplis, lumineux, transparents, purifiés et polis par les feux de l’amour que son Esprit aura allumés en vous. Vous deviendrez, comme lui, de véritables enfants de Dieu… et votre vie sera belle, sera pleine, sera bien fondée, sera réussie aux yeux des hommes et aux yeux de Dieu.

 

 


Faisons l'amour et jamais la guerre... !

1 Jean 4, 7-10

 

L'évangéliste Jean dans une de ses lettres nous fait une déclaration extraordinaire. Il nous donne la définition de Dieu. Il nous dit qui est Dieu. Certes, il aurait pu nous dire que Dieu est le Créateur, le Tout-puissant, l'Éternel, l'Être et la Raison Suprême, celui qui connaît tout, le principe et la fin de toutes choses, le juge, le justicier, etc. Au lieu de cela, il nous dit, tout simplement, que Dieu est Amour.

Cela signifie que là où il y a de l'amour, il y a Dieu. Cela signifie que chaque fois que les hommes posent des actes ou des gestes d'amour, ils rendent Dieu présent sur terre. Cela signifie que c'est surtout dans les gestes d'amour que Dieu se révèle et se manifeste. Cela signifie que, chaque fois que nous aimons, c'est Dieu qui aime en nous et à travers nous. Cela signifie que si nous, les humains, nous découvrons en nous la capacité d'aimer, cela est dû au fait que nous sommes faits de la substance de Dieu et que Dieu subsiste en nous comme le fondement le plus profond de notre être.

 

[…]

Si dans votre vie vous avez aimé, vous avez été divins. Vous avez agi comme Dieu. Vous avez permis à Dieu de se répandre, d'agir, de créer du nouveau, de se manifester, de transformer le monde et le cœur des personnes. II faut surtout ne jamais regretter d'avoir aimé, ni d'avoir trop aimé, ni d'avoir mal aimé. On n'aime jamais trop, on n'aime jamais mal. Parfois, il nous arrive d'aimer d'une façon trop humaine. Et la façon humaine n'a pas, hélas, la perfection de la façon divine d'aimer. Mais il vaut mieux aimer maladroitement, que de ne pas aimer du tout. Dans le langage populaire, on dit qu'il vaut mieux faire l'amour que de faire la guerre. On fait toujours moins de dégâts, on cause moins de souffrances lorsqu'on aime, même si l'on aime d'une manière égoïste et imparfaite, que quand on se laisse emporter par la haine, la rancune et la violence.



Retour vers Bruno Mori
Retour vers libres opinions
Vos commentaires et réactions

 

 

haut de la page

 


 
 

Les internautes qui souhaitent être directement informés des nouveautés publiées sur ce site
peuvent envoyer un e-mail à l'adresse que voici : Gilles Castelnau
Ils recevront alors, deux fois par mois, le lien « nouveautés »
Ce service est gratuit. Les adresses e-mail ne seront jamais communiquées à quiconque.